
sculptures Henri Laurens
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L’amour dessine dans mes yeux le corps convoité
comme un lanceur de couteaux
tatouant sur le mur avec crainte et adresse
la nudité immobile de celle qu’il aime.
Ainsi, dans l’ombre, fragments de ceux que j’ai aimé,
lubriques visages adolescents,
parmi eux je suis un autre fantôme.
Parfois, dans la nuit,
ils m’ont dit que mon cœur n’existait pas.
mais j’écoute les chansons ambiguës
d’un pays dévasté par les pluies.
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09/21/2017 | Catégories: Art, auteurs étrangers, fine arts, sculpture | Tags: adresse, alejandra pizarnik, amour, chansons, fantôme, fragments, nudité, nuit, ombre, pluies | Poster un commentaire

embrassant ton ombre dans un rêve
mes os ployaient comme des fleurs
*
le rebord silencieux des choses
le tu qui parcourt la présence des choses
*
ces yeux
ne s’ouvrent que
pour évaluer l’absence
*
qui m’a perdue
dans le silence fantôme des mots ?
*
des pas dans le brouillard
du jardin de lilas
le cœur retourne
à sa lumière noire
*
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10/14/2016 | Catégories: poètes connus | Tags: absence, alejandra pizarnik, brouillard, fantôme, lilas, lumière noire, mots, ombre, présence, yeux | Poster un commentaire
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peinture: Francis Picabia » Barcelone »
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Quelqu’un me regarde avec mes yeux.
Et ces yeux voient une pièce presque nue,
où la présence d’ombres se font et défont.
Des sons ne la franchissent pas,
et se répercutent d’un mur à l’autre,
indépendants.
Il se peut que ce soient mes propres phrases,
repoussées par les lueurs changeantes des lampes à pétrole.
Ainsi, quelqu’un parlerait par ma bouche,
et ce ne serait plus moi,
mais une mémoire de la nuit, enfermée ici ,
alors que de l’extérieur, le silence la compresse ,
comme sont compressés les jours.
Je ne les compte plus.
La nuit , aussi , ne compte pas les fleurs fanées .
Elles forment un tableau étrange,
celui d’un temps arrêté, nul,
saignant de ne pouvoir sortir, clos sur lui-même…
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d’après « Présence d’ombre » d’Alejandra Pizarnik
RC- nov 2015
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un texte-photo de Duane Michals, partage un peu ce thème:
Il rêva une nuit qu’elle vint et l’embrassa, et avec ce baiser entra dans son corps.
Elle regardait à travers ses yeux, et écoutait avec ses oreilles. Au matin, rien n’avait changé.
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11/08/2015 | Catégories: Art, fine arts, les arts nous parlent, peinture, self creation | Tags: alejandra pizarnik, bouche, chabriere, fleurs, mémoire, murs, nuit, ombres, phrases, saignant, silence, yeux | Poster un commentaire

art : Julian Schnabel 1987
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Nous vivons ici-bas une main serrée sur la gorge. Que rien ne soit possible était chose connue de ceux qui inventaient des pluies et tissaient des mots avec la torture de l’absence.
C’est pourquoi il y avait dans leurs prières un son de mains éprises du brouillard.
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Alejandra Pizarnik, L’Arbre de Diane
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07/23/2015 | Catégories: Art, poètes connus | Tags: absence, alejandra pizarnik, brouillard, gorge, main, prières, torture | Poster un commentaire

image – montage perso
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« Tu es pleine de pénurie. Quand il pleut dans la chambre qu’on croyait pourtant sûre, quand le sol s’ouvre comme une gueule terrible… On dirait que tout ça a été créé pour toi : l’enfer d’Alejandra. Même si on n’est pas amoureux, parfois, au beau milieu de la solitude, ou d’un abandon lugubre, surgissent des désirs que les autres ont aussi : une main sur l’épaule, des paroles affectueuses…
Tu ne fais de mal à personne avec ces désirs. En fait, ils ne demandent aucun réel effort à la personne qui pourrait (et devrait) les exaucer.
Aussi, parfois, en fait, tous les jours, à toute heure, un geste tendre ne déplairait pas à l’animal blessé que tu es, un mot affectueux, un sourire esquissé, mais pour toi, pour toi toute seule, et qu’aucun être humain ne pourrait retenir, personne, puisque tu ne connais personne en particulier.
Voilà d’étranges idées, qui ne peuvent surgir qu’en pleine solitude, après une longue et assommante journée, durant laquelle un corps fatigué et sans objet est demeuré prostré.
Ce que j’écris, je dois l’écrire pour quelqu’un d’autre que moi, puisque je ne me parle pas, ne m’écris pas et que ça ne m’intéresse pas de le faire. Quoi ? Je serais jalouse de ce destinataire anonyme ?
Si j’écrivais pour moi et si j’étais en phase avec mon délire, je n’écrirais pas ; s’il y a bien une raison pour laquelle j’écris, c’est pour que quelqu’un me sauve de moi-même. »
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30 juillet 1962, lundi – Journal 1959 – 1971 – Alejandra Pizarnik
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09/08/2014 | Catégories: auteurs étrangers, d'images, photography | Tags: abandon, alejandra pizarnik, délire, enfer, fatigue, geste, gueule, solitude, tendre | Poster un commentaire

