voir l'art autrement – en relation avec les textes

photography

Yahia Lababidi – Interstices


06 Cuba trottoirMes heures ont peur de mes jours
la méfiance mettant leurs pieds vers le bas
soupçonnant de trouver un point d’appui
tic toc qu’ils pointent consciemment de l’orteil,
Mes jours ont peur de mes années
N’ayant jamais pu s’oublier
debout autour de moi, comme je essaie de dormir
déplaçant leur poids, les craintes traînant
Dans les interstices, il est intemporel
Se déroulant et heureusement introuvable
là nous glissons à travers le tamis
entre ces espaces incommensurables ..

My hours are afraid of my days
mistrust placing their feet down
suspicious of finding a foothold
tic toc they tip toe, self-consciously
My days are afraid of my years
never able to forget themselves
standing around as I try to sleep
shifting their weight, shuffling fears
In the interstices, it is timeless
unwound and happily unfound
there we slip through the sieve
between those immeasurable spaces…


Pierre Louÿs – Aphrodite


photo Rita Hayworth – voir site

Elle était vêtue d’une robe verte
brochée d’énormes branches de roses
qui venaient s’épanouir sur les seins.

Arétias lui ouvrit la porte…
Puis, en soulevant la robe ou l’écartant selon l’endroit,
elle la parfuma partout où il était nécessaire..


marcher sur l’ombre – ( RC )


peinture : GHYVES

Tu prends trop d’avance,
sur le fil du soir…
Que dit ton ombre quand tu marches dessus ?

Va-t-elle te peindre en noir,
effacer tes traits de lumière
comme par inadvertance,
te laisser seul derrière,

histoire d’un malentendu
où ton vertige de façade
part en capilotade,
faire un tour
vers d’autres contre-jours ?


Nathaniel Tarn – tout tremble dans les trois créations


photo perso – îles Penrentian – Malaisie

Front de nuage dans lequel nous glissons,
lèvre bleue en bas qui fait saillie dans la mer,
nez d’une île qui pointe, gigantesque proue,
atterrissage à la surface de la lèvre comme un baiser –
hélices au ralenti, bienvenue des palmes –
en un mouvement de vent qui ne saurait cesser
tant que nos mains soulèvent les montagnes.
Île languissant dans l’air moite,
orage qui monte à l’horizon alentour,
impossible de savoir d’où exactement
mais tout tremble dans les trois créations.


Carl Norac – le goût de traverser


Sur le fleuve, sur les canaux, nous n’avons
nulle autre frontière que la brume.
Devant, il n’y a que des ponts
qui relient ces gens que l’on voit
traverser et dont certains parfois,
étrangement à nos yeux,
rêvent seulement de murs.
Bien sûr, voilà l’écluse, cet ascenseur
au vieux refrain qui suinte,
où les oiseaux jacassent,
le temps de regarder un paysage
moins mouvant, de célébrer
le crépuscule ou le point du jour
qui, aujourd’hui, se rêve en virgule.
« Nulle frontière ! », nous sommes nous
répétés sur la péniche, « Pas même de la langue »
.

Car, soudain, on vous hèle de la rive,
on comprend ou on ne comprend pas,
sinon que le geste se ressemble,
simple principe de la main ouverte
au lointain le plus proche.
Si des régions existent à bon droit
et que les cartes qui nous guident
nous le rappellent, nous vivons
également ici, voyageuses, voyageurs,
dans cette volupté de la lenteur
où nous aimons les traverser
aussi libres que la ligne d’eau
et sans écouter les leçons de tous bords.
Sur le fleuve, sur les canaux,
nous n’aurons encore
nulle autre frontière que la brume.

voir le site de Carl Norac – celui-ci est l’auteur également de « une valse pour Billie », dont il y a des extraits sur ce blog.


Tout semble immobilisé – ( RC )


photo : netfolk.blog.hu

Sur un chemin banal
encombré de flaques
déjà tourbillonnent
les feuilles veinées d’automne.
Sous le miroir des nuées
je devine les graviers.

Le dialogue du gel
étire ses filaments
sous les rafales de vent.
Un insecte traverse prudemment
quittant les herbes folles
pour un abri incertain.

