Quatre ans déjà – ( RC )
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Et toi, saupoudrée d’encre, ta page, celle qui m’est destinée,
suivant des parallèles, avec ces boucles calligraphiées,
parfois un peu tremblantes….. je pensais aussi aux temps,
où il fallait nourrir la plume métallique,
d’encre violette – ( elle y laissait aussi des reflets mordorés) .
Le fil des récits de ta vie là bas, accompagné de minuscules éclaboussures
– la résistance du fil du papier –
sous la lumière vacillante du chandelier, arabesques s’envolant,
se liant en fantaisie. Tu y joins un pétale de rose.
L’écriture appliquée, court ainsi sur plusieurs feuillets, régulière,
et les mots sur la page, posés sans effort,
….ce qu’il faut en quelque temps pour te dire, fluide et posée.
Et si la place vient à manquer, resserrer les lettres,
introduire une remarque entre les lignes,
qui parfois s’échappe en travers, ou bien donne dans l’angle droit,
sur la marge.
Ces paroles, à défaut de les entendre, nourries du geste souple de ta main,
conservées telles quelles, dans ta missive,
pliée en trois dans une enveloppe, couleur saumon,
ouverte par sécurité, dit-on.
Et les premiers mots de notre fils, les boucles hésitantes des mots gravitant
entre la rigidité des lignes grises , accompagnant le dessin d’un bonhomme tétard,…
çà doit être moi…
il y a écrit « Papa »… premiers mots à franchir les murs de la prison.
Quatre ans déjà.
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RC- 12 septembre 2013
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Un parcours avec Matisse ( RC )

peinture: Matisse, Capucines à la Danse II,,
Un parcours avec Matisse
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« Tout brille , tout chatoie
Tout est lustré, verni «
Et les couleurs toutes serties
Dansent encore des figures de joie
La danse, justement, s’anime,
Traverse la toile , en spirales
Gerbe de lignes, et trois tons qui s’étalent
Sans décor, d’aspect anonyme
Bleus et verts s’affrontent, lisses
avec des roses et orangés,
L’écho des odalisques, allongées
Des intérieurs fleuris, de Matisse

peinture H Matisse: intérieur rouge, intérieur jaune et bleu
Les bocaux de poissons devant la fenêtre
Voisinent des lignes arabesques,
Azurs teintés de rythmes, presque
Tout est verni, lustré, prêt à naître.
dessin : H Matisse : portrait de Marguerite
Mais aux portraits à la plume, en séries
Les formes jouent de lumière offerte
Et dialoguent, du papier blanc, ouvertes.
Le décor des motifs , le même que la tapisserie
Transmet à l’oeil son doute
Comme s’il faisait fausse route …
Dans les courbes et dans l’épure
Luxe, calme et volupté, point de lutte
Entre harmonie, enchaînement des volutes
Où la ligne ondule et s’aventure …
Puis la traversée d’un ciel, par les ciseaux,
Couleurs franches et gouaches découpées,
Savamment associées et groupées
Comme l’aventure migratoire des oiseaux…

Jazz- HM –
Jazz ( et rythmes déhanchés),
Bal des feuilles de figuier, détachées
Dans un autre espace , s’élance
L’art du peintre, par excellence.
NB les deux premiers vers » Tout brille , tout chatoie Tout est lustré, verni »,
est une citation de H Matisse lui-même.
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RC – 29 juin 2012
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