Sándor Petőfi – Nuages (extraits)

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J’aimerais laisser là…
J’aimerais laisser là ce monde lumineux,
Sur lequel j’aperçois tant de points ténébreux.
Je voudrais pénétrer dans la forêt sans borne,
Où jamais je ne trouverais personne, personne !
Là-bas, j’écouterais le murmure des feuillages,
Là-bas, j’écouterais le bruissement des flots
Et le chant des oiseaux,
En contemplant l’armée nomade des nuages,
En contemplant le soleil qui se lève et qui tombe…
Jusqu’à ce que moi-même enfin aussi succombe.
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La vie ne me touche pas…
La vie ne me touche pas davantage
Qu’une casserole brisée,
Jetée loin des cuisines, dont un mendiant sans âge
Pourlèche les restes desséchés.
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Derrière moi, la belle forêt bleue du passé…
Derrière moi, la belle forêt bleue du passé,
Devant moi, les beaux semis verts de l’avenir ;
Toujours loin, sans me distancer,
Toujours près, sans que je puisse y parvenir.
Ainsi, sur la grand-route, je vais errant,
Dans ce désert luxuriant,
Abattu et toujours errant
Au sein de l’éternel présent.
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Sándor Petőfi ( 1823-1849) , héros de la Révolution de 1848 , mort en combattant ,
est l’un des plus grands poètes de la littérature hongroise.
Nuages et autres poèmes
traduit par Guillaume Métayer
Editions Sillage
C’est magnifique. Merci de me faire découvrir, Susanne!
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03/18/2023 à 8 h 59 min
découverte récente pour moi également , merci Vève
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03/18/2023 à 10 h 23 min