Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal


Cahier d’un retour au pays natal,

 

 

photo perso - marchands de légumes au Burkina Faso

 

 

(texte:  Éd. Présence Africaine)

 
Trésor, comptons :
la folie qui se souvient
la folie qui hurle
la folie qui voit
la folie qui se déchaîne
Et vous savez le reste
Que 2 et 2 font 5
que la forêt miaule
que l’arbre tire les marrons du feu
que le ciel se lisse la barbe
et caetera et caetera…
Qui et quels nous sommes ? Admirable question !
À force de regarder les arbres je suis devenu arbre et mes longs pieds d’arbre
ont creusé dans le sol de larges sacs à venin de hautes villes d’ossements
à force de penser au Congo
je suis devenu un Congo bruissant de forêts et de fleuves
où le fouet claque comme un grand étendard
l’étendard du prophète
où l’eau fait
likouala-likouala
où l’éclair de la colère lance sa hache verdâtre et force les sangliers de la
putréfaction dans la belle orée violente des narines.
Au bout du petit matin le soleil qui toussote et crache ses poumons

 

Aimé Césaire,

4 réflexions sur “Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal

  1. Un poème qui claque et qui déchaîne dans des éclairs de colère…..et l’eau qui fait ikuala ikuala ikuala, ikuala.
    Merci pour ce beau poème de l’homme aux longs pieds d’arbre. On a envie de le dire fort.

    J’aime

je m'exprime:haut et foooort