Les oiseaux ont disparu du ciel
pour des régions plus clémentes.
Il s’est perdu
parmi les branches nues ;
les arbres sont dans l’attente
et ne sont plus que bois.

Soudain, il fait si froid .
Viendras-tu me retrouver,
si loin de la maison de l’été ?
Tout semble s’être immobilisé,
le défilé des heures,
comme le sourire du bonheur.


Ce qu’il reste derrière l’image – ( RC )


photographie Cato Lein

C’est en progressant dans une pente grise,
où les ombres se confondent,
que l’on devine une présence invisible,
image subliminale derrière l’image.
Nos pas soulèvent la cendre :
elle s’accroche aux rochers,
et aux troncs d’arbres que l’on distingue à peine.
C’est un brouillard aux formes diffuses ,
tel un buvard de poussières,
qui recouvre inexorablement toute surface.
C’est une chose étrange, ….on la suppose liée à la photographie.
Tout ce qui entoure le lieu semble appelé à disparaître.
Il sera inutile de gratter la surface.
L’Eden originel ne se situe pas dessous,
le regretter ne sert qu’à éveiller l’inquiétude :
un rapace aux ailes grises,
qui ne secoue que l’ombre.


Raie Manta – ( RC )


photo du site technosciences


Les abîmes d’eau portent l’éventail du rêve
où les étoiles rencontrent les profondeurs.
Le miroir de la surface, a cessé d’être
au-dessus de la brousse des vagues.

Les coraux aux mille couleurs
s’emparent d’oriflammes de soleil,
et mes ailes battent la mesure
comme si elles allaient vers le ciel.

Elles ont l’envergure de celles d’un aigle
mais leurs ombres demeurent .
Elles effraient les bancs de poissons,
qui furtifs contournent les rochers :
( autant de boucliers pour les crustacés
et coquillages ).

Je n’ai pu déposer un baiser
sur les lèvres bleues des bénitiers,
qui priaient , dans leur coquille,
solitaires aux vents de mer,
alors j’ai fini par m’envoler,
luisante et noire,
vers d’autres contrées.

RC


Jean-Aubert Loranger – Pulsion vitale


photo Pascal Bandelier

Minuit. La mesure est pleine.
L’horloge rend compte
Au temps de toutes les heures
Qu’on lui a confiées.
L’horloge sonne et fait sa caisse.
La nuit referme ses portes,
Et tous les clochers
Relèvent, au loin, les distances.
J écoute mon cœur
Battre au centre de ma chair.

Jean-Aubert LORANGER « Les Atmosphères »


Sur la surface du dos – ( RC )


photo Perle Valens – voir son site

Ce corps n’a pas d’identité feinte,
il n’a comme images
que celles de légers creux
laissés par l’empreinte
des cailloux sur la plage
qui parsèment les lieux.

Peut-être préfères tu pour confort
les objets métalliques
laissant leur marque de fer:
les sommiers à ressorts
sont particulièrement artistiques
et devraient te plaire.

C’est dû à la position horizontale
d’une sieste immobile
pendant cette après-midi d’été
où chaque sinuosité de métal
laisse son creux fossile

– comme tu pouvais t’en douter -.

C’est à même la peau
que c’est inscrit
comme une signature
sur la surface du dos
qui provoque l’envie
d’en évoquer l’écriture…

Car la chair est tendre
et soumise aux lois physiques
quel que soit notre âge :
il fallait s’attendre
à ce que cela soit la réplique
d’un éphémère tatouage…


Ziâgol Soltâni – mélodie de ma patience


Au nom du miroir, ce soir, libérez-moi
La nuit passée, l’aube venue, appelez-moi
Sur ce rivage où je me suis perdue à moi-même
À moi-même, ramenez-moi
Les bleus sur mes épaules sont les bleus de l’hiver
À la saison du vert printemps, priez pour moi
De la mélodie de ma patience et de mon silence, que savez-vous ?
Le temps d’un souffle, à la flûte associez-moi
Sur l’aile du papillon est écrite la brûlure de la chandelle
De toutes les âmes enténébrées, séparez-moi
La cruauté d’être confinée derrière un voile m’a fait perdre toute patience
Au nom du miroir, ce soir, libérez-moi !

