Et si le vent ne contenait aucune promesse (Susanne Derève)
Granville Redmond Morning on the Pacific
Et si le vent ne contenait aucune promesse
S’il fallait rejoindre la mer
– les rivières ne recèlent qu’un reflet trop pâle
éphémère du temps,
de ce va et vient sur l’estran –
S’il fallait la rejoindre au-delà des estuaires
quand elle se déleste aux confins du rivage
de son trop-plein d’algues et de pierres
de bois flottés de coquillages
Lorsqu’on atteint le large, là est le vent
et sous le vent on largue à la mer
les derniers repères il n’y a plus trace
de ce que l’esprit formait de rêves et
de chimères
Ou plutôt le rêve est là, il vit, il nous précède
Il bondit plus bleu que le bleu des
pigments d’outre-mer
Et si le ciel blanchit c’est simplement
que la lumière l’inonde
et c’est là que s’abrase la plus petite parcelle
de l’esprit rétif, comme à coup de canifs,
à petits coups de langue, un halètement
plaintif
Là, la fête commence, les grandes épousailles
de la mer et du vent, on ne sait plus le dire,
ou peut-être les noces de l’espace et du temps
pour embrasser le vide
et d’y plonger on en est plus avide
d’immensité alors on sait ce n’est pas un vain mot
que la promesse est là de se couler dans le plus petit
interstice entre deux gouttes d’eau, deux esquilles
de vent sous la peau
comme la vague toujours plus haut
Paul Edouard ROSSET-GRANGER « Une vague, étude »
♥♥
J'aimeJ'aime
08/28/2018 à 21 h 56 min