Serge Mathurin Thebault – Toussaint

Choix de Chrysanthèmes…(aussi le symbole de l’Empereur du Japon.)
La mort des hommes me concerne
Depuis quelques temps
Je lis la page nécrologie
Pour prendre connaissance
Si un quidam de mon entourage
N’a pas pris la poudre d’escampette
Sans avoir eu la politesse de m’avertir
C’est une habitude qui va avec l’âge
Plus on vieillit plus jalonne la route
La disparition d’êtres humains
Qui à défaut d’avoir partagé le pain
Avons en toute insouciance
Becqueter l’oxygène
L’élément indispensable
De la respiration
Ce n’est pas que mourir
M’angoisse particulièrement
Le joueur d’échec sait toujours
Qu’il y a fin de partie
Soit dit quand même
Je ressens injustice
De voir homme ou femme
De ma génération
Et parfois plus jeunes
Fauchés blés
Au beau milieu
De leur déjeuner
Avec l’existence
La mort de l’autre
C’est toujours un peu la sienne
Quand je m’échinais dramaturge d’état
Dans le thème obsédant du mal être
Chaque suicidé était un peu de ma peau
Qui pourrissait sans avoir eu
Son comptant d’enchantements
La lumière cisèle un rai
Au milieu de mes rideaux
Cela éclaire mon carnet
De quelques visages radieux
Que ma mémoire soupçonneuse
Croyait avoir oublié
C’est sentiment prenant
Frisson dans la couenne du dos
Larmes que j’aurai mal à retenir
Si je savais pleurer
Mais voilà le sensible
Ne connaît pas les pleurs
C’est façon à survivre
Pour pépier en toute liberté
Les détails et les grandeurs
De cette pérégrination ordinaire
Qui ma foi
Pour n’être pas de première main
Autorise de griffonner ces mots
Qui font du bien à ceux
Qui les écrivent
Et j’espère aussi à ceux
Qui les lisent
Soleil de Toussaint
Sur le coin de la table
Pourtant quelque part dodeline
Dans la couette mélancolique
Des nuages
Un cerceau de lune
Où s’attarder entier
Dans la soie de l’enfance.
Voilà ce qui me fallait écrire
Aujourd’hui sur la mort des autres
Qui est toujours mienne.
je m'exprime:haut et foooort