Paul Verlaine – Divine Ignorante –

XVIII Si tu le veux bien, divine Ignorante, Je ferai celui qui ne sait plus rien Que te caresser d’une main errante, En le geste expert du pire vaurien, Si tu le veux bien, divine Ignorante. Soyons scandaleux sans plus nous gêner Qu’un cerf et sa biche ès bois authentiques. La honte, envoyons-la se promener. Même exagérons et, sinon cyniques, Soyons scandaleux sans plus nous gêner. Surtout ne parlons pas littérature. Au diable lecteurs, auteurs, éditeurs Surtout ! Livrons-nous à notre nature Dans l’oubli charmant de toutes pudeurs, Et, ô ! ne parlons pas littérature. Jouir et dormir ce sera, veux-tu ? Notre fonction première et dernière, Notre seule et notre double vertu, Conscience unique, unique lumière, Jouir et dormir, m’amante, veux-tu ?
XX Tu crois au marc de café, Aux présages, aux grands jeux : Moi je ne crois qu’en tes grands yeux. Tu crois aux contes de fées, Aux jours néfastes, aux songes, Moi je ne crois qu’en tes mensonges. Tu crois en un vague Dieu, En quelque saint spécial, En tel Ave contre tel mal. Je ne crois qu’aux heures bleues Et roses que tu m’épanches Dans la volupté des nuits blanches ! Et si profonde est ma foi Envers tout ce que je croi Que je ne vis plus que pour toi.
Chansons pour elle
Paul Verlaine
Œuvres poétiques complètes
Robert Laffont Bouquins
Jean-Luc Lagarce – j-etais-dans-ma-maison-et-j-attendais-que-la-pluie-vienne-
Jean-Luc Lagarce, écrivain, auteur d’un journal conséquent, et auteur de nombreuses pièces de théâtre, dont celle-ci , entendue en lecture, récemment, en extrait.,par des comédiens de la compagnie « Nocturne » – troupe de Clermont l’Hérault (34).,et qui présentera bientôt à Mende ( le 7 février)– « Le pays Lointain »,– du même auteur.
voila le « scénario ».de « j’étais dans ma maison »
J’étais-dans-ma-maison-et-j-attendais-que-la-pluie-vienne-
Cinq femmes dans la maison, vers la fin de l’été, de la fin de l’après-midi au matin du lendemain, lorsque la fraîcheur sera revenue et que la nuit et ses démons se seront éloignés.
Cinq femmes et un jeune homme, revenu de tout, revenu de ses guerres et de ses batailles, enfin rentré à la maison, maintenant, épuisé par la route et la vie … revenu à son point de départ.
Elles tournent autour de ce jeune homme, elles le protègent et se rassurent aussi les unes et les autres.
Elles marchent à pas lents, elles chuchotent leur propre histoire, cette absence d’histoire qu’elles vivent depuis qu’il les quitta, et son histoire à lui, sa longue ballade à travers le monde, sa fuite sans but et sans raison.
C’est une lente pavane des femmes autour d’un jeune homme endormi. On lutte une fois encore, la dernière, à se partager les dépouilles de l’amour, on s’arrache la tendresse exclusive.
On voudrait bien savoir.
Les soeurs et les épouses et les mères encore, et les amantes qu’on oublia et celles qu’on ne voulait pas voir, dont on ne voulait pas comprendre le désir et qui attendent, qui promirent d’attendre et qui le firent, au-delà du raisonnable, qui détruisirent leurs vies, leurs pauvres vies inutiles, à ne rien faire d’autre qu’attendre, en vain, sans autre raison que surveiller la vallée, la route qui descend vers la vallée et dont on perd peu à peu la trace, …
Tu peux passer à la page suivante, et continuer – ( RC )
Image : Toño Camuñas
Comme carnet de voyage,
garder les étiquettes des derniers achats,
les papiers de bonbons,
le ticket d’autobus,
la pin-up qui trône
sur le flacon du shampooing,
les diablotins
trouvés dans une pochette surprise,
l’autre jour au luna-park,
un extrait de la pub du produit
qui affirme détruire tous les insectes.
La carte de la dame de trèfle
( ouvrant une nouvelle ère de prospérité)
Ne pas oublier la mèche de cheveux
de la serveuse, qui fut l’amante…
et la page de BD déchirée,
qui patientait au fond d’un tiroir.
Disposer le tout de façon ordonnée,
dans le sens de la lecture,
utiliser une colle efficace,
relier par des quelques tracés au crayon
soulignant les ombres.
Un commentaire n’est pas nécessaire.
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et continuer.
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pour les images produites par Toño Camuñas, on pourra voir aussi Larry Rivers, et Mel Ramos, dans le domaine « pop-art »..
je partage et distribue
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04/10/2016 | Catégories: d'images, self creation | Tags: amante, carnet, chabriere, colle, commentaire, crayon, diablotins, insectes, luna-park, page, prospérité, pub, tiroir, trèfle, voyage | Poster un commentaire