voir l'art autrement – en relation avec les textes

Bernard Vanel – Changefège


photo RC – causse de Changefège
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L’hiver incline l’homme au refuge des chambres, à la braise des bûches et au secret des lampes. Des hauts de Font Fadette, je regarde arriver, à l’horizon de Changefège, une nouvelle giboulée. Et c’est toujours ainsi.
C’est d’abord un brouillard, au loin, qui se rapproche. On dirait la fumée d’un incendie qui couve. Elle finit par effacer l’échancrure inutile de la vallée du Lot. Elle avance à boucher presque tout le paysage. Puis le ciel s’époussette, au-dessus de la ville, en tourbillons mélancoliques et Mende disparaît dans l’inquiétude des éclipses. Il neige. Mais cela dure peu ; le peu de temps, pas plus, que la giboulée passe. Lorsque les toits éteints quelques instants plus tôt, se dégagent du gris, les voilà saupoudrés de poignées de farine ; et des coulées de lait ruissellent sur les flancs du vieux causse transi. Mais vite le soleil fait vadrouiller son disque derrière les nuages, le ciel vient s’essuyer au mouchoir bleu d’une éclaircie et les lointains de Changefège dessinent à nouveau la ligne d’horizon.
Et c’est toujours ainsi.

extrait du « passager de Mende  » ed le Bousquet-la Barthe

2 Réponses

  1. Comme quoi la poésie des espaces peut être merveilleuse !
    Belle publication. Merci

    J’aime

    03/24/2023 à 9 h 23 min

je m'exprime:haut et foooort

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