Une éternelle Odyssée – ( RC )
peinture:V Velickovic soleil noir 1996
Ce sont des tranches de vie,
égrainant leur retour :
Il n’y a pas de répit
dans le défilé des jours;
L’un après l’autre, se succèdent,
ceux qui se déguisent.
Des heures belles ou laides,
sur lesquelles on n’a pas de prise
C’est cette âme en peine,
voulant atteindre les sommets,
et que le destin enchaîne,
au toujours et au jamais.
Voir la légende de Sysiphe,
portant son rocher,
destin de l’éternel sportif
n’ayant qu’ à recommencer.
( Les exploits de la veille
ne sont plus d’actualité.
Plongés dans le sommeil
Ils n’ont plus existé ).
Ainsi on atteint à peine le solstice,
que, d’un parcours inexorable
on plonge dans les abysses,
pour renaître semblable.
La marée va et vient,
Le soleil s’efface dans le noir
on ne se souvient de rien,
et c’est une autre histoire :
Pourtant rien n’a changé ,
On est plongé dans la nuit,
( celle de tous les dangers)
et l’on connaît l’ennui.
Ce n’est même pas la mémoire,
qui nous joue des tours,
mais du dévidoir,
l’éternel labour,
Revenant sur chaque sillon,
exactement au même endroit,
dont nous nous rappelons
à chaque tour de courroie.
Jamais elle ne se casse :
Tu as voulu l’étérnité,
– plus jamais le temps ne passe –
et tout est banalité .
Aucune place à l’accidentel
Tu as déjà parcouru les chemins,
d’un retour sempiternel,
qui ne porte plus le nom de destin.
C’est pourtant toi qui l’as voulu :
échapper à la trajectoire mortelle :
la quête d’absolu
t’as fait client de l’habituel
de la gravité terrestre, échappé
tu es comme un satellite
qui s’est drapé,
dans son orbite.
Ne viens pas te plaindre :
tes désirs ont étés exaucés;
Tu as pu atteindre
cette nouvelle Odyssée.
Tu auras des choses à dire,
beaucoup d’aventures dans ton poème,
mais à bien les parcourir,
on comprendra que ce sont toujours les mêmes.
Jean Vasca – les lointains
En nous sont les lointains nos îles nos ailleurs
Patrouilleurs dans l’opaque à chercher l’entrouvert
Nous sillonnons sans fin les ténèbres intérieures
Pour déchiffrer l’énigme aux portes des mystères
En nous sont les lointains de brume et d’inconnu
Lorsque les horizons entonnent leur complainte
Tenter l’appareillage à voile que veux-tu
Vers une rive d’or encore jamais atteinte
En nous sont les lointains nos traces nos sillages
Les naufrages du cœur les songes en carène
Cathédrales englouties et palais des mirages
Là-bas vers les abysses ou la nuit nous entraîne
En nous sont les lointains dessous les cicatrices
Les plaies qui se referment et qui suintent encore
Des souvenirs perdus dans tous les interstices
Des ombres d’amours mortes à l’envers du décor
En nous sont les lointains c’est là notre impatience
A vouloir l’au-delà de tous nos quotidiens
C’est l’écho d’un accord majeur qui nous fiance
A cette terre humaine ses troubles lendemains
Ces lointains qui rougeoient sous la cendre de l’âge
Braises encore des révoltes en nous comme un regain
Et sous le poids du temps lourd de tous ses outrages
La rage encore de vivre et son feu mal éteint
Jean Vasca
Vois le navire, il s’enlise – (RC )
–
Tanguent les beaux navires …
La mer n’est pas fidèle
Soudainement froncée de sels,
– L’horizon y chavire,
Au milieu de montagnes d’écume,
Vois le navire, il s’enlise,
Et des vagues subit l’emprise
Perdu sous le tissu des brumes…
– Sous la tempête inhumaine,
Que deviennent les ailes des bateaux,
Et qu’il pleut à seaux,
Quand les océans se déchaînent ?
Partis, fiers matelots
Maintenant , marins épuisés,
Mats et coques brisés,
Et les voiles en lambeaux…
Sombres les espoirs,
Autres qu’une dérive,
Et sans autre perspective
— Que la mer à boire…
Sous des paquets d’eau,
D’émeraude profonde,
Il y a dessous , tout un monde,
… Une foule aux yeux clos,
Des poissons des abysses,
Aux promesses de naufrages
Se fraient un passage,
Remontant des précipices.
Nourris de l’imagination,
De l’esprit du dessinateur,
Voila , de toutes les peurs,
Le réel, dépassant la fiction.
Les calamars géants,
Au regard incrédule,
Déploient leurs tentacules,
Sous un ciel phosphorescent,
Avides d’un prochain repas,
Sous la colère des éléments,
Les monstres attendent patiemment
Du frêle navire, le trépas….
….
Lorsque la tempête retombe,
Flottent encore quelques débris,
Il n’y a plus d’elle , qu’une mer assombrie,
De tout son poids de masse profonde.
—
RC – février 2014
Mangés par la nuit ( RC )
photographe non identifié
Soixante-neuf nuits au moins à l’étage,
Au-dessus du night-club,
Le rouge des néons,
Perforant les persiennes…
Comment pouvoir dormir,
Quand se jouent les abysses de la peau,
Le trafic d’une faune interlope
Juste en bas de la rue ?
S’agglomèrent comme des mouches,
Pour de petits sachets blancs
Des hommes furtifs, achetant des rêves
Avec l’odeur de l’argent.
On en trouve, certains matins,
Mangés par la nuit,
Derrière les poubelles,
Une seringue à la main.
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RC- 6 octobre 2013
Semé aux quatre vents – ( RC )
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Semé aux quatre vents,
descendre sur les toits,
dilapidée la joie,
perdu les esprits, renoncé à sa foi,
perdu pour toujours, et faire avec ce qu’il reste,
un chemin incertain,
une mémoire de l’oubli,
la tête dans un mouchoir,
suivre son étoile, de celle qui scintille,
à celle qui s’affole,
guidé vers l’inaccessible,
ou précipité dans les abysses,
je ne sais plus ce que je dois,
et dessiner le moi, – enfin celui qui m ‘habite,
ou me précède, et me dicte sa loi.
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RC – 4 juillet 2013
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