In Le cri des femmes afghanes, © Bruno Doucey, 2022 — Traduction par Leili Anvar – provenance article d’origine:apagraindesel


Maintenant, on ne me voit plus – ( RC )


photo André Fromont

Je désigne d’un geste les oiseaux.
Ils glissent derrière la vitre,
silencieux.
Mes mains les imitent,
je les accompagne dans leur reflet.

Ce n’est qu’une image
où flottent mes mains blanches
qui semblent détachées des manches.
Leur vol remplit une partie de la chambre
Je les suis du regard..

Pantomime où le corps s’anime
dans le cadre étroit de la fenêtre.
Puis de plus en plus léger,
volant à son tour, peut-être,
démultiplié.

Je voyage, presque en transparence ,
avec un courant d’air
porté par un temps arrêté.
Rien ne me retient.
Les ailes sont mes mains.
Maintenant, on ne me voit plus.


Benjamin Fondane – nos rides poussent dans la glace


Nos rides poussent dans la glace

et le monde se refroidit dans notre sang…


Un effet d’hiver – ( RC )


photo Caroline D – tempête douce

C’est sans doute un effet d’hiver.
Les lèvres sont fermées.
Ne m’en veux pas de t’avoir jeté la pierre…
Le livre a les pages raides,
les corneilles ont laissé leur empreinte noire
sur un ciel gris au-dessus de nous.
Qu’est devenu ton sourire ?
maintiendra-t-il aussi les lèvres fermées
comme au moment de ton départ:
j’irai le découper dans le papier
pour le coller sur la photo floue
que tu trouvais laide.
Ce n’est rien qu’un détour d’écriture
qui cachera un peu ma blessure…


James Wright – une bénédiction


Au bord de l’autoroute pour Rochester, Minnesota,
Le crépuscule ricoche doucement sur l’herbe.
Et les yeux de ces deux poneys indiens
S’assombrissent de gentillesse.
Ils ont gaiement émergé des saules
Pour nous accueillir mon amie et moi.
Nous enjambons les barbelés, entrons
Dans le pâturage où ils broutent durant le jour, seuls.

Ils frémissent avec ardeur,
parvenant à peine à contenir leur joie
Car nous sommes là.
Ils s’inclinent timidement, tels des cygnes mouillés.
Ils s’aiment.
Il n’y a pas de solitude semblable à la leur.
A nouveau détendus.
Ils commencent par grignoter les jeunes touffes de printemps
Dans l’obscurité. J’aimerais étreindre la mince ponette.

Elle s’est avancée vers moi,
a mis son museau dans ma main gauche.
Elle est noire et blanche.
Sa crinière s’échevèle sur son front.
Et la brise légère me pousse à caresser son oreille fuselée
Aussi délicate que la peau du poignet d’une jeune fille.
Aussitôt je comprends
Que si je sortais de mon corps je me mettrais
soudain à fleurir.

(Traduction inédite de Sabine Huynh du poème de James Wright,
« A Blessing », The Branch Will Not Break, 1963)


Erick Gaussens – René Chabrière – « romantiques 5 « 


Photo :  B. Monginoux /  www.photo-paysage.com (cc by-nc-nd)

 » à genoux devant ton icône »

Chemins de toutes les traces,
les miroirs de la ville
récitent l’alphabet aux carrefours
de la passion.
Cette ville ne rêvait de ses néons
que pour rire à gorge déployée :
de désir-nylon encombré de rose
sous le couvercle obscur de la nuit.
Bien sûr les étincelles se sont emparées des yeux,
mais plus éphémères que la musique et le sang
lui qui circule dans tes veines
sans que tu t’en aperçoives.
Le sourire de ton visage
a combattu les reflets factices
pour s’emparer de l’âme endormie :
c’est comme ça que tu m’as trouvé
à genoux, devant ton icône
dépossédé de mes larmes
avec mes souliers de pluie,
l’illusion des lambeaux nocturnes
d’une autre vie
quand la ville s’estompe
derrière ses draps de nuage…

RC

écho à Erick Gaussens

Devant la nuit qui dormait J’ai crié ton nom
Et rien ne s’est passé
Alors j’ai mis mes souliers
De nuages et de pluie
Et je me suis enfui

