voir l'art autrement – en relation avec les textes

Appelle-moi encore – (Susanne Derève) –


Théodore Brenson, 1893-1959, Chevaux sauvages
Contre un tas de bois mort, 
brise indolente, abri silencieux, voix. 
Voix qui m’appelle a fait fuir le lézard
et la mésange.
N’épelle pas mon nom usé.

La terre porte un mirage d’eaux neuves, 
de printemps.
Des chevaux captifs renversent le fil acéré 
des enclos.
Les drailles à l’horizon cheminent vers le ciel, 
et franchi le ciel vers l’échine argentée du vent, 
le pelage ras des Causses hérissé de lavandes,
l’étrangeté des pierres dressées.

Déjà, le soir s’enferre au creux des combes,
l’ombre violette des futaies se déploie 
et s’allonge, 
tout ce que le jour portait de douceur et de fièvre 
bascule puis se fige
dans le premier battement d’aile de la nuit.

Appelle-moi encore, et je te rejoindrai.


poème lu par Nicolas Granier 7/06/2022

3 Réponses

  1. Dans l’ombre violette des futaies
    je ne verrai les pierres dressées
    contre le soir qu’avec le mirage
    de douceur et de fièvre
    de ton appel, porté par le vent .

    J’irai te rejoindre
    sur la colline voisine
    au-delà des rocs en équilibre instable,
    mais seulement le lendemain
    quand la nuit aura fini
    par se dissoudre
    avec le soleil naissant.

    Il faudra dormir dans les herbes sauvages,
    sous les arbres portant
    leurs premières fleurs,
    et le parfum discret des lavandes
    au sommet des causses
    battus par la brise tiède du printemps.

    Puis se résoudre à emprunter
    les voies escarpées
    contournant les abîmes,
    ou les drailles les plus anciennes,
    maintenant envahies de ronces.

    Il aurait fallu libérer
    les chevaux bruns
    parqués dans leur enclos.
    Eux connaissent mieux
    les passages dans les combes,
    et l’échine du vent
    qui les guide.

    Mais quand enfin
    je serai parvenu à ta hauteur,
    il n’y aura plus que des cheveux d’ange
    ondulant sur les crêtes,
    et ta voix se sera tue…

    Aimé par 1 personne

    04/13/2022 à 18 h 45 min

  2. susannedereve

    Appelle-moi encore , et je te rejoindrai …

    J’aime

    04/13/2022 à 22 h 37 min

  3. Pingback: Nicolas Granier – Brève de poésie (Susanne Derève) – | Art et tique et pique- mots et gammes

je m'exprime:haut et foooort

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