Une force brute, contre l’esprit – (RC )

Livres détruits par l’armée russe: université de Grozny, Tchétchénie
C’est un endroit immense
Il s’offre à un ballet ,
Où de nombreux camions déversent leur contenu .
Ils forment des tas indistincts,
Et sont relayés par des pelles mécaniques,
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Des espèces de chasse neige,
Ne chassant aucune neige ….
( On remarque pourtant, une dominante claire )
Répartissant les amas
Dans des tranchées, des couloirs
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Où des tapis roulants
S’activent en ronronnant,
Emportant leur butin, au sein d’un tunnel,
Où des coups sourds résonnent,
Et comme des bruits de cisailles,
Démultipliés.
–
On n’y voit personne.
( en tout cas, pas d’humain).
Tout semble dirigé par une organisation anonyme ,
Chargée d’éliminer ce qui encombre ,
Ce qui dérange,
Le moyen par lequel les hommes s’expriment.
…. ( S’exprimaient ).
–
C’est une mémoire que l’on pilonne.
Des bibliothèques entières,
Des ouvrages même pas ouverts,
Que l’on pousse lentement,
Vers la machine à déchiqueter.
–
S’activant sans état d’âme
Des rouages, des courroies,
Une armée de couperets …
Comment pourraient-elles
Ne serait-ce que sentir, regarder ?
–
Les machines n’ont pas appris à lire .
Elles obéissent à des signaux,
Mais n’accèdent pas à la signification.
Etant elles-même, matière,
Elles broient de la matière.
–
C’est une force brute, contre l’esprit .
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RC – septembre 2014
je m'exprime:haut et foooort