Suite malaise : voyage Malaisie – Singapour , (Susanne Derève)

Kuaka Lumpur ( Septembre 2022)
Malaisie – Singapour , 14/09 – 26/10/2022
14 -15/09 : Paris-Doha-Kuala Lumpur :

La grande lessive du voyage,
CDG : tapis roulant vers les portes du ciel
sur le tarmac un vol gris de pigeon
Doha ,ours géant, niqab et ballon rond.
Aéroport de Doha
La grande liesse du voyage
Kuala Lumpur , la nuit, brille de tous les feux
de ses deux tours d’argent, pointes jumelles ,
dans l’odeur du curry et des fumées
d’encens.

Le grand éveil du voyage …
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19-20/09 Kuala Lumpur – Kuala Besut ,
traversée en speedboat pour les îles Perhentians
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Iles Perhentians (20 au 25 Septembre)
Pulau Besar , la grande et Pulau Kecil , la petite :

Pulau Besar – Main beach
et Pulau Kecil , mosquée à la nuit tombante
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2O/O9 A l'heure où résonne l'appel à la prière tu te fais fantôme, épousant frileusement la mer de tes sombres foulards, elle, que j'embrasse à pleine poitrine, et qui me rend au centuple sa monnaie de lumière, ses ors, ses turquoises, ses poissons chamarrés et ses doigts de corail, son sable de fine farine, la chape étincelante du ciel à midi. Quand sonne le muezzin du couchant, les dernières barques gagnent le port pour y jeter l'amarre. Les pourpres noient la mer de Chine, de fins nuages blancs étêtent les montagnes et la nuit tend ses voiles, la nuit est ta compagne.
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22/09 Pulau Besar (Main beach) :

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Les varans vagabondent dans l’ombre des varangues
et sur la plage à marée basse
la plage arasée de soleil
leur grand corps paresseux s’étire contre le sable
chaud

Varan sur la plage de Pulau Besar
Dans le pli des vagues un nuage
de sergents-major en habit de bagnard
ondoie sous le grand éventail rose des acropores
Furtif ,un poisson-flûte glisse à fleur d’eau
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23/09 , balade dans l’île ,
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Pas de tortues
à Turtle Bay
sur Teluk Pauh
quelques singes farceurs
sautant de branche
en branche ,
un écureuil ailé
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Au Tuna Bay Resort , les varans vagabondent
à l’ombre des manguiers,
et les coraux déploient leurs pennes mauves
de fleurs marines, que les poissons légers
effeuillent goulûment.
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Depuis la mer,
le Suhaila veille Kecil et sa mosquée d’argent,
l’appel du muezzin résonne,
on sort les tapis de prière.
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25/09 , dernière nuit aux Perhentians :
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Les voix du ciel tirent le mécréant du sommeil
vers 5 heures du matin
Quand elles s’éteignent , reste le bruit des vagues
et des climatiseurs
un rêve de turquoise , et les dents acérées
d’un baliste moqueur creusant son nid ,
indifférent aux bruits du monde .
25-27/09 retour sur le continent : Penarik
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un village perdu entre mer et rivière , dans un océan de plastique …


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Dans ma maison de bois
sous l’orage ,
je ne suis pas
le petit cochon
guettant
le grand méchant loup ,
point de cochon ici
Poules, poussins,
chattes, chatons,
chevreaux, chèvres effrontées
divaguent sans entraves,
mais l’oiseau dans sa cage de fin bambou
porte une bague au pied.
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27-28/09 Kuala Terrenganu :
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1 . Chinatown 2. temple chinois 3. Batiks au marché central 4. boutique de batiks
28-29/09 Cherating :
lucioles (fireflies) et tortues ..
30/09 – 1/10 Temerloh
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Les rencontres
comme des lucioles :
îlots dans la nuit
que sème le voyage.
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Au long des eaux boueuses des mangroves
dans le chenal argenté des îles sous le vent,
le bois blanchi par les orages,
j’emporte ton sourire, Evangelina …
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Malacca ( 1au 4 Octobre)

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De toit en toit ,
de chemin en chemin,
les rumeurs de la ville
te bousculent déjà.
Rouge Malacca
des palais de Hollande.
Blanche Malacca des mosquées.

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Dans la chair tendre du matin les étals de fruits
fleurissent de rue en rue,
on lève les rideaux de fer,
tes pas te portent au long de la rivière
vers une ancienne maison de bois aux fenêtres
ouvertes, Villa Sentosa,
aux lits de tulle , aux divans bas.
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La chaux blanche des temples
scintille sous le soleil
et la fumée d’encens
monte en volutes légères,
on brûle les offrandes de cire
et de papier,
Shiva déploie ses bras puissants
de rouge et d’or.

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Le grand tigre de Chinatown fait le mort
en attendant le marché de nuit sur Jonker Walk,
ses gargottes, ses échoppes,
ses pousse-pousse clinquants.

