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James Joyce – musique de chambre – IV


photo  Chris  Wage

 

IV
L’améthyste du crépuscule mue
Et vire en un bleu toujours plus profond,
Sous la lampe les arbres de la rue

S’emplissent d’un vert et pâle rayon.
Le vieux piano compose un air,
Mélodie gaie, lente et légère ;
Courbée vers les touches jaunies,
Sa tête penche par ici.
Chastes pensées, grands yeux inquiets,
Et mains qui errent à leur gré –
Avec le sombre bleu persistent

Quelques lumières améthystes

 

 

NB  ce texte de James Joyce extrait de  « musique  de chambre »  a été publié aux  éditions « le Bousquet- la Barthe »


Emily Dickinson – poème 261


image - Dina Bova

         image –           Dina Bova

Poème 261//

Je tenais un Joyau dans mes doigts –
Et me suis endormie –
Le jour était chaud, et les vents péroraient –
Je me suis dit « Il ne risque rien » –

Je m’éveillai – et blâmai mes doigts honnêtes,
La Gemme avait disparu ,
A présent, un souvenir d’Améthyste
Est tout ce qu’il me reste –

Voir le site que Lady Sil consacre  à cette grande poétesse….


Constantin Cavafis – Pourquoi nous être ainsi rassemblés…?


 

« Qu’attendons-nous, rassemblés sur l’agora?
On dit que les Barbares seront là aujourd’hui.

Pourquoi cette léthargie, au Sénat?
Pourquoi les sénateurs restent-ils sans légiférer?

Parce que les Barbares seront là aujourd’hui.
À quoi bon faire des lois à présent?
Ce sont les Barbares qui bientôt les feront.

Pourquoi notre empereur s’est-il levé si tôt?
Pourquoi se tient-il devant la plus grande porte de la ville,
solennel, assis sur son trône, coiffé de sa couronne?

Parce que les Barbares seront là aujourd’hui
et que notre empereur attend d’accueillir
leur chef. Il a même préparé un parchemin
à lui remettre, où sont conférés
nombreux titres et nombreuses dignités.

Pourquoi nos deux consuls et nos préteurs sont-ils
sortis aujourd’hui, vêtus de leurs toges rouges et brodées?
Pourquoi ces bracelets sertis d’améthystes,
ces bagues où étincellent des émeraudes polies?
Pourquoi aujourd’hui ces cannes précieuses
finement ciselées d’or et d’argent?

Parce que les Barbares seront là aujourd’hui
et que pareilles choses éblouissent les Barbares.

Pourquoi nos habiles rhéteurs ne viennent-ils pas à l’ordinaire prononcer leurs discours et dire leurs mots?

Parce que les Barbares seront là aujourd’hui
et que l’éloquence et les harangues les ennuient.

Pourquoi ce trouble, cette subite
inquiétude? – Comme les visages sont graves!
Pourquoi places et rues si vite désertées?
Pourquoi chacun repart-il chez lui le visage soucieux?

Parce que la nuit est tombée et que les Barbares ne sont pas venus
et certains qui arrivent des frontières
disent qu’il n’y a plus de Barbares.

Et maintenant qu’allons-nous devenir, sans barbares  ?

Ces gens-là, en un sens, apportaient une solution.

traduit du grec par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras


Au voyage de la pensée, la concordance des rêves ( RC )


peinture: Couvent st Marc  Florence   Fra Angelico

peinture:           Couvent st Marc Florence                  Fra Angelico

Au voyage de la pensée, la concordance des rêves,

C’est aller vers la surprise, dans un univers clos, entouré de murs,
Prenons une ville ordinaire… laquelle  ne recèle peut-être  à l’intérieur,  que  du fonctionnel et de l’ordinaire  –  ça  peut  suffire …

–  mais  quelquefois  des écrins tapissés de merveilles,
comme le couvent St Marc à Florence, où le frère-Ange a laissé des traces miraculeuses de sa foi…

C’est  comme un fond de roches  rugueuses,  et gris-vert, que rien ne distingue de l’autre à part des formes  approximatives, et un peu biscornues… qui révèlent  en leur  coeur,  une  bulle,  un vide tapissé de cristaux  d’améthystes,  un univers  « privé », dans lequel on ne peut pénétrer  que par  effraction…

Les géodes,dans leur concentration et finitude, échappent, si on les garde intactes, à notre regard, …  on peut même les repousser  du pied ou à coups de pelles-mécaniques, sans  se douter de leurs  parois  d’oublis…
Seul la cassure accidentelle ou volontaire, nous les  révèle…  et les rend objets  de convoitise, de la part des collectionneurs, ou des museums d’histoire naturelle…

J’en reviens aux voyages  de la pensée, qui tapisseraient  de la même  sorte les  têtes–  si les pensées se matérialisaient…  et qu’il faudrait donc  ouvrir en puissance, afin de  pouvoir les lire.

– ( inspiré  de l’article  de P Lieutaghi   » lumière close », dans  « propos de Campagne » (1995)

 

RC –  13 juin  2013


Coeur améthyste ( RC )


Coeur graffiti        pour sac à main mandelia

 

Le  coeur de la terre
Va  tourner en rond
Brillant comme l’enfer
On n’en connaît pas le fond.

Et le coeur des choses,
Celui du milieu,
C’est à petites doses,
Ce qu’il y a de mieux.

Le coeur à l’ouvrage,
C’est bien, travailleur,
Celui qu’on partage,
Et met en valeurs
Le coeur voyageur,
Qui joue au  touriste
Traverse sans  douleur
Des épaisseurs  de schiste.

A  coeur  et à cri,
Empruntant le train,
C’est un nouveau pari,
Ouvert sur demain.

Le coeur  d’artichaud
S’ouvre de lui-même
Dès qu’il fait un peu chaud
Au chant des « Je t’aime ».

Les  coeurs  dilatés
Gravés au pied de l’arbre,
Gagnent en vitalité
Par rapport à ceux  du marbre

Le coeur des amants
Se prend dans la main
Ils ont tout le temps
D’assouvir leur faim…

Le coeur améthyste
Taillé en facettes,
Celui qui résiste
Se porte en amulettes.

Quand le coeur est triste
Ou bien mal en point,
C’est un jeu de pistes
J’en suis le seul témoin.

A résoudre les problèmes,
Je te donne ces vers,
vers le coeur du poème,
Pour repousser – je crois – les murs de l’hiver.

 

RC – février  2013


Antimatière ( RC )


Représentation d’un espace stellaire avec trou noir

 

 

 

Je vais suivre la piste aux étoiles

C’est un numéro d’équilibriste,

le vent du dehors, soulève les voiles

Il y a un ciel rose et améthyste

 

Qui se fronce et puis soupire

Sous la robe d’aurore boréale,

C’est un clin d’oeil en devenir,

Le tout, bordé de sépales

 

A l’aventure de cet espace

Je me projette …. dans cette antimatière,

pour y faire ma place,

J’emprunte une courbe altière,

 

Et, perdant ma pesanteur, je suis aspiré

Par la bouche d’ombre d’un astre noir,

Invisible dans l’espace, elle cueille les égarés

Et ceux qui y sont, – ne peuvent y voir

 

L’attraction céleste est si puissante

Que j’en perds mes esprits en chemin,

Rien ne freine dans cette pente glissante,

Même en jouant des pieds et des mains,

 

je suis à la merci d’une petite planète

Et quant à parier sur mon sort,

Dressé dans la tempête,

On me donne déjà pour mort…

RC – 29 octobre 2012