Formant une colonne chantante – ( RC )
photo perso – Burkina Faso
Il fallait que je marche
sur les sentiers secs
parsemés de pierres
et d’herbes sèches,
longtemps ,
depuis le village
– je n’en ai plus la notion –
pour arriver jusqu’au puits.
Il y avait un cercle de béton:
une rondelle comme une estrade,
où des femmes en pagnes
s’activaient à la pompe,
en exprimant la soif du monde :
il y a au village
toujours des bouches
qui demandent à boire…
Sous le soleil de l’Afrique.
l’ombre des manguiers ne suffit pas
à en tempérer l’ardeur….
Elles avaient la peau luisante
d’éclats d’eau et de sueur,
et riaient de me voir attendre,
empoussiéré,
une bouteille en plastique vide, à la main .
Elles s’apprêtaient,
quelquefois avec un enfant accroché au dos,
à prendre à leur tour
les sentiers secs
parsemés de pierre,
un gros bidon jaune,
en équilibre sur la tête
formant une colonne chantante .
–
RC – nov 2017
Autochtone – ( RC )
Image :: création perso 2005
–
On peut s’égarer dans la forêt,
Si tu ne connais pas bien le chemin,
et tourner jusqu’au lendemain,
– On n’en connait pas bien les secrets .
Tu peux te guider aux petits bruits
Les déplacements subtils
des yeux de la nuit
Le glissement des reptiles
qui te surveillent,
l’ombre taciturne,
éloignée du soleil,
les oiseaux nocturnes
cachés dans les frondaisons
mènent leur vie tranquille
comme sur une île
séparée de l’horizon.
Imagine-toi en Afrique
où les singes se répondent,
alors que tu vagabondes
dans un lieu typique
qui t’éloigne quelque peu
des sentiers balisés :
pas de Champs Elysées,
mais un autre milieu :
une jungle épaisse
qui s’auto-multiplie
et où jamais elle ne te laisse
faire un safari .
Tu vas tenter de te guider
avec ces bruits furtifs :
Voila ce que c’est de se balader
dans ce parcours évolutif.
Tu vas contourner de larges flaques d’eau,
des rochers de latérite
– des obstacles dans ta visite –
et toi, toujours sac à dos
Quand tout à coup, un bruit t’immobilise
et qui va grandissant :
C’est la démarche imprécise
d’un ce ces habitants :
On les nomme autochtones,
comparés à toi, l’étranger :
ce ne sont pas des hommes
qui portent le danger ,
mais de ces animaux
qui parcourent avec aisance
de grandes distances
par monts et par vaux :
En voila un à présent
qui écrase de grands végétaux
comme de vulgaires poireaux
en s’avançant nonchalament.
C’est un peu bizarre
cette rencontre inopinée ,
mais choisissant de se baigner
dans la première mare :
C’est une sorte de colosse gris
qui paraît immense
et tranquillement s’avance
sans forfanterie
Tu peux voir de trois-quart
l’animal et son curieux épiderme
maintenant au milieu des nénufars :
c’est un pachyderme
Un de ces géants
pas très discrets
mais qui connait bien la forêt :
tu pourras suivre en son temps
les traces qu’a laissées
négligeamment
le grand éléphant
dans son pas cadencé
pour retrouver en effet
avec les arbres aplatis,
rapidement la sortie
à la façon du petit Poucet
A la place des cailloux,
tu peux remercier ton baigneur
qui fut aussi ton sauveur
et tu rapportes une photo de lui, ( floue ).
–
RC – oct 2016
Veronique Joyaux – Poème à Salah
peinture – Joachim Patinir, Crossing the River Styx, 1515-24
J’écris aussi pour toi
prisonnier des geôles de Bagdad ou d’ailleurs
Pour toi que l’on fait taire que l’on torture
J’écris pour toi qui n’as pas de mots
Parce que tout enfant déjà tu travaillais
J’écris pour les femmes cachées
dans leurs voiles et leurs maisons
J’écris pour ceux qui n’ont pas la parole
pour leur donner existence et dignité
J’écris pour ouvrir les portes
Je m’immisce dans les interstices.
