Viens boire dans ma main, l’oiseau – (Susanne Derève)
Françoise Pétrovitch – oiseau –
Viens boire dans ma main,l’oiseau.
L’aile du vent s’est tue.
On annonce aujourd’hui 50° à Rio
et autant à Paris,
et la voix qui claironne la mort
lente des ombres,
celle bleue du figuier,
et la joue ronde du cormier,
et le voile doré des trembles,
qui égrène les villes,les fleuves,
les pays,
La voix dit:
« à Rio,les mangroves ont séché;
Paris n’entend plus le chant menu
des fontaines.
À Rome,le marbre s’est brisé,
et l’asphalte a fondu à Londres
et à Memphis;
le Rhône et le Danube ne charrient
plus que des boues lisses,
et le sel sur les rivages de nos étés
trace des routes blanchesqui crissent sous le pas comme du verre pilé ». Viens boire dans ma main,Oiseau,
je te dirai une autre histoire
où tu nichais dans la fraîcheur
des granges;les matins s’habillaient de perles
de rosée
et le froid emportait les migrations
d’automne vers de nouveaux étés.
C’était un temps ancien où les oiseaux chantaient.
je m'exprime:haut et foooort