Ne compte pas ce qu’il reste d’étés (Susanne Derève)

Ne compte pas ce qu’il reste d’étés
N’en resterait qu’un seul, nous saurions l’épuiser
comme le condamné convoite l’aube recluse,
l’égaré la première étoile
N’en reste qu’une trace furtive au creux des blés
un pépiement d’oiseau
la lueur du couchant sur les pierres
un ricochet sur l’eau
et pour peu que le vent le ramène au rivage
le sillage blanc d’un bateau
regagnant lentement le port ,
blanc et sonore du vol agglutiné des mouettes
Le croirait-il, celui qui tient la barre,
qu’il croise pour la dernière fois le phare
et la bouée du dernier corps-mort
Il pense juste à demain
et demain est plein de l’ombre du vent
sur la mer
et de la fraicheur des risées
du parfum d’iode
et des soubresauts de la pêche
brillante en ses filets
Demain est dans ses rets ,
et dans nos mains peut-être le dernier été
je m'exprime:haut et foooort