Augusto Lunel – Chant IV
Augusto Lunel est un poète « rare »… dont j’ai eu beaucoup de mal à me procurer des écrits sur le net…
mais heureusement j’avais des archives « extra net », dont sont extraits ces « chants »…
en mars 2012, c’est le chant 3
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vitrail: Georges Braque: oiseau violet - fondation Maeght ( 06)
CHANT IV
Rivière en moi,
oiseau qui vole dans mes veines,
la voix qui ne sortait pas
restait suspendue
dans le précipice de la gorge
ou descendait tailler à couteaux le coeur.
La voix enfermée,
la voix dans la chair,
déchaînait la mer avec une larme.
Mais aujourd’hui est sortie la voix
qui coulait dans les veines,
la voix qui brûlait dans les ténèbres.
Une épée coupa le silence
et des nuages de corbeaux volèrent dans le vide.
La rauque obscurité roula par terre
et la panthère noire
qui se débattait dans mes poumons.
Foudre lente et obstinée,
soleil dans la gorge,
la voix de rocher brisé par la voix
a rompu la bête sans bouche.
Les vagues chargées de couteaux
déversent dans l’air
des paniers de poissons.
La voix,
ce moment où le sang est transparent,
cataracte vers le haut,
fleuve qui saute le précipice,
est sortie m’emportant.
La voix poussée par des corbeaux,
poussée par des éléphants sous terre
poussée par des baleines,entre en toi jusqu’aux arbres
ou sans sortir de moi
t’entoure.
L’écho a fait crouler les murs,
le silence a brûlé dans le clocher.
Notre coeur sera bientôt notre bouche,
la voix sera vue, touchée et respirée ;
la pluie, uniquement ce que tu chantes.
Vers ta voix émigreront les hirondelles,
vers ta voix se tourneront les héliotropes.
Clair de ta voix sera l’espace,
profond de ta voix l’abîme.
Aujourd’hui c’est la vendange de l’air.
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en cliquant sur le mot clef Augusto Lunel, – ( lien en bleu sous l’article ) -vous trouverez d’autres parutions liées à cet auteur péruvien, dont les chants précédents,par exemple le 7
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