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Antonio Reis – Mes mains


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Il n’est pas
en mes mains
que désespoir.

Il n’est
pour mes mains
que travail
et sommeil

Il n’est que
gel
et brûlure

Il n’est
découragement
ni abondance

Il n’est qu’os
muscle
sang

Pores aussi
par où je transpire

Mais il n’est pas
de possession.

Antonio REIS revue« Action Poétique * (mars 1960) 11


Rien ne sera comme avant – ( RC )


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sculpture:  tête  géante  des jardins Boboli (Toscane ) provenance  site: http://www.lumieresdelombre.com

A même la fleur,
Qu’un frisson effleure,
Les effluves se respirent,
A la façon du soupir
du jasmin rose .
Sa métamorphose
se poursuit jusqu’à l’oubli,
Au parc des jardins Boboli.

Une tête géante surveille
Les allées du sommeil,
Et s’extrait dans la douleur,
Du rêve brisé du sculpteur,
comme si le temple détruit,
retournait à sa nuit.

Les racines farouches,
issues de vielles souches
entourent, monotones,
les anciennes colonnes
évoquant la figure de plantes :
le décor de feuilles d’acanthe,
ainsi précipité au sol, roulé
… des siècles s’étant écoulés .

La jungle des fougères
envahit la pierre.
Le jardin d’abondance
sombre d’indifférence.
Nous sommes vers Florence,
un cheval ailé s’élance,

mais reste attaché au sol,
comme un symbole,
dont l’empreinte désuète,
devenue muette
d’un rêve dissous,
s’enfonce peu à peu dans la boue.

Le lieu retourné à sa solitude,
affiche sa décrépitude.
On voit même dans les bassins,
pousser des arbres assassins.
Des restes de troncs
ayant sombré dans le fond.

Les statues renversées,
étalent leurs membres blessés.
Personne ne venant à leur rescousse,
que le parcours des mousses.
On lit dans la pierre,
(en quelque sorte leur chair),
le frisson d’en finir,
avec leur passé pour avenir.

Rien ne sera comme avant,
comme nous le raconte le vent.


RC – dec 2015


Transports stellaires ( la nuit étoilée ) – ( RC )


starrynight

peinture:             V Van Gogh –       la nuit étoilée

On ne saura pas dire, s’il suffit  d’une  échelle
Pour  toucher le velours de la nuit.
Un tissu d’astres  s’y répand,
Comme une  corne  d’abondance

Car celui qui franchit les marches  du temps,
Peut  changer, en cas  d’urgence,
Les  étoiles qui se meurent
de froid et de peur
comme il le ferait de simples  ampoules.

Allumeur  de réverbères,
Van Gogh l’a tenté,
avec sa  « nuit étoilée »
en se jouant des courants  d’air.

Il est vrai  que certaines clignotent
( à qui la faute ? )…

Peut-être, justement,  du vent,
Qui voyage et se déroule
En les  bousculant,
La tête  à l’envers
dans un coin de l’univers .


Certaines  rêvant de voyager,
Confient,  pour celles  qui s’y prêtent,
D’étranges  messagers,
De la catégorie des comètes.

Traversant les orbites
des planètes
( et celle de leurs satellites ),
on pourrait craindre  qu’elles ne s’égarent.

Car nulle part
il n’y a de barrière
qui les séparent
De nos années-lumière :

les voilà soudain proches
ces comètes  voyageuses –
et leur consistance  de gaz et de roches,
ne les empêche pas,   lumineuses,
de foncer sans aucun bruit
Dans le vide sidéral.

On ne peut  dire  qu’elles  fuient
la compagnie  d’autres étoiles…
Mais  leur  éclairage ne suffit  guère
( après la nuit la boucle du jour )
A illuminer la terre
Dont le parcours,
change de dimension.
Son trajet elliptique
Forme nos saisons :
(traduction dans le langage  climatique ) :

Mais  revenons à   cette nef en transes
Qu’a peinte  Van Gogh
Dans le ciel de Provence …
Ce n’était pourtant pas les  antipodes…

Tout s’accélère  et tourbillonne
Au-dessus de la ville,
Le delta du Rhône,
Le moutonnement des Alpilles…

            S’emballe  soudain le carrousel      
Comme une vision après plusieurs verres d’alcool :
            Une immense  traînée  d’étincelles,
            Dans une  course folle

           Jaillit   dans le ciel de la toile
Ainsi Vincent put  atteindre,
L’aventure des étoiles,
Et n’eut plus qu’à les peindre ,

Nous laissant  approcher
     de si près leur nature,
Qu’on pourrait presque  les  toucher,
piquetées dans le ciel      de sombre azur.


RC –  juin 2015


Fresques du salon de thé ( RC)


peinture       Henri Marret :             fresque de la salle du Conseil des «Tréfileries du Havre» à Paris – 1923

L’ambiance propice aux papilles,

Convoque au logis,

Les épisodes de mythologie,

Et commence par la vanille,

La couleur sur les murs rit,

Il n’est pas question de fromages,

( que les jambes dépassent d’entre les nuages ),

Mais des attraits de sucreries,

Neptune et Jason sont invités,

Et dialoguent en écho,

Avec les tartes aux abricots,

Du salon de thé.

