Georges Castera – Extraits –

( L‘encre est ma demeure – Acte Sud )
Certitude
Ce n’est pas avec de l’encre
que je t’écris
c’est avec ma voix de tambour
assiégé par des chutes de pierres
Je n’appartiens pas au temps des grammairiens
mais à celui de l’éloquence
étouffée
Aime-moi comme une maison qui brûle
Dédicace de la page du milieu
femme démesurément femme
dans la cassure du présent
les jours de solitude inhabitable
s’il t’arrive de t’interroger
sur les choses informulées
souviens-toi
dans la plus pure errance de la parole
que je suis entré dans ton sourire
pour habiter ton doute.
Le trou du souffleur – Editions Caractères
J’ai ouvert aux mots …
J’ai ouvert aux mots
l’espace de ton désir
pour tout prendre
pour tout voir
prendre la terre par ses racines
le soleil par ses branches
carnivores qui enjambent
la nuit
voir au travers du vertige
et boire au goulot
des syllabes bavardes de ta bouche
notre amour a la témérité
de franchir le vide à pied
en jetant au loin
la clef de l’épouvante
la belle clef qui piège
la raison
Petit récit d’affirmation
J’avais une corde dans la main
et ne trouvais pas l’arbre
fort robuste
ni la branche assez haute
pour laisser flotter mes pieds
je suis parti vers la mer
elle n’avait plus assez d’eau
je me suis assis pour attendre
que l’arbre ait des branches
et que la mer se remplisse
d’eau
à force d’attendre
j’ai longtemps habité les mots
en solitaire
tu passais par là par hasard
intarissable de beauté
et de bonté curieusement
j’ai raté ma mort
Georges Castera – ( 27/12/1936 Port au Prince -24/01/2020 Pétion-ville) : voir
https://www.babelio.com/auteur/Georges-Castera/269229
Poèmes dits :
je m'exprime:haut et foooort