
monument aux morts de Bergues (59)
C’est un mas solitaire au fond d’un val oublié
Sur un chemin de pierre qui court au long des pans de rochers
On dit que des rivières essaient encore de chanter
Dessous les tapis de lierre. On dit : « Le temps a dû s’arrêter
Un jour de misère
Que tonnaient, tonnaient, tonnaient les canons de guerre »
On dit
Qu’à l’ombre un peu légère que fait encore un laurier
Au creux d’un lit de bruyère, une fille alla s’allonger
On dit que vint l’hiver sans qu’elle ait pu détourner
Les yeux du chemin de pierre que de la neige allait effacer
On dit d’elle encore
Qu’aux nuits de pleine lune elle s’en revient des morts
Saluez les ailes élimées du vent qui se mêle à nos champs
Sally est revenue chez les vivants souffler la chandelle aux amants
Saluez les ailes élimées du vent mais fermez l’oreille à son chant
Sally est revenue, Sally est le vent qui tourne et tourne et tourne et…
On dit qu’un célibataire natif du bourg d’à côté
S’en vient les nuits de lumière dans le bel habit d’un officier
Le nez levé en l’air, la main posée sur l’épée
Qu’avait dû porter son père, ou bien le père de son père, qui sait ?
Au temps de misère
Où tonnaient, tonnaient, tonnaient les canons de guerre
On dit
Qu’à l’ombre un peu légère que fait encore le laurier
On en vit deux cents naguère… Mais l’amour n’est plus ce qu’il était
Moi qui n’ai, pauvre erre, pas plus d’épi que d’épée
Je vais au mas des mystères dès que mon cœur est triste à pleurer
Et je sais alors
Qu’aux nuits de pleine lune elle s’en revient des morts
Saluez les ailes élimées du vent qui se mêle à nos champs
Sally est revenue chez les vivants souffler la chandelle aux amants
Saluez les ailes élimées du vent mais fermez l’oreille à son chant
Sally est revenue, Sally est le vent qui tourne et tourne et tourne et…