La ville s’oubliait
Dans un plaisir-néon
Dans un désir-nylon

Devant la nuit qui rêvait
Je me suis attendri
Et je l’ai recouverte du drap de ton rire

Alors ses nuages bleus
Se couvrirent d’étincelles
Et d’images tremblantes

La ville s’estompa
En brouillard factice
En fragile illusion

Devant la nuit qui criait
Je suis tombé à genoux
Les larmes à la main

Alors dans un sourire
Qui ressemblait au tien
La nuit s’est rendormie

(c) Erick Gaussens Hillwater


Gaëlle Josse – l’offrande d’un chemin de sagesse


….s’il n’en reste qu’une des musiques aimées de celles qui tiennent tête aux vents contraires -car on sort même par gros temps n’est-ce pas ?- ce sera elle cette aria toute nue innocente et pensive celle des variations Goldberg trente mesures entre ciel et terre la main d’Ariel pour tresser nos jours dépareillés saturés de trépidance habités d’éclats de rien et pourtant uniques fastueux bellissimes trente mesures tout est dit clos et infini


Corps de Ménéham – ( RC )


photo RC Ménéham juillet 22

Corps de granit en bord de mer,
au hasard , tu verras des maisons minuscules
par rapport à ces géants de pierre.
Comme elles le peuvent, elles se dissimulent
tout en espérant
se mettre à l’abri du vent
et des embruns, derrière les roches.

Pas question pour un Petit Poucet
de s’égarer dans la forêt.
Même si l’océan est proche,
( la futaie est lointaine:
les rochers se referment
sur la terre ferme ):

Possèdes tu le sésame
qui permet d’ouvrir les demeures secrètes
du village de Ménéham ?
si tu veux je te le prête,
mais ne penses pas y trouver
un trésor caché
par les flibustiers :

on ne compte plus les heures
avec le temps qui passe
sur les légendes
parmi les herbes de la lande.
Seuls ces grands corps demeurent:
corps de granite
qui restent sur place
aux grandes formes insolites.
Ils ne confieront rien de leur âge
à ceux qui viennent visiter le village.


Pierre de Massot – Mirages


Ne quitte pas le bleu de l’aube
Avant que de mouiller tes doigts
Fragiles aux pieds du hasard
Et ta tunique invisible
« Le cœur trop lourd n’a plus ses cygnes
Pour étoiler vos rêves d’anges
Et nous buvons des fleurs si blanches
que la vertu sous neige signe ».

Le vaisseau noie ses ailes calmes
Dans le cristal où tu souris
Car les douleurs prennent de l’ombre
A la douceur des palmes moites.

(Paris-Journal, 1924)


Le canal Saint-Martin – ( Susanne Derève – René Chabrière)


Le canal Saint-Martin – Willy Ronis –

.

extrait de :  Le calendrier de l’avAnt et de l’Après (écritures communes ou en écho)


Marcel Migozzi – jardin ouvrier


30 juillet –

Je vois ton jardin ouvrier, tes outils
(ai-je hérité de leur patience ou de leur tranchant ?)
Dans cette lumière délabrée des soirs non loin
du port de guerre, sur 20 m2.
La gravité de ton visage me troublait
Quand tu ouvrais pour les tomates devant moi
Des rayons à fumer d’origine terrestre,
Ou me soulevais dans tes mains d’altiplanos
Pour m’éloigner du puits sans margelle, autrefois.

Souvent je passe entre ces tours de 20 étages
Où grimpent les souvenirs de tes tomates.
Tu as disparu ailleurs, au-delà des mottes.
Le puits s’est tu dans le béton. Souvent je passe
Comme à la recherche de ces graviers humides
Piétines par un père autour d’un arrosoir
Et qui vaudraient une fortune, maintenant

  • à mon père –

extrait de « les heures jardinières »


Ce pressentiment, les ailes déployées – ( RC )


wind-weather-storm-23.jpgphoto recadrée :           voir  origine pxhere

Faut-il encore sortir
les jours de mauvais temps,
espérer voir un peu de ciel bleu
dans les heures écrasées ?

Une mouette blanche
s’est envolée de la digue
juste au moment où
un obus fracasse le ciment

A-t-elle eu ce pressentiment
les ailes déployées,
ou de nos âmes , eu pitié ?

