Herberto Helder – Les menstrues –

Les menstrues quand sur la ville soufflait cet air. Les jeunes filles respirant, mangeant des figues - et les menstrues quand sur la ville filait le temps à travers les airs. C’étaient des œillets dans la neige. Les jeunes filles riaient, criaient - et les figuiers insufflaient les figues, de leurs poumons d’éponge blanche. Et les jeunes filles mangeaient des œillets dans l’air. Et elles riaient dans la neige et criaient : c’était le temps des menstrues. Les pommes roulaient dans la maison. Quelqu’un disait : la neige. La nuit venait briser la tête des statues, et les pommes roulaient sur le toit - quelqu’un disait : le sang. Dans la maison, elles riaient - et les menstrues ruisselaient par les cavernes blanches des éponges, et les têtes des statues se brisaient. Des œillets - quelqu’un disait cela. Et les jeunes filles qui respiraient, mangeaient des figues dans la neige. Quelqu’un disait : des pommes. Et le temps était venu… Le sang ruisselait des cous de granit, l’enfant plaquait sa bouche noire sur la neige dans les figues - alors elles criaient dans l’ombre de la maison. Quelqu’un disait : le sang, le temps. Les figuiers soufflaient dans l’air qui courait, les machines aimaient. Tandis qu’un poisson, parole ancienne et sensible, parcourait la page de cet amour. Et quelqu’un disait : c’est la neige. Les jeunes filles riaient dans leurs menstrues, mangeant de la neige. Les têtes des statues étaient pleines d’œillets, et les enfants plaquaient leur bouche noire sur les cris. La nuit approchait dans les airs, dans l’ombre roulaient les pommes. Et le temps était venu. Et elles riaient dans l’air, mangeant la nuit, se nourrissant de figues et de neige. Alors quelqu’un disait : les enfants. Et les menstrues ruisselaient en silence - dans la nuit, dans la neige - pressées par les éponges blanches, là-bas dans la nuit des jeunes filles qui riaient dans l’ombre de leur maison, roulant, mangeant des œillets. Alors quelqu’un disait c’est un poisson qui parcourt la page d’un amour ancien. Et les jeunes filles criaient… …Les jeunes filles, chantant leurs enfants, mangeaient des figues. La nuit mangeait du sable. Et c’étaient des œillets dans les cavernes blanches. Les menstrues - disait quelqu’un. L’air passait - et à travers nuit, en silence, les menstrues ruisselaient dans la neige.
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Le Poème continu, somme anthologique,
traduction Magali Montagné et Max de Carvalho,
éditions Chandeigne
voir également : Esprits nomades
je m'exprime:haut et foooort