Antonio Reis – Mes mains
Il n’est pas
en mes mains
que désespoir.
Il n’est
pour mes mains
que travail
et sommeil
Il n’est que
gel
et brûlure
Il n’est
découragement
ni abondance
Il n’est qu’os
muscle
sang
Pores aussi
par où je transpire
Mais il n’est pas
de possession.
Antonio REIS revue« Action Poétique * (mars 1960) 11
Fresques du salon de thé ( RC)

peinture Henri Marret : fresque de la salle du Conseil des «Tréfileries du Havre» à Paris – 1923
–
L’ambiance propice aux papilles,
Convoque au logis,
Les épisodes de mythologie,
Et commence par la vanille,
–
La couleur sur les murs rit,
Il n’est pas question de fromages,
( que les jambes dépassent d’entre les nuages ),
Mais des attraits de sucreries,
–
Neptune et Jason sont invités,
Et dialoguent en écho,
Avec les tartes aux abricots,
Du salon de thé.
–
D’un trident ruisselant on verrait presque,
A la place des poissons, des pastèques,
Ananas, pêches, et fruits secs,
Evoqués sur la fresque.
–
Tout cela en couleurs douces,
Et teintes légères,
Sur les gâteaux, la crème pâtissière,
Voisine avec les mousses.
–
Les dieux sont hors d’atteinte,
Ils restent à distance,
Nymphes vident cornes d’abondance,
– … Dans les tasses les cuillères tintent.
–
On n’imagine pas, au dessus des meringues,
Des extraits de BD, héros et Superman,
Couronnant la crème à la banane,
Et que les méchants sortent leurs flingues.
–
Les superstars d’Andy Warhol,
Se sentiraient bien seuls,
Avec la tisane au tilleul,
Sans les vapeurs d’alcool…
–
Ou le portrait d’Einstein,
D’épaisse moustache,
…. Glace à la pistache,
Et les variations Lichtenstein…
–
La musique va vous bercer,
Vous oubliez la soupe rance,
Et le monde de violence,
Dont vous êtes agressé…
–
Ici, le monde sucré et la crème fleurette,
Assorti d’une douce ambiance,
Petit doigt en l’air , – et bienséance,
Comme pour les pieds, l’épaisse moquette.
–
De toute cette crème épaisse,
Bénéficiez à satiété,
Couleurs pastels au salon de thé,
Et bruit discret du tiroir caisse.
–
RC – 1er octobre 2013

peinture: Andy Warhol – Einstein
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Richesse inutile ( RC ) – ( écho à Isabelle Dalbe)
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Aux pays lointains,
Ceux où le soleil s’attarde,
méridiens d’Afrique,
La Noire
Ne s’imagine
Une couverture blanche,
Que la nudité du silence,
Il recouvrirait
A ce qu’on dit
Des terres d’abondance,
Forêts denses,
Rivières clarté,
Mais si loin encore,
Le froid qui recouvre,
Etendues, et convoitées
D’autant de diamants,
La blanche
Ce qui reste de cristaux,
Qu’on ne peut emporter,
Richesse inutile.
A portée de mains,
Glacée,
La neige se fond en elle-même.
–
RC – 25 juillet 2013
–
La neige
à Laurent Albarracin
La neige noue clepsydre et giboulées.
Elle fleurit la bombe de cet écho.
Dans la nudité de la blancheur
elle existe pour le silence.
La neige continue l’objet convoité.
Elle est le temple de la grêle.
Une poupée de la rosée
à hauteur de la vive allure.
A l’enseigne de nos pas
c’est un loup d’azur.
Tout un temps bâti
pour le huitième jour.
La neige se fond dans la neige.
Mère à-pic baptisée Ẻquilibre.
S’enterre sa racine phénix.
La neige ne s’arrache pas.
I. Dalbe
—
également ce texte de Sophie G Lucas, qui dit quelque chose d’approchant à ce que j’écris…
extrait de « Se recoudre à la terre »
on n’en fait rien de
la neige
(toute l’épaisseur de
ce monde dans une fenêtre)
tout juste se demande-t-on
comment ce sera une fois
que tout aura fondu
si la vie sera la
même
et si c’est bien la neige
qui bloque les siens
dans le
silence
–
Emily Dickinson – Dieu donna un pain à tous les oiseaux

photo Bev & Paul Mynott
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Dieu donna un pain à tous les oiseaux,
A moi rien qu’une miette
Je n’ose la manger, même quand je meurs de faim ;
Cette miette est mon luxe émouvant.
La posséder, la toucher, c’est preuve légale
Que cette boulette est mienne ;
Je suis trop heureuse de mon sort de moineau
Pour en désirer davantage.
Il pourrait y avoir la famine autour de moi,
Je ne manquerais pas d’un épi,
Tant l’abondance sourit sur mon buffet,
Tant mon grenier paraît garni.
Je me demande ce que peut éprouver un riche,
Un prince hindou, un comte.
Je pense qu’avec rien qu’une miette
Je suis leur souveraine à tous.
–
God gave a Loaf to every Bird -- But just a Crumb -- to Me -- I dare not eat it -- tho' I starve -- My poignant luxury -- To own it -- touch it -- Prove the feat -- that made the Pellet mine -- Too happy -- for my Sparrow's chance -- For Ampler Coveting -- It might be Famine -- all around -- I could not miss an Ear -- Such Plenty smiles upon my Board -- My Garner shows so fair -- I wonder how the Rich -- may feel -- An Indiaman -- An Earl -- I deem that I -- with but a Crumb -- Am Sovereign of them all -- - beaucoup des poèmes d'E Dickinson, peuvent être lus sur ce site, dans leur langue originale.