Cendres de baltique – ( RC )
photo Greg Clouzeau
Je n’ai pas vu de désert de pierres vers la mer baltique,
mais des étendues plates
et des marécages
d’où s’envolaient les cigognes,
De ces lointains horizons, mutiques,
on a dissimulé les stigmates
sous l’oubli : ( un habillage ) .
La nature a fait sa besogne
Des forêts ont développé
leurs racines et frondaisons
sur des cadavres enfouis
et font corps avec les charniers .
Du sol détrempé,
du passage des saisons,
les arbres se sont épanouis,
se nourrissent des prisonniers.
Allez donc voir
du côté de Vilnius :
il y a des terres acides,
et des forêts de bouleaux
en retournant une terre noire,
il ne serait pas improbable de trouver des dents dans l’ humus ,
témoignage de génocide ,
ossements et pauvres oripeaux ,
( plus rarement des bijoux ).
Dans ces pays de baltique
il y a de l’ivoire
et de l’ambre
Vous pourrez en parer votre cou,
en visitant les boutiques;
mais qui vous parlera du désespoir,
et des cendres ?
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RC – mai 2017
Fernand Verhesen – Altéré d’herbe

peinture: Nicolas de Staël
Altéré d’herbe
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Altéré d’herbe aux épargnes du large, je renais voilier sur les bords d’aucun monde.
Solitude dans le matin dortoir des immensités.
Espace où se fonde l’errance, et de quelques îles rêvées se lève un vain désir d’ambre. Lourde patience de l’eau qu’effleure une étoile de sel.
Route des eaux due aux origines, retour de ce qui fut un jour
. Toute l’ombre de la terre n’est que léger envol d’écume.
L’oreille veille solidaire d’un écho.
Seul, le silence à haute voix de la mer se mêle au passage du vent.
La nudité sans rives.
De lointains regards parcourent en moi la plus longue lumière.
Fernand VERHESEN « Franchir la nuit »
(Le Cormier)