Si je devais rendre grâce ce serait à des silences
Silence entre toi et moi quand tout se tait et que les gestes parlent
Silence des amitiés ferventes des paroles suspendues
Silence des arbres dans la nuit
Des pas dans la neige un soir d’hiver très doux
Si je devais rendre grâce ce serait à l’infime
Une trace d’oiseau sur la terre ameublie
Un froissement d’aile entre les nuages étonnés
Une parole non dite un espace entre deux corps attendris
Si je devais rendre grâce ce serait à la poésie
Celle de Victor Jara dans un stade du Chili
De Nazim Hikmet dans les geôles de Turquie
De Dimitri Panine dans le Goulag de Sibérie
De Mendela dans l’Afrique meurtrie
De tous les hommes qui parlent
au nom de ceux dont la parole s’est tarie
Si je devais rende grâce j’en serais affaiblie
Mais riche de tous les infinis.
La nuit a juste oublié la lumière – ( RC )
–
Tu ignores tout de la nuit .
Elle a juste oublié la lumière,
Les belles saisons s’enfuient
Sous des manteaux de poussière,
Qui s’étendent en rideaux,
De latérite
Sur les routes d’Afrique :
Ces fils tendus entre des pays,
Dont beaucoup mordent la misère,
A pleines dents .
Car la nuit s’étale en plein jour,
La population ne connait d’amants,
Que les dieux de l’enfer .
Ce sont eux que l’on prie :
On dirait que le passé d’esclavage,
N’a pas suffi,
Toujours on se décide,
Pour le choix du fer,
Le goût du sang ,
Et ses ravages.
Ce ne sont pas les luttes fratricides,
Qui résoudront les choses :
Les groupes de fanatiques,
En répandant la terreur ,
Augmentent encore la dose,
Avec le rideau de la nuit .
Malgré la chaleur,
Le soleil reste extérieur
Bien loin de la terre ,
Et des démons de la guerre .
–
RC – mai 2015
Entaille de l’histoire de l’Afrique – ( RC )
–
Sur les pistes où sont passés jadis,
Au milieu des sables et des rocs,
Tant de caravanes, et de cris,
Tant d’esclaves enchaînés,
Aux êtres vendus comme bétail,
Arrachés les uns aux autres,
Sous le fouet
Et les griffures du soleil…
Sur ces pistes, ne subsistent,
Comme vestiges, juste le sable
Des couches en ont recouvert d’autres,
Comme les années l’ont fait .
L’entaille de l’histoire, cicatrice
Gravée de générations d ‘exil,
Est pourtant toujours ouverte
Mémoire du tribut du sang, de l’Afrique
–
RC – mai 2014
–
Langston Hugues – Weary Blues poems

photo: auteur non identifié le bluesman T Bone Walker
Et loin dans la nuit, il chantonnait cet air.
Les étoiles sont parties , et ainsi fit la lune.
Le chanteur a arrêté de jouer et est allé dormir
Pendant que le Weary Blues lui fait écho dans sa tête.
Il dormit comme un roc ou un homme qui est mort .
(ma traduction diffère sensiblement de celle fournie avec le poème entier en dessous)
And far into the night he crooned that tune.
The stars went out and so did the moon.
The singer stopped playing and went to bed
While the Weary Blues echoed through his head.
He slept like a rock or a man that’s dead…
—
( Le haut-parleur de « The Weary Blues » de Langston Hughes décrit une soirée à écouter un musicien de blues à Harlem.
Avec sa diction, sa répétition de lignes et sa prise en compte des paroles de blues, le poème évoque le ton lugubre et le tempo de la musique blues et donne aux lecteurs une appréciation de l’état d’esprit du musicien de blues dans le poème.)
