Armand Robin – Varsovie
Les places ont des bras de cobras,
Les maisons des gorges de paons.
Donnez-moi quelque antique pierre,
Que je me retrouve en Varsovie!
Je me tiens en stylite absurde
Sur la place, sous le candélabre ;
Je louange, admire et maudis
Le cobra, l’abracadabra.
Tel un paladin je m’enfonce
Sous les pathétiques colonnes.
Que me font le « Hall de Luxe » et ses mannequins
Peinturlurés pour le sarcophage ?
Ici les jeunes courent acheter des glaces !
Ha! tous ici sont très jeunes,
Leurs souvenirs confinent à des ruines,
La gamine va bientôt enfanter.
Ce qui a poussé en pierre restera!
Le pathos avec la camelote!
Ici tu apprendras ton alphabet,
Futur poète de Varsovie!
Aime cela en coutumière ornière.
Moi, j’ai chéri d’autres pierres,
Grises, véritablement grandes,
En leur cœur le bruissement des souvenirs.
Les places ont des bras de cobras,
Les maisons des gorges de paons.
Donnez-moi quelque antique pierre,
Que je me retrouve en Varsovie!
Un miroir refuse de répondre ( RC )
Les sorcières de Macbeth, en effet
Se posent des questions
En ne voyant plus, de la lune, le reflet
A l’intérieur du chaudron.
Ce sont dans les vieilles casseroles
Qu’on fait les meilleures soupes
Mais ce n’est plus très drôle
Quelle que soit la taille de la croupe
De ces dames, qui s’activent,
Incantations et recettes
En préparation corrosive
Qui nous laisse stupéfaite…
Et le bouillon, qui tangue
Dans son récipient de cuivre
Mêlé de cheveux et de langues,
De son fumet va poursuivre,
Sa matière épaisse et visqueuse,
Mais confisquer la lumière
Déchirure pouilleuse
Des mondes temporaires
Une planète noire
S’est échappée des reflets
D’habituelles trajectoires
D’un coup de balai
Comme les bassins des Tuileries
Décrits par Proust, comme des yeux
Vides de regard, où aucun ciel ne rit
Et un absurde jet d’eau, jaillissant d’un creux.
La fresque des frasques du temps
Va soudain se dissoudre
En un combat de géants
Et territoire des foudres.
Le miroir refuse de répondre
Et de renvoyer les rayons
Comme dans l’épaisse brume de Londres
L’emprisonnant d’un bâillon .
C’est sans doute qu’il n’y a rien à voir
Qu’une suite gigogne, emboîte
Ne pouvant percer le brouillard
Ni les volumes, recouverts d’ouate.
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RC – 3 février 2013
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Roland Dauxois: – Le vent soulève des présages
Le vent soulève des présages,
nous allons vite, tous les vivants vont trop vite,
et le coursier noir qui emportait lénore
nous emporte aussi en une course absurde.
Nous allons vite, tous les vivants vont aujourd’hui trop vite
en abandonnant la lenteur
nous avons peu à peu déserté les paysages de la pensée.
Que nous importe de rejoindre une autre rive lointaine
en quelques heures ou minutes
si notre esprit est enchaîné à ce corps
mué en un seul véhicule,
que nous importe cette liberté
si la distance amoindrie dans l’espace physique
devient un gouffre pour nos rêves.
Merci à Roland Dauxois, pour ses publications toujours appréciées… voir son blog…