Pierre Albert-Birot – La pendule

Marc Chagall – le matin du monde
Au plus bas de l’hiver dans le creux de la nuit
Las d’avoir l’œil ouvert tu peux quitter l’été du lit
Et venir te pencher sur le Temps
Cherchant à la myope au bord du cadran blanc
Les aiguilles et les lettres aux petits éclats d’or
Elles vont te dire avecque la divine indifférence
Qu’il est trois heures du matin
Et te voici tout ému qu’elle ne soit pas arrêtée
Tellement tu la vois moulée dans de la solitude
Comment son cœur a-t-il la place de faire un’deux
Une pendule est sans doute pendule
Jusqu’à la pointe du balancier
Pendule qui tient à son honneur est toute entière
Au souci de compter
Beau chanteur
Quand il arrive le jour voudrait la séduire
Pour la distraire et la voir enfin se tromper
Mais pendule est vertu même
Et la belle a juré fidélité au Temps
Rude amant
Qui saura jamais pourquoi elle reste ainsi
Collée au vieux
Par amour
Ou pour le rendre ridicule
Ou pour ne pas être seule au monde
Poésie 1938-1939
LA PANTHERE NOIRE
Rougerie
je m'exprime:haut et foooort