L’armoire, porteuse d’histoires (RC)
La vieille armoire, celle qui prend feu
A abrité longtemps des piles de draps
Des trousseaux inutilisés, mangés par les rats
Autres générations , autres enjeux
Tante Ernestine est morte
Un jour d’hiver fardé
Auprès de son feu, attardée
Un jour , a cédé sa porte
Et les piles des habits d’antan
Les parures et les dentelles
Napperons de belle vaisselle
N’ont pas attendu les petits enfants
Partis ailleurs émigrer
Se chercher, loin du bercail
Une raison de vivre, un travail,
Evidemment de leur plein gré
La maison d’Ernestine est vide
Personne n’est revenu au village
Lui rendre un dernier hommage
Aux maisons barricadées, arides
Il a fallu extraire les meubles pesants
Du pays de la famine
Rongés par la vermine
La vie d’antan, du modèle paysan
Le feu qui maintenant
Dévore le bois craquant du sapin
Se nourrit des volutes du destin
De l’exil, des déserrements
Alors que, patient témoin gris
L’olivier au feuillage argenté
Décrit le temps des ancêtres arrêté
Sans s’en montrer davantage aigri.
RC
–
Tante Ernestine
Tous ces maux sont si fous, j’en suis dératée
Brûlée jusqu’aux coudes, l’armoire déjantée
Ressort les draps usés, les vieux paniers
Répare l’ouvrage des temps, des étangs, des haies
Qui haïssent prudemment ceux là, ceux qui vivent
Car après le beau temps, ci-gît la bise
La belle bise dorée aux gachis parmentiers
Partie faire la belle aux déclins des étoles
Des étoffes usées jusqu’à ce que décolle
Enfin l’usage du bon sens qui consiste sans outrance
A faire la nique à par ici, à faire la bique à la souffrance
Celle qui prend la tripe des boyaux, des nœuds coulants et des tyrans
La trique et les feux du semblant
Les vers brisés, les ouragans
Les flèches des carquois apeurés
Qui voudraient bien se rassurer
D’être immortels et puis aussi
De mettre en prison les amis
Les amants les beaux feux flamboyants
Les petits enfants et les grands
Les maudits motus et mouche cousues
Dans la dentelle de tante Adèle
Dans les contines de l’Ernestine
Pour faire des grands un peu bizarres
Qui auraient des déformofêtards
Fomolisés les joies et l’art
Débriqués les barreaux des chaises
Des fadaises et des parenthèses
Voici nouvelle génération
Voici la fin de ces vrais cons
Pas battants pour un sou vaillant
Pas courageux, dents en dedans,
Dents épointées comme de l’acier
Coupantes et laides, déformées
Un coup de chirurgie dentaire
Et voici temps sans Lucifer
Bienvenue dans mes paradis
Et bien venues les joies de vie.
http://jobougon.wordpress.com/2011/10/28/les-defunts/
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10/28/2011 à 19 h 45 min