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Sur Burkit Saint-Paul
(les ruines de Saint-Paul church sur la colline )
plane le son d’une guitare Hey Jude ,
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dans Heeren street tu crois pousser la porte d’un bazar,
et tu découvres sous le pinceau de Tham Siew Inn le cœur enfoui de la ville,
toits de tuiles et de tôle, ponts courbes, barques de pêche encombrées de filets.
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Le Stadthuys exhibe les pigments rouges
du passé,
le fleuve ses façades peintes
de visages et de fleurs,
street art,
un monde à inventer …
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Ile de Tioman ( 5 au 14 Octobre )

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Tioman , belle endormie,

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A Tioman,
le temps n’a guère d’importance
seuls les nuages passent
Les hommes attendent
que la pluie vienne
ou bien qu’elle cesse
avec l’indifférence
de ceux qui ne possèdent
rien d’autre que le soleil
le chant des vagues et l’eau du ciel
*
A Tioman, des chats faméliques hantent les rues
avec la même démarche lasse que les hommes,
Ils n’attendent rien, les chats, les hommes ,
que quelques miettes et ce qu’offre le ciel :
la morsure du soleil et la pluie des moussons,
pluie insensée à leurs oreilles
qui martèle inlassablement les toits de tôle,
efface les bruits du monde, et s’insinue
dans leur sommeil
Ils n’ont pour eux que ce temps mémoriel
qui rythme les saisons
où la vie et la mort se partagent les rôles
et le miel des jours qui suivent les moussons
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1- Plage de Tekek , 2 et 3 – sortie snorkeling : plage de Coral island , 4-5-6 : promenade dans le sentier de la jungle de Tekek à Juara 7- arrivée à Juara 8- coucher de soleil sur la plage de Tekek
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Pluie acre des moussons
ressac,
pluie sur les toits
et pluie sur les manguiers
un air de reggae
dans la nuit
et sous l’ampoule nue ,
le refrain du marteau
écrasant le métal, caisses, roues , guidons
tôles froissées qu’avale la lagune
le cri de l’oie et celui du crapaud
pluie d’ombres pluie sans lune
qu’effaceront les matins innocents
de leurs eaux de turquoise,
et dans le lit des vagues les ciels d’armoise rouge
du couchant
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Un jour splendide à venir,
ce gris lumineux du matin
où le ciel et la mer se confondent
Renggis Island posée sur l’eau
comme une esquisse pâle dans la brume

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14/10 Ferry pour Mersing , puis bus jusqu’à Singapour
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Le blanc sillage d’un bateau
routes sur la mer
archipels
ai-je ainsi, ma vie, navigué d’île en île
le vol lent d’un oiseau
dans les tresses virginales du jour
dessinait d’autres routes
à travers ciel
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Mersing , en attendant le bus , peintures de rue
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Singapour ( 15 au 21 Octobre)
où nous retrouvons ma fille : émotion …
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1- Watching clouds ( marbre , Paul Vanstone) , 2- Singapour : vue sur l’Opéra, 3- Gardens by the bay by night, 4- Hôtel Marina Bay Sands , 5- Cloud Forest , 6- Chinatown , 7- Little India , 8- Botanic Gardens
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Cil ourlant la paupière
dans le prisme des larmes
le monde n’ était plus un
j’y rencontrais son double
douce méprise du voyage
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16/10 Little india
J’enfile les fleurs comme des perles ,
rouges, blanches, jaunes,
et j’imprime une tache sombre sur ton front,
entre tes deux sourcils peints,
tandis que tu ajustes le sari sur tes hanches
menues ,
Little india .

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17/10 jardin des orchidées





Les orchidées du jardin des plantes
sont-elles des fleurs mortes
et la pluie aussi inutile
que les larmes
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Laisse une porte entr’ouverte sur le passé
là où ma voix se brise je veux encore chanter
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J’ai remisé au grenier les lits les draps
les vêtements d’enfants les mols édredons
de percale
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les colombes ont pris leur envol
oiseaux des terres lointaines
cygnes cigognes aigrettes blanches
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leurs plumes ont l’étincelante pâleur des avalanches
et leur voyage l’aridité des terres brûlées
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Ile de Penang – Malaisie (21 au 25 Octobre )
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1- 2- 3- 4 : George Town , 5 : Penang Hill , funiculaire d’Air Itam, 6 : Penang Hill, the Habitat ,
7 : Tropical fruit farm, 8 : Monkey beach
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Qui serais-tu ?
Si dans tes cheveux le vent tressait soudain
des fils invisibles
si le vent taquin sous ta jupe effleurait
le creux de tes cuisses de son souffle léger
à l’endroit où la chair tressaille
du désir d’être aimée
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Qui serais-tu si le soleil
imprimait sur ta peau sa morsure brûlante
en un baiser sensuel,
si soudain délivrée de tes voiles
tu abandonnais à la mer
à ses bras tièdes ,à ses mains de corail
ton corps ondoyant de sirène,
ta jeune poitrine, tes hanches pleines, tes jambes
de tendre écume
si les vagues resserrant
leur étreinte te jetaient nue , haletante ,
comme une fleur marine
sur le sable palpitant de midi
auréolée de mille paillettes
de lumière, d’eau et de sel
Alors, qui serais-tu ?
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Dans les cheveux
une fleur de frangipanier
sur l’eau
un filet jaune comme le safran
pour pêcher
les poissons du fleuve

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25- 26/10 Départ : Kuala Lumpur – Doha – Paris …

Pleure
lave tes yeux à grande eau
mais n’oublie pas :
le pont enjambe la rivière
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