–Langston Hughes, a laissé une œuvre abondante de poète, de nouvelliste, de dramaturge et d’essayiste. Les poèmes qui suivent sont extraits de son premier recueil paru en 1925, « The Weary Blues ».
d’autres poèmes de Langston Hugues:
LE NÈGRE PARLE DES FLEUVES
J’ai connu des fleuves
J’ai connu des fleuves anciens comme le monde et plus vieux
que le flux du sang humain dans les veines humaines.Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves.
Je me suis baigné dans l’Euphrate quand les aubes étaient neuves.
J’ai bâti ma hutte près du Congo et il a bercé mon sommeil.
J’ai contemplé le Nil et au-dessus j’ai construit les pyramides.
J’ai entendu le chant du Mississipi quand Abe Lincoln descendit
à la Nouvelle-Orléans, et j’ai vu ses nappes boueuses transfigurées
en or au soleil couchant.J’ai connu des fleuves :
Fleuves anciens et ténébreux.Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves.
(paru dans la revue « Crisis » en 1921)
–
I’ve known rivers:
I’ve known rivers ancient as the world and older than the flow of human blood in human veins.
My soul has grown deep like the rivers.
I bathed in the Euphrates when dawns were young.
I built my hut near the Congo and it lulled me to sleep.
I looked upon the Nile and raised the pyramids above it.
I heard the singing of the Mississippi when Abe Lincoln went down to New Orleans, and I’ve seen its muddy bosom turn all golden in the sunset.
I’ve known rivers:
Ancient, dusky rivers.
My soul has grown deep like the rivers.
MOI AUSSI
Moi aussi, je chante l’Amérique.
Je suis le frère à la peau sombre.
Ils m’envoient manger à la cuisine
Quand il vient du monde.
Mais je ris,
Et mange bien,
Et prends des forces.Demain
Je me mettrai à table
Quand il viendra du monde
Personne n’osera
Me dire
Alors
« Mange à la cuisine ».De plus, ils verront comme je suis beau
Et ils auront honte, –Moi aussi, je suis l’Amérique.
—–
I, Too
I, too, sing America.
I am the darker brother.
They send me to eat in the kitchen
When company comes,
But I laugh,
And eat well,
And grow strong.Tomorrow,
I’ll be at the table
When company comes.
Nobody’ll dare
Say to me,
« Eat in the kitchen, »
Then.Besides,
They’ll see how beautiful I am
And be ashamed–I, too, am America.
LE BLUES DU DÉSESPOIR
[THE WEARY BLUES]
Fredonnant un air syncopé et nonchalant,
Balançant d’avant en arrière avec son chant moelleux,
J’écoutais un Nègre jouer.
En descendant la Lenox Avenue l’autre nuit
A la lueur pâle et maussade d’une vieille lampe à gaz
Il se balançait indolent…
Il se balançait indolent…
Pour jouer cet air, ce Blues du Désespoir.
Avec ses mains d’ébène sur chaque touche d’ivoire
Il amenait son pauvre piano à pleurer sa mélodie.
O Blues !
Se balançant sur son tabouret bancal
Il jouait cet air triste et rugueux comme un fou,
Tendre Blues !
Jailli de l’âme d’un Noir
O Blues !D’une voix profonde au timbre mélancolique
J’écoutais ce Nègre chanter, ce vieux piano pleurer –
« J’n’ai personne en ce monde,
J’n’ai personne à part moi.
J’veux en finir avec les soucis
J’veux mettre mes tracas au rancart. »
Tamp, tamp, tamp ; faisait son pied sur le plancher.
Il joua quelques accords et continua de chanter –
« J’ai le Blues du Désespoir
Rien ne peut me satisfaire.
J’n’aurai plus de joie
Et je voudrais être mort. »
Et tard dans la nuit il fredonnait cet air.
Les étoiles disparurent et la lune à son tour.
Le chanteur s’arrêta de jouer et rentra dormir
Tandis que dans sa tête le Blues du Désespoir résonnait.
Il dormit comme un roc ou comme un homme qui serait mort.