On voit mieux le monde de haut,
même si les hommes s’entre-tuent ;
de l’océan, rien n’arrête le flux.

RC- avr 2020


Jacques Borel – la trace


photo: Izis

À qui veux-tu parler ?

Les trottoirs sont déserts,

Un petit soleil mort

Ou le crachat d’hier

Se sèche sur le mur.

O veine de mica,

Tesson, mucus, paupière,

Trace d’une lueur

Absorbée par la pierre,

Ne t’éteins pas encore,

Reste d’un geste humain

Ou souvenir du jour,

Illumine ce peu

D’espace consolable

Où ma vie comme un poing

Serre ses derniers rêves.

extrait de  » sur les murs du temps »


Lucie Taïeb – rêve de vertu ( extrait )


Le sol tremble vaguement et les pavés se disjoignent, mais c’est ailleurs et elle ne peut pas savoir. Qui serait avec elle dans la chambre où elle repose verrait son visage s’assombrir. Il n’y a personne. Seulement les pavés qui se disjoignent et laissent deviner quelque chose de noir et de granuleux, du goudron, de la terre peut-être. Elle s’est agenouillée, elle regarde le sol de très près, un long moment, absorbée, faisant abstraction de tout le reste, un peu plus et elle collerait l’oreille contre les pavés pour savoir d’où vient le galop, quelque chose a tremblé, s’est ébranlé, elle a ressenti la secousse, l’image du rêve pourrait se briser comme une vitre, laisser s’engouffrer un grand souffle vide, mais au lieu de cela, lorsqu’elle relève la tête, ce qu’elle aperçoit, à l’horizon, ce sont des hommes. Principalement des hommes, mais aussi des femmes et quelques enfants.

Ils ont surgi des profondeurs de la terre, des tunnels et des souterrains, de tous les lieux de misère et d’ombre où ils avaient trouvé refuge….

extrait de « Capitaine Vertu « 


Anna Jouy – Parfois le monde me plait


photo RC – Finistère

Parfois le monde me plait. Je n’éprouve que la vibration. Ma tête bourdonne doux.
Elle a sa plage de liberté, elle pense ailleurs
Nomade, vacancière
Le sable est meilleur au soleil
Ma maison est vide, déserte
Les fantômes se baignent à la mer
Les domestiques de l’hiver
Ont fait leurs bagages
Ils ont pris des passeports de nuages
Alors la maison évidée de ses bruits,
Suit aux fenêtres les traces de la lumière
Essuyant les colliers des moucherons
Sous le son immobile d’aujourd’hui


Fleur anachronique – ( RC )


photo RC jardin des orchidées – Singapour 2022

Fleur anachronique,
c’est fini, l’été
les moussons du Pacifique,
les lointains égarés
où les jardins botaniques
seront là à t’attendre…
Il faudra te contenter
du jardin des orchidées,
des fleurs de gingembre.


On y croise quelques filles,
à l’abri d’une voûte de verre
qui se font tirer le portrait
comme aux Champs Elysées
légèrement en retrait
sur le fond vert.
Elles rêvent de vrais alizés,
de paysages extraordinaires
des plus esthétiques
par-delà les frontières,


et pensent à leur retour
à Singapour
pour que leurs rêves d’avenir
deviennent réalité :
roses de plaisir
dans les endroits exotiques
elles te feront parvenir
comme tu l’espères
ces fleurs anachroniques
de l’autre bout de la terre…

voir texte « Fleur d’hiver » de Gabriel Grossi


Hauts plateaux, où la joie demeure – ( RC )


photos Instagram

Te souviens tu des hauts plateaux,
où le vent ne trouve aucun obstacle
pour balayer le ciel ?
Il peut se poser sur le lit de basalte
du pays d’Aubrac sans faire de bruit.

Peu d’arbres, et des herbes,
comme une mer moutonnante
sous le ruban d’azur.
De temps en temps, un ruisseau
cherche à s’évader
mais ses méandres
se perdent dans les joncs,
et les lacs sombres
où le bleu sans reflet
s’ égare dans l’ absence .

C’est ici que passent les heures,
dans le paysage
parsemé de maisons basses
:
burons arc-boutés sous les nuages,
— que ta joie demeure !

RC – janv 23 – par rapport à un écrit de Jacques Viallebesset