Tranströmer, qui habite de passion
le silence et change les pierres brûlantes
de l’été en chiens de traîneau
sur la neige,
a fait renaître en moi le souvenir
des blancs trois-mâts ailés, des mers glacées
du Groenland,
de la morue salée dans les caves de terre.
Mais la terre a bu le silence, les gargotes
mouché leurs chandelles.
Demeure un cri d’oiseau,mouette
annonçant le vent, la longue coulée du vent,
lion céleste qui gratte à la porte du soir,
fouette de sa crinière le cirque des nuages,
lève d’un front hagard des murs d’écume
sur l’océan.
Et puis le vent malingre,englué de brouillard,
qui noie les cornes de brume,
le vent défait,chaloupes grises,
somnambules,doris épars,
cherchant leur route aveugle
dans l’oeil sournois de la banquise
sans en reconnaître aucune…
Ma mère me le disait : ainsi avait vécu son père,
mais le vieil homme en avait fini de remâcher
ses prouesses et ses rêves.
La cave de terre était fraîche l’été,l’hiver
la frangeait de givre.J’y fouillais en vain
comme on tourne les pages d’un livre
les marques du passé…
J’étais venue trop tard.
je m'exprime:haut et foooort