———————–
Droning a drowsy syncopated tune,Rocking back and forth to a mellow croon,I heard a Negro play.Down on Lenox Avenue the other nightBy the pale dull pallor of an old gas lightHe did a lazy sway . . .He did a lazy sway . . .To the tune o’ those Weary Blues.With his ebony hands on each ivory keyHe made that poor piano moan with melody.O Blues!Swaying to and fro on his rickety stool He played that sad raggy tune like a musical fool.Sweet Blues!Coming from a black man’s soul.O Blues! In a deep song voice with a melancholy tone I heard that Negro sing, that old piano moan—« Ain’t got nobody in all this world,Ain’t got nobody but ma self.I’s gwine to quit ma frownin’And put ma troubles on the shelf. »Thump, thump, thump, went his foot on the floor.He played a few chords then he sang some more— « I got the Weary BluesAnd I can’t be satisfied. Got the Weary BluesAnd can’t be satisfied— I ain’t happy no mo’And I wish that I had died. » And far into the night he crooned that tune.The stars went out and so did the moon.The singer stopped playing and went to bedWhile the Weary Blues echoed through his head.He slept like a rock or a man that’s dead. –
NÈGRE
Je suis un Nègre :
Noir comme la nuit est noire,
Noir comme les profondeurs de mon Afrique.J’ai été un esclave :
César m’a dit de tenir ses escaliers propres.
J’ai ciré les bottes de Washington.J’ai été ouvrier :
Sous ma main les pyramides se sont dressées.
J’ai fait le mortier du Woolworth Building.J’ai été un chanteur :
Tout au long du chemin de l’Afrique à la Géorgie
J’ai porté mes chants de tristesse.
J’ai créé le ragtime.Je suis un Nègre :
Les Belges m’ont coupé les mains au Congo.
On me lynche toujours au Mississipi.Je suis un Nègre :
Noir comme la nuit est noire
Noir comme les profondeurs de mon Afrique.
—
I am a Negro:
Black as the night is black,
Black like the depths of my Africa.I’ve been a slave:
Caesar told me to keep his door-steps clean.
I brushed the boots of Washington.I’ve been a worker:
Under my hand the pyramids arose.
I made mortar for the Woolworth Building.I’ve been a singer:
All the way from Africa to Georgia
I carried my sorrow songs.
I made ragtime.I’ve been a victim:
The Belgians cut off my hands in the Congo.
They lynch me still in Mississippi.I am a Negro:
Black as the night is black,
Black like the depths of my Africa.
—
et toujours sur Langston Hugues, voir ma parution » fresque sur Lennox Avenue«
–
–
.
Richesse inutile ( RC ) – ( écho à Isabelle Dalbe)
–
Aux pays lointains,
Ceux où le soleil s’attarde,
méridiens d’Afrique,
La Noire
Ne s’imagine
Une couverture blanche,
Que la nudité du silence,
Il recouvrirait
A ce qu’on dit
Des terres d’abondance,
Forêts denses,
Rivières clarté,
Mais si loin encore,
Le froid qui recouvre,
Etendues, et convoitées
D’autant de diamants,
La blanche
Ce qui reste de cristaux,
Qu’on ne peut emporter,
Richesse inutile.
A portée de mains,
Glacée,
La neige se fond en elle-même.
–
RC – 25 juillet 2013
–
La neige
à Laurent Albarracin
La neige noue clepsydre et giboulées.
Elle fleurit la bombe de cet écho.
Dans la nudité de la blancheur
elle existe pour le silence.
La neige continue l’objet convoité.
Elle est le temple de la grêle.
Une poupée de la rosée
à hauteur de la vive allure.
A l’enseigne de nos pas
c’est un loup d’azur.
Tout un temps bâti
pour le huitième jour.
La neige se fond dans la neige.
Mère à-pic baptisée Ẻquilibre.
S’enterre sa racine phénix.
La neige ne s’arrache pas.
