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Pierre Bacchelli – René Chabrière – guerres bananières
Il a repris la navette de la brume
S’il avait un voisin ou le bitume
En fait il n’avait pas de navette
*
C’était le bitume qui le ramenait chez-lui
Il s’en aperçut une fois devant son portrait
Il n’avait pas changé il était comme alors
Perdu parmi tous ces vingt ans en foule
*
Il se souvenait maintenant les boires
Les rires les piastres les bordels
De Saigon
Les gardes les tirs les bardelles des camions
*
Les affuts ,les rafales au milieu des herbes hautes
Les gorges tranchées découvertes dans la fumée
de l’aube
Les mines les embuscades de la chair trouée
Ci et là et des cadavres déjà vieux de jeunes
Comme lui
*
Il se rappelait sa dernière permission pour
Rentrer chez- lui
Il avait froid ,seul dans son compartiment
Les vagues roulaient sous le bateau
Les caisses ne bougeaient pas trop
C’était un jour comme celui-là
*
Dommage que la grève l’aie empêché
De repartir pour revoir le Siam
Encore un rêve prisonnier
Dans ses yeux absents derrière
La vitre de sa photo .
Dans la fumée de l’aube
flottent encore hagards
les portraits blafards
des enfants brûlés
dont on ne verra jamais le regard :
…la trajectoire des balles,
la douceur feutrée du napalm.
Le Dormeur du Val
a de la concurrence:
le bon peuple de France
a bonne mine :
… visite impromptue en Indochine.
Croisière volontaire
en temps de guerre.
Des cadavres à volonté
dorment entassés,
des fleurs rouges sur les côtés ;
personne ne songera à remplacer
leurs chaussures trouées.
R C
« dansant sur l’eau »
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