peinture: Edw Munch fille à la fenêtre 1893
NUIT
Je sais peu de choses de la nuit
mais la nuit semble me connaître,
et même plus , m’aide comme je le voulais,
l’existence me couvrant avec ses étoiles.
Peut-être que la vie est la nuit et le soleil , la mort.
Peut-être la nuit n’est rien
On peut tout supposer
et les êtres qui vivent nulle part.
Peut-être les mots sont tous là
dans le vaste vide des âges
nous rayant l’âme des souvenirs.
Mais la nuit , a savoir la misère
Qui boit notre sang versé et nos idées.
Elle doit haïr nos yeux
Les sachant pleins d’intérêts, de malentendus.
Mais il arrive que j’entends le deuil de la nuit dans mes os.
Leurs immenses délires de larmes
et des cris ,disant,que quelque chose s’en est allé pour toujours.
Sans jamais de retour.
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LA NOCHE
Poco sé de la noche
pero la noche parece saber de mí,
y más aún, me asiste como si me quisiera,
me cubre la existencia con sus estrellas.
Tal vez la noche sea la vida y el sol la muerte.
Tal vez la noche es nada
y las conjeturas sobre ella nada
y los seres que la viven nada. Tal vez las palabras sean lo único que existe
en el enorme vacío de los siglos
que nos arañan el alma con sus recuerdos.
Pero la noche ha de conocer la miseria
que bebe de nuestra sangre y de nuestras ideas.
Ella debe arrojar odio a nuestras miradas
sabiéndolas llenas de intereses, de desencuentros.
Pero sucede que oigo a la noche llorar en mis huesos.
Su lágrima inmensa delira
y grita que algo se fue para siempre.
Alguna vez volveremos a ser.
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04/19/2014 | Catégories: Art, auteurs étrangers, fine arts, peinture | Tags: alejandra pizarnik, étoiles, deuil, malentendus, misère, mort, nuit, sang, soleil, souvenirs | 3 Commentaires

peinture: Bissière
L’OUBLI
de l’autre côté de la nuit
l’amour est possible
Prenez-moi-
Etre pris entre des substances sucrées
qui meurent chaque jour dans votre mémoire.
EL OLVIDO
en la otra orilla de la noche
el amor es posible
-llévame-
llévame entre las dulces sustancias
que mueren cada día en tu memoria
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03/14/2014 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, auteurs étrangers, fine arts, peinture | Tags: alejandra pizarnik, mémoire, nuit, oubli, possible | Poster un commentaire

peinture : P Prudhon – la vengeance poursuivant le crime
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Il faut sauver le vent
Les oiseaux brûlent le vent
dans les cheveux de la femme solitaire
qui revenant de la nature
tisse des tourments
Il faut sauver le vent.
(L’arbre de Diane)
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02/05/2014 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, auteurs étrangers, fine arts, peinture | Tags: alejandra pizarnik, cheveux, femme, oiseaux, tourments, vent | Poster un commentaire

peinture huile perso: rouge violet aux gestes (détail)
Alejandra Pizarnik – Invocations (Invocaciones, 1965)

Insiste en ton étreinte,
redouble ta fureur,
crée un espace d’injures
entre moi et le miroir,
crée un chant de lépreuse
entre moi et celle que je me crois.
***
Alejandra Pizarnik (1936-1972) – Les Travaux et les Nuits (Los trabajos y las noches, 1965) – Traduction Silvia Baron Supervielle
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12/01/2011 | Catégories: auteurs à découvrir, peinture, self creation | Tags: alejandra pizarnik, étreintes, chant, fureurs, injures, invocations, lépreuse, miroir | Poster un commentaire