I. Dalbe
—
également ce texte de Sophie G Lucas, qui dit quelque chose d’approchant à ce que j’écris…
extrait de « Se recoudre à la terre »
on n’en fait rien de
la neige
(toute l’épaisseur de
ce monde dans une fenêtre)
tout juste se demande-t-on
comment ce sera une fois
que tout aura fondu
si la vie sera la
même
et si c’est bien la neige
qui bloque les siens
dans le
silence
–
Sabine Sicaud – jours de fièvre
Ce que je veux ? Une carafe d’eau glacée.
Rien de plus. Nuit et jour, cette eau, dans ma pensée,
Ruisselle doucement comme d’une fontaine.
Elle est blanche, elle est bleue à force d’être fraîche.
Elle vient de la source ou d’une cruche pleine.
Elle a cet argent flou qui duvête les pêches
Et l’étincellement d’un cristal à facettes.
Elle est de givre fin, de brouillard, de rosée,
Jaillit de chaque vasque en gerbes irisées,
Glisse de chaque branche en rondes gouttelettes.
Au coeur de la carafe, elle rit. Elle perle
Sur son ventre poli, comme une sueur gaie.
En mille petits flots, pour rien, elle déferle,
Ou n’est qu’un point comme un brillant dans une haie.
Elle danse au plafond, se complaît dans la glace,
Frappe aux carreaux avec la pluie. Ah ! ces cascades…
C’est le Niagara, vert bleu, vert Nil, vert jade,
C’est l’eau miraculeuse en un fleuve de grâce ;
Toute l’eau des névés, des lacs, des mers nordiques,
Toute l’eau du Rocher de Moïse, l’eau pure
D’une oasis perdue au centre de l’Afrique ;
Toute l’eau qui mugit, toute l’eau qui murmure,
Toute l’eau, toute l’eau du ciel et de la terre,
Toute l’eau concentrée au creux glacé d’un verre !
Je ne demande rien qu’un verre d’eau glacée…
Vous ne voyez donc pas mes doigts brûlants de fièvre,
Mes doigts tendus vers l’eau qui fuit ? Mes pauvres lèvres
Sèches comme une plante à la tige cassée ?
La soif qui me torture est celle des grands sables
Où galope toujours le simoun. Je ne pense
Qu’à ce filet d’eau merveilleuse, intarissable,
Où des poissons heureux circulent. Transparence,
Fraîcheur… Est-il rien d’autre au monde que j’implore ?
Alcarazas, alcarazas… un café maure
Et, dans la torpeur bleue où des buveurs s’attardent,
Un verre débordant parmi les autres verres,
Un verre sans couleurs subtiles qui le fardent,
Mais rempli de cette eau si froide, nette, claire…
Ah ! prenez pour cette eau ce qui me reste à vivre,
Mais laissez-la couler en moi, larmes de givre,
Don de l’hiver à ce brasier qui me consume.
Vous souvient-il de ces bruits clairs, dans de l’écume,
Au bord d’un gave fou ? J’ai soif de tous les gaves.
Les sabots des mulets, vous souvient-il, s’y lavent,
Les pieds du chemineau s’y délassent. Dieu juste,
Ne puis-je boire au moins comme le pré, l’arbuste,
Le chien de la montagne au fil de l’eau qui court ?
Cette eau… Cette eau qui m’échappe toujours,
Qui, nuit et jour, obsède ma pensée…
Ne m’accorderez-vous deux gouttes d’eau glacée ?
–
G M Chenot – Au toucher ou à l’ouïe
AU TOUCHER OU A L’OUÏE
L’Afrique en bandoulière
Et les yeux émerveillés
Par de tant de couleurs
Ou de nuances de noir
La lumière en héritage
Comme la douceur d’un fardeau
Qui s’évapore en souriant
Dans l’ombre des frondaisons
Et cette voix de femme ensorceleuse
Dont on fait des miracles
Des baisers ou des caresses
Dans la saveur de l’instant
–
écrit provenant du riche blog poétique de GMC
–
Mémoire de l’Art Africain – (RC )
Il y a, massives, les présences de bois, revêches et enfermées dans leur masse
Sévères les porteurs d’esprits, qui daignent à peine refléter les lumières.
