Rainer Maria Rilke – Le livre d’heures –
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_ Tu vas et viens. Les portes se referment
avec plus de douceur, et sans un souffle presque.
Tu es de tous le plus silencieux,
qui vont par les maisons silencieuses.
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On peut si bien s’habituer à toi
qu’on ne relève plus les yeux du livre
quand ses images s’embellissent,
bleuissant sous ton ombre ;
car les objets te font écho sans trêve,
mais tantôt en sourdine et tantôt à voix haute.
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Souvent quand je te vois en songe
se multiplie ta stature totale ;
tu vas comme un troupeau de clairs chevreuils
et je suis la ténèbre et la forêt.
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Tu es comme une roue et je me tiens près d’elle :
de tes nombreux essieux obscurs
sans cesse il en est un qui redevient plus lourd
et se tourne un peu plus vers moi,
et mes travaux consentants croissent
de retour en retour.
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Le vent du retour
traduit par Claude Vigée
Arfuyen
je m'exprime:haut et foooort