D’un trident ruisselant on verrait presque,

A la place des poissons, des pastèques,

Ananas, pêches, et fruits secs,

Evoqués sur la fresque.

Tout cela en couleurs douces,

Et teintes légères,

Sur les gâteaux, la crème pâtissière,

Voisine avec les mousses.

Les dieux sont hors d’atteinte,

Ils restent à distance,

Nymphes vident cornes d’abondance,

– … Dans les tasses les cuillères tintent.

On n’imagine pas, au dessus des meringues,

Des extraits de BD, héros et Superman,

Couronnant la crème à la banane,

Et que les méchants sortent leurs flingues.            

Wayne Thiebaud -  Chocolate cake

Wayne Thiebaud – Chocolate cake

Les superstars d’Andy Warhol,

Se sentiraient bien seuls,

Avec la tisane au tilleul,

Sans les vapeurs d’alcool…

Ou le portrait d’Einstein,

D’épaisse moustache,

. Glace à la pistache,

Et les variations Lichtenstein…

La musique va vous bercer,

Vous oubliez la soupe rance,

Et le monde de violence,

Dont vous êtes agressé…

Ici, le monde sucré et la crème fleurette,

Assorti d’une douce ambiance,

Petit doigt en l’air , – et bienséance,

Comme pour les pieds, l’épaisse moquette.

De toute cette crème épaisse,

Bénéficiez à satiété,

Couleurs pastels au salon de thé,

Et bruit discret du tiroir caisse.

RC  – 1er  octobre 2013

peinture:         Andy Warhol       –  Einstein


Richesse inutile ( RC ) – ( écho à Isabelle Dalbe)


photo perso -  dolmende l'Aumède  Chanac, Lozère

photo perso – dolmen           de l’Aumède     Chanac, Lozère

Aux pays lointains,
Ceux où le soleil s’attarde,
méridiens  d’Afrique,

La Noire

Ne s’imagine
Une couverture blanche,
Que la nudité du silence,

Il recouvrirait
A ce qu’on dit
Des terres  d’abondance,

Forêts  denses,
Rivières clarté,
Mais si loin encore,

Le froid  qui recouvre,
Etendues, et convoitées
D’autant de diamants,

La  blanche

Ce qui reste de cristaux,
Qu’on ne peut emporter,
Richesse inutile.

A portée de mains,
Glacée,
La neige se fond en elle-même.

RC –  25 juillet 2013


La neige

à Laurent Albarracin

La neige noue clepsydre et giboulées.
Elle fleurit la bombe de cet écho.
Dans la nudité de la blancheur
elle existe pour le silence.

La neige continue l’objet convoité.
Elle est le temple de la grêle.
Une poupée de la rosée
à hauteur de la vive allure.

A l’enseigne de nos pas
c’est un loup d’azur.
Tout un temps bâti
pour le huitième jour.

La neige se fond dans la neige.
Mère à-pic baptisée Ẻquilibre.
S’enterre sa racine phénix.
La neige ne s’arrache pas.

I. Dalbe

 

 

également ce texte  de Sophie G Lucas,  qui dit  quelque  chose  d’approchant à ce que j’écris…

 

extrait de  « Se recoudre à la terre »

on n’en fait rien de
la neige
(toute l’épaisseur de
ce monde dans une fenêtre)
tout juste se demande-t-on
comment ce sera une fois
que tout aura fondu
si la vie sera la
même
et si c’est bien la neige
qui bloque les siens
dans le
silence

 


Emily Dickinson – Dieu donna un pain à tous les oiseaux


 

photo Bev & Paul Mynott

Dieu donna un pain à tous les oiseaux,

A moi rien qu’une miette

Je n’ose la manger, même quand je meurs de faim ;

Cette miette est mon luxe émouvant.

La posséder, la toucher, c’est preuve légale

Que cette boulette est mienne ;

Je suis trop heureuse de mon sort de moineau

Pour en désirer davantage.

Il pourrait y avoir la famine autour de moi,

Je ne manquerais pas d’un épi,

Tant l’abondance sourit sur mon buffet,

Tant mon grenier paraît garni.

Je me demande ce que peut éprouver un riche,

Un prince hindou, un comte.

Je pense qu’avec rien qu’une miette

Je suis leur souveraine à tous.

God gave a Loaf to every Bird --
But just a Crumb -- to Me --
I dare not eat it -- tho' I starve --
My poignant luxury --

To own it -- touch it --
Prove the feat -- that made the Pellet mine --
Too happy -- for my Sparrow's chance --
For Ampler Coveting --

It might be Famine -- all around --
I could not miss an Ear --
Such Plenty smiles upon my Board --
My Garner shows so fair --

I wonder how the Rich -- may feel --
An Indiaman -- An Earl --
I deem that I -- with but a Crumb --
Am Sovereign of them all --

-
beaucoup des poèmes d'E Dickinson, peuvent être lus sur ce site, dans leur langue originale.