Eugène Durif – D’ÉLÉGIES ABANDONNÉES
OU parfois je t oublie, mais qu’ importe! tu donnes le désir de tes gestes, tu viens secrètement dans la vitesse incomprise du temps, la lumière repoussée, ce vieil embrasement d été violent, de ciel. (ROGER DEXTRE,
.La terre n’ est à personne) visage advient la nuit, l’enfance a l’orée d’ un buisson de paroles où tremblaient rouges des fleurs jamais cueillies, des bouquets, grandes brassées de roses qu’il serrait dans ses bras. Et les étoiles qu’il regarde interminablement, le vieux lui a dit que nous étions faits de la même matière. Elle parle dans le noir, comme les bêtes sont chaudes quand il vient se blottir contre elles, l’odeur de la paille pourrie, le blé ou l’on joue a mourir, le visage qui étoulle au dedans.
Elle épelle les lettres et des mots appris au jour le jour, des traits tracés sur les cahiers blancs, les lignes, les cahiers lacérés, il faudrait plutôt dessiner les objets, et les contours. Elle parle dans le sombre, elle laisse s écouler les silences légers et longs des rêves dont on connaîtrait la fin au moment voulu. Elle n’est plus qu’un sourire dans l’angle mort de la fenêtre. Sous la pluie – il pleut dehors – l’appelle une voix. Elle l’appelle du dehors, et sous la pluie tout se détache. Ce qu’elle ne voulait pas voir, présent tout à coup. Viendra la nuit noire, elle l’étouffera contre elle, les ombres dissipées avec ce rideau qu’elle a tiré sur la fenêtre, le ciel … … Ce n’ est déjà plus la ville, ces aéroports où claquent des oriflammes passées. Carcasses de voitures rouillées, l’herbe envahit les caravanes Lien alignées. Nous avions oublié la lumière basse des après-midi de novembre, les feuilles rousses collées au sol, écrasées un peu plus du pied. La nuit tombe tôt en cette saison, si pauvres sont nos souvenirs, chansonnettes de lauriers coupés, le sureau et les soleils minuscules, le goût du sang du cuivre sur les lèvres. Dans l’ album d images, l’ enclos des artifices, on dirait d un jardin abandonné, Le Théâtre du Monde, une bougie et l’ orange qui tournait tout autour … …
Pas de limites, chant sourd je te serre comme à vide, ce corps là n’est pas le tien et ces mains Qui te serrent et t’étouffent d absence. Je te serre .à vide et c’est tel parfum précis à nommer, oublié, noyé sous le chant. Elle disait, étouffé dans la voix, sous le chant désarticulé. Il ne s’agit rien d’autre que chaque matin se lever, aller buter contre ce mur, rien d autre que se lever et se refaire minutieusement, en très peu de temps, un corps, marcher dans la rue, la neige est grise, pas de celle qui efface tout et le fleuve charrie des blocs de glace, grand bruit, j entends ces mots grand bruit sous la passerelle de fer interdite car danger, le regard a écorché les surfaces et l’ innocence à retrouver nous n y croyons plus, seulement la pesanteur des gestes, et reprendre chaque geste cela s appelle un chemin ce que l’on suit en marchant, teignant de suivre suivre un chemin, jamais deux fois le même, disait, je crois c était une chanson, mains serrées l’une a l’autre, amants accoles presque enfants sous une porte cochère, ces baisers sans fin, non, sans fin, et c était une première lois, m’écorcher à ses lèvres, nous ne pouvons retrouver ce qui s est perdu dans le geste tremblant, toucher son visage avec la main et ne pouvoir respirer savoir ce que signifie tout à coup ne plus pouvoir respirer et rêvant l’amour infini, éternel, là où il n aurait fallu saisir que le temps. Les eaux s écoulent, sursaut dans la nuit, les peurs oubliées, le corps auquel on s accroche affolé, les mots qui viennent sans raison, sursauts acharnes dans l’ énigme. iS’il se pouvait, les yeux posés sur 1 image et qu elle lui défile et l’ emporte avec elle … … J’ai pensé à toi, aussitôt je t ai vue, près d arbres blancs que tu caressais de tes mains, à la lisière de cette forêt, tu appelais, des gestes que tu faisais de loin pour personne, et je croyais l’entendre le cri muet dans ta bouche. J’aurais voulu m’éveiller sans te perdre et garder les yeux ouverts au sortir du rêve …
je m'exprime:haut et foooort