Antonio Gamoneda – Cecilia

Tu dors sous la peau de ta mère et ses rêves pénètrent dans tes rêves. Vous allez vous éveiller dans la même confusion lumineuse.
Tu ne sais pas encore qui tu es ; tu demeures indécise entre ta mère et un frémissement vivant….
…Entre en ta mère et ouvre en elle tes paupières,
entre doucement dans son cœur ;
Redeviens fruit dans le silence.
Soyez comme un arbre qui enveloppe la palpitation des oiseaux
et il s’incline, et en descendent le parfum et l’ombre….
plusieurs textes de cet auteur sont visibles, en traduction française sur le blog d’Ahmed Bengriche
Antonio Gamoneda – Je parle avec ma mère

photo Jock ( flickr)
Maman : tu es maintenant silencieuse
comme l’habit de qui nous a quittés.
Je fixe le bord blanc de tes paupières
et je ne peux penser.
Maman : je veux tout oublier
au fond d’une respiration qui chante.
Passe-moi tes grandes mains sur la nuque
tous les jours pour que
ne revienne pas
la solitude.
Je sais que sur chaque visage
on voit le monde.
Ne va plus chercher sur les murs, maman.
Regarde le visage que tu aimes :
dans chaque visage humain, mon visage.
J’ai senti tes mains.
Perdu au fond des êtres humains je t’ai sentie
comme tu sentais mes mains avant ma naissance.
Maman, ne recommence plus à me cacher la terre.
Telle est ma condition.
Et mon espoir.
on peut voir ce même texte sur le site lafreniere
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Antonio Gamoneda – Il existait tes mains
Il existait tes mains.
Un jour le monde devint silencieux ;
les arbres, là-haut, étaient profonds et majestueux,
et nous sentions sous notre peau
le mouvement de la terre.
Tes mains furent douces dans les miennes
et j’ai senti en même temps la gravité et la lumière,
et que tu vivais dans mon cœur.
Tout était vérité sous les arbres,
tout était vérité. Je comprenais
toutes choses comme on comprend
un fruit avec la bouche, une lumière avec les yeux
Exentos, I, in Edad
Poésie espagnole 1945-1990, Actes sud, page 181
Antonio Gamoneda
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