Promenade – (Susanne Derève) –

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Il chemine
Le chemin le précède, bondit à flanc de roche,
enjambe la rivière
et c’est un pont soudain, dont les pierres disjointes
sont envahies de mousses,
puis le village, enfoui dans un repli doré du Causse
où le soleil s’attarde au milieu des vergers.
Il se rappelle avoir observé tout le long du sentier
qui longe le Lot de jeunes arbres fruitiers
fraîchement plantés.
.
Il s’imagine,
loin de l’hiver, reprendre ce chemin
pour en grappiller les fruits mûrs
– poires, coings, cerises –
cerises surtout, en mémoire des bigarreaux volés
de l’enfance,
des mains, des genoux éraflés aux grillages,
des cris, du cœur affolé de la fuite,
– pour finir , ce n’étaient jamais plus de quelques
cerises échappées à la débandade,
écrasées, aigres, doucereuses –
.
Le Lot, fringant des soubresauts de l’hiver,
le sol clair et sonore du sentier.
Au dessus de Changefège, le ciel lui semble
d’un bleu trop pur de photographie truquée,
une fraîcheur nouvelle monte de la rivière
et le fait frissonner,
Il sent le chemin docile sous son pas,
uni, dompté, cueille
dans l’ombre qui s’avance une violette hâtive,
se résout à rentrer.
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je m'exprime:haut et foooort