La géométrie entaillée, de fentes pour les yeux, les masques qui ont dansé, encore habillés de fibres.
Que l’on imagine sur des corps noirs, et au soleil implacable de l’Afrique.
A l’abri de l’enceinte sacrée, Il y a tout hérissés de clous, les fétiches ,
qui voisinent les boîtes à onguents, et les calebasses ventrues,
chez celui qui va se guider de l’âme des ancêtres et jeter les cauris.
C’est un parcours, à gagner la faveur des éléments,
à espérer que la maladie soit tenue à l’écart, que le bonheur se construise, et que la pluie viennent caresser les récoltes…
Dans la lumière tamisée des grandes salles, l’éclairage étudié vient caresser les formes et les matières
nous raconter une autre façon de voir le monde, et de dessiner le destin.
Et si je pouvais, en capter une partie du mystère, debout deux jours durant, à faire voyager mon crayon
et donner un peu à voir de moi-même… je le ferais.
RC 17 juillet 2012
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statue ancestrale Teke (Congo)
-Figure masculine dont le corps est englobé dans une masse presque semi-sphérique composée d’argile mélée à des matériaux organiques. Le visage est couvert sur les tempes et sur les joues de fines scarifications verticales. Dans la masse en terre rougeâtre – qui est un « médicament » (bilongo)- sont enfoncés des clous et lames de métal, des plumes et d’autres éléments . Cette pratique magique était opérée par le nganga,féticheur, médecin, devin et spécialiste du rituel dans les sociétés bantoues d’Afrique Centrale.
–
L’art africain au Nigeria – les Yoruba
sur les Yoruba ( ethnie du Nigeria et Bénin).. vous trouverez de la documentation approfondie, chez « regard éloigné » , dont j’extrais ici, ce qui touche au côté artistique… et que j’illustre de deux croquis que j’ai faits récemment en regardant des masques de ce pays, de la fondation Pierre Guerre à Marseille ( visibles au musée de la Vieille Charité)
–
La partie en bois du masque doit répondre à des critères formels et esthétiques, à la fois précis et variés. Placé sur la tête, siège de la sagesse de l’homme, il incarne l’esprit de l’ancêtre fondateur de la société. Ses pouvoirs sont renforcés par la personnalité du porteur et la qualité de sa famille, même si, en principe, les spectateurs ne connaissent pas l’identité de l’homme sous le masque. Celui-ci doit danser à la perfection, car, à travers lui, c’est tout le prestige de la société qui est enjeu. Il doit également être aussi solide physiquement que moralement.
–
Les traits du masque gèlèdè sont soulignés par des scarifications sur les joues et le front, caractéristiques de la civilisation yoruba ou nago, qui en compte des dizaines de variétés. Si l’aire culturelle yoruba a développé la culture du masque à scarifications, ces marqueurs culturels et identitaires ne figurent pas sur tous les masques. Le Gèlèdè est le seul des deux classes de masques à en porter.. Les marques les plus courantes sur les masques gèlèdè sont le kpélé et surtout l’abaja. Le premier est constitué par trois traits verticaux sur chaque joue. Le second présente trois traits horizontaux, assez longs, sur chaque joue et trois autres, verticaux et plus courts, sur le front. Il faut noter qu’un grand soin est toujours apporté à leur parfaite et harmonieuse exécution. Les scarifications visibles sur les masques gèlèdè ou les figurines garnissant certaines tenues égun n’ont pas plus de signification que celles qui marquent les visages des hommes. Elles sont essentiellement un élément d’identification et un critère de beauté pour les hommes et les femmes yoruba.

