Jean Daive – ce que voient les yeux tout autour de l’ampoule

photo: portrait de Francis Bacon
L’ampoule
………..au-dessous du plafond
si je suis l’enfant qui la regarde
plutôt qu’au-dessus de la table
comment
………….ne pas obliger la mémoire
à la remplacer par un horizon
plus inaugural ?
.
L’ampoule allumée
éclaire aussi faiblement qu’un pain
posé dans la pièce.
Le réel des yeux est là
dans une pénombre qui se dissout
pleine de gaz et pleine de perles
éblouies d’éclats très chauds.
les choses apparaissent
négligemment
comme de la respiration assistée.
Une chaise près de la table, une femme
avec un homme
et un homme très seul, une enfant
dans le lit
.
Parce que les lèvres bleuies, glacées sont une contagion
ce que voient les yeux
tout autour de l’ampoule
presque
contre le ciel éclairé
l’air inégalement occupe des volumes de peur
entre les meubles
les ombres et les étoiles
comment soudain
la même ampoule les remplit-elle de camphre
remplit-elle
………….une seringue
de son horizon
plus inaugural ?
.
Une survie est comptée
pulse
le dernier monde terrestre
dans les veines
jusqu’au cœur
.
Jean Daive, « Les Pavés inégaux », Onde Générale, Flammarion, 2011
je m'exprime:haut et foooort