Bassam Hajjar – Après elle, il n’y avait que la mer
peinture: Josef Sima
Elle se tenait, distraite,
sur le bord du haut belvédère,
et après elle,
il n’y avait que la mer.
Un corps chétif, qu’elle tenait dans ses bras,
et après elle, il n’y avait que la mer,
et des passants qui continuaient des promenades solitaires
comme doivent l’être les promenades
avant le couchant
quand la mer est dans toutes les directions.
Elle se tenait, distraite,
et les mouettes répétaient leur vol
parmi les barques rouillées.
Sur le vieux port,
des vendeurs de poisson
des bateaux de pêche, des marins
buvant de l’ouzo glacé.
Vin rouge de Chypre.
Deux vieillards bavardaient en anglais
et prenaient avec joie
des photos de la mer
des rochers du rivage
et de l’air.
Elle se tenait, distraite,
et ne savait pas si elle était triste seulement
parce que la mer était là-bas
dans toutes les directions.
Tu penses, quand succède à ton sommeil
un matin lumineux,
que faire, seul, de ces matins lumineux ?
Heureux et chanceux
dorment afin de reprendre les journées ensoleillées
et leur sommeil se remplit de sable,
de vagues et de sel.
Tu penses, quand succède à ta journée
une lourde nuit,
que faire, seul, de cette quiétude
que vous vous partagez, toi,
la table et les murs ?
Ils sont heureux et chanceux
lorsqu’ils découvrent avec tranquillité
que le temps est emporté par le jardin
et le soleil
et les vendeurs de pistaches
dans les kiosques.
Tu penses, lorsque succède aux pensées
une tristesse légère
que faire, seul, d’un tel bonheur ?
(Limassol, 25 avril 1988) – extrait de « Tu me survivras »
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Cette entrée a été publiée le 10/20/2019 par rechab. Classé dans Art, auteurs à découvrir, auteurs étrangers, peinture et a été tagué barques, Bassam Hajjar, bonheur, discrète, jardin, kiosques, mouettes, pistaches, poissons, sable, sel.
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