dessin perso - avril 2012 Masque Yoruba Bénin ( l'identique à celui qui a inspiré mon dessin en 2001), Fondation P Guerre. Marseille
Beaucoup d’interdits et de tabous entourent les masques. Ils sont plus nombreux et entraînent des sanctions plus sévères chez les Égun que chez les Gèlèdè. Ceci s’explique par le fait que les Égun constituent des sociétés secrètes. Toutefois, la loi du silence est fondamentale pour les deux organisations.
Si aucun mystère n’entoure l’identité du « porteur du bois », comme on appelle souvent l’homme qui revêt un masque gèlèdè, nul ne doit cependant l’interpeller ou l’appeler par son nom pendant sa « sortie ». Lui-même devra s’abstenir avant, pendant et après la danse, de mentionner, dénoncer ou critiquer les sorcières Il lui est également interdit, au cours de la danse, de faire tomber son masque ou de découvrir son visage, même si tout le monde connaît son identité.
—
Chaque région du Nigéria possédant ses propres coutumes, croyances, ce pays est riche d’expressions artistiques diverses – dont les Yoruba sont – un « exemple ».
Au niveau artistique, cet article sur les masques indique plus précisément le lien avec l’art de Picasso
A noter que le musée des civilisations africaines, à Lyon, possède aussi de belles « pièces » Yoruba
museeafricain.jpg)
tabouret Yoruba, au musée de Lyon
–
–
Pantherspirit: – Vibrations Africaines au bord du Lac Rose
Vibrations Africaines au bord du Lac Rose
Afrique, terre de magie, de secrets, de couleurs
Dont les calices d’ odeurs enivrèrent mon cœur,
Tu ignores le blafard dans ton exubérance
Et tu ris du carcan de toutes nos convenances.
Te connaitre et t’aimer, c’est simplifier sa vie
Et ôter ses chaussures pour à toi être unie,
C’est dépouiller son âme de ses habits de ville
Et refermer la porte des attitudes serviles.
Tu réapprends l’essence de notre enfance passée
Pour transcender l’épure du mot humilité
Ou le sourire s’éclaire de perles spontanées
Ou la main ne prend plus mais s’élance pour donner.
Quand on goute à tes fruits notre corps se libère,
Devient l’enfant des sables pour écouter la mer
Ouvre ses lèvres au ciel pour savourer le vent.
Terre d’Afrique, tu effaces l’austérité du blanc.
————
petit commentaire perso;
j’ai pu vivre la justesse de sa phrase » la main ne prend plus mais s’élance pour donner. »
l’écriture fantasque des flamboyants (RC)

grand "haricot" ( fruit du flamboyant )
publié en écho à celui du « bal des flamboyants » – voir le blog de pantherspirit, qui m’a autorisé, par ailleurs, à publier certains de ses textes
Le long des routes de poussière
Le lointain horizon de notre erre
Entre les espèces clairsemées
Eucalyptus , manguiers parsemés
La terre, jeune épousée
En sécheresse avait l’air épuisée
Les herbes sèches pointaient , dures
A travers quelques craquelures.
Les flamboyants ayant perdu leur parure
Au feuillage aéré, portaient en chevelure
Leurs grands haricots noirs, comme des signes
D’une écriture fantasque que rien n’aligne
J’ai recueilli les fruits de leurs fleurs rousses
Quelques unes étaient tombées à terre ( leurs gousses)
Et je conserve encore aujourd’hui, mon regard étonné
A leur aspect de vieux cuir, au vécu , patiné.
Aux témoins exotiques, que j’ai fait voyager
Je pourrai proposer , un tableau paysagé
Aux couleurs différentes , en voisinage vert
Changeant d’une Afrique exsangue et sévère.
Mais il manquerait à ces plantes émigrées
Le sol où leurs racines ont prospéré de plein gré
Le voisinage aimable des hommes couleur ébène
Les vautours, et la faune, que necessité amène.
Où il faut faire avec le maigre
Au pays des hommes intègres
Celui les kapokiers et karités
De longue tradition invités
R Ch 21-janvier 2012