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Katica Kulavkova – deuxième soleil


peinture  Caspar Dav Friedrich

Deuxième soleil : Jupiter
– suprême-

Trop de dépravations et de détresses
l’une après l’autre
dans cette vie dont je refuse de témoigner
– de reconnaître qu’elle est à sa fin.
Avec l’idéalisme d’un demi-homme
et le handicap d’un centaure
je tends l’Arc
comme un ciel
comme un cœur.

Non par humilité, par égoïsme, je propose
une scène – réminiscence
où je pourrai durablement me reconnaître
peut-être pas seulement moi :

de ma bouche-poème en langue maternelle
jaillit la nostalgie obsessive
– pour ainsi dire un homme vivant
tandis que je reste inflexible
au même endroit
comme si je revenais

Mais je reviens, hélas!

Dans la zone frontalière du soleil surgit
un homme, lion et dieu désamorcé.
Tourbillon. Treuil. Toupie.
Eau, abîme, un pas quand même.
L’iconographie du trigramme résiste
aux règles et idoles saisonnières.
Il n’est pas de médiateurs entre le soleil et la femme
quand ils naissent.

Quelles affres pour sortir
de la tunique de feu dans laquelle
on m’irradia pour la première fois ?
D’où vient cette luxure
qui me fracture en mille couleurs
comme une truite dans les miroirs mâles?
Pour qui cette impulsion duelle ?
Pour qui ce soleil mouillé ?
Etre au ciel
et rester homme ?

***


Rémission ( l’oeil du serpent ) – ( RC )


peinture  - Peter Paul Rubens (1577–1640) - The Head of Medusa, circa 1618, Oil on Canvas Moravská galerie v Brně Brno}}

peinture – Peter Paul Rubens (1577–1640) – Tête de Méduse  –  1618, –  h  sur  toile  -Moravská galerie v Brně Brno}}

Tu descends dans un tourbillon sable mouvant de sable,


De mes mains , je brasse l’air

à grands coups de couleurs fauves ;

Elles marquent le passage des minutes vers une agitation solaire.

Avant que tu ne t’enfonces,

dans une étendue                        morne comme l’ennui.

La devanture de l’aube ruisselante , est témoin du rire des trompettes.

Tu es un serpent, trempé de frissons nocturnes,

dont le regard me traque, tout au long de mes nuits.

Des chapelets de pierres suspendues, bris de planètes,

Sont                      les ossements des anges déchus,

dont rien n’entrave la chute.

Le sang se fige dans la fièvre des rêves,

On en ignore la part du réel … :

Si tu as injecté le venin,        si le réveil en est l’antidote.

Car lorsque le jour tend son arc, telle une couverture que l’on retire,

Les délires finissent                 par faire pâle figure,

Et tu disparais,                        avalé par le sable.

On dirait              qu’il ne s’est rien passé.

Le mal est rentré               en lui-même,

Peut-être      pour ressurgir plus loin,

Brève rémission d’une contagion à venir .

Je le saurai quand mes yeux resteront fixés

à jamais ,                     sur les tiens.

RC –  mai 2015


Sylvia Plath – Ariel


peinture:  Hans Hartung

peinture:         Hans Hartung

 

Ariel

 

 

Stase dans l’obscurité
Ensuite le bleu sans substance
se déverse dans le tout ou rien et les distances

Dieu est une lionne,
comment de l’un nous poussons
pivot des talons et des genoux ! Le sillon
sépare et passe, sœur vers
l’arc
du cou que je ne peux saisir
Œil de nègre
baies des crochets d’un rôle obscur —
noir et tendre sang plein la bouche,
ombres.

Quelque chose d’autre
me traîne au travers de l’air –
fémurs, cheveux;
flocons de mes talons.
Blanche
Godiva, je t’épèle –

Et maintenant je
suis écume de blé, éclats d’océans.
L’enfant pleure
il se fond dans le mur.
Et moi je suis la flèche
la rosée qui vole,
suicidaire, à l’un allant tout droit
dans le rouge
Œil, le chaudron du matin.

 


Ulysse est de retour ( RC )


peinture: P Picasso Ulysse sirènes détail du centre: musée d’Antibes

 

Ulysse est de retour – c’est ce qu’il paraîtrait

Mais se souvient-on, encore de ses traits ?

Ou le reconnaître à quelque chose, peut-être sa bague ?

si son corps émerge un jour d’entre toutes ces vagues…

 

Or comme la chance tourne, aussi, les vents contraires

Permettent avec Neptune, un retour vers la terre

Contre les sorcières  —  des efforts insensés

Pour retrouver l’épouse, le pays (  au diable la Circé !)

 

Non loin d’une petite île,  la mer Egée, porte son épave

La côte dentelée,  chuchote un murmure, d’entre les agaves,

Les pins , les figuiers , jardin méditerranéen, de Picasso

Les fenêtres ouvertes, la terrasse blanche, et les plantes en pots.

 

Le voila debout,             couvert d’algues marines,

Et sa cuirasse,                  au cuir d’auréoles salines

Entreprend, blessure oblige, une ascension lente

Glissant des cailloux,           que fatigue sa pente…

 

En route pour sa demeure, il tient à la main

Une lance brisée,                un filet d’oursins..

Le retour fera la une, il va falloir que l’on danse

————-Après de longues années  d’absence.

 

Les animaux le reconnaissent d’abord,  –  têtes curieuses

Des récits du guerrier,     pêche miraculeuse

Les centaures,, les nymphes et les chèvres

Chouettes et hiboux, taureaux  – et même les lièvres

 

Ne se souviennent ni d’Hélène,  ni de Troie

Mais du héros au regard lointain   ( ou bien à l’étroit )

Car,                          bien au-delà de l’horizon des mers

Selon l’odyssée                       rapportée par Homère,

 

Il faut oublier le sang versé,           et les larmes

Enterrer les compagnons perdus, et les armes.

Le repos du guerrier évoque les femmes-fleur

La paix retrouvée diffuse du bonheur, l’odeur,

 

Pour célébrer                  » la joie de vivre « 

Avec Bacchus             à s’en faire ivre…

Notre héros  est de retour  !   La célébrité !

Devant quand même  décliner, son identité…

 

Pénélope,             ses prétendants à l’amour

Ne comptaient plus  (  après un tel détour)

Qu’ils puissent perdre                       leur pari

Et la dame,    sa patience    » en tapisserie »…

 

Qu’elle défaisait ,                         après le jour , la nuit,

N’a pas dormi,            pour mieux tricoter son ennui

L’araignée nocturne,  amante pieuse, re-défait sa toile

Comme faisant des voeux,                   ou porter le voile,

 

Fait  de ses semaines,une longue chaîne de patience

A refaire les gestes,       les mêmes,  en permanence

Mais guettant l’horizon,          et sa moindre barque,

Attendant Ulysse     –       lui seul sait bander son arc…

 

 

RC           16 juin 2012

– ( et liens  sur six oeuvres  de P Picasso)

 


Colonnes de mémoire ( RC)


photo perso:          racines de baobab à Boungou         (B Faso)           dec 2011

 

 

Bien au delà de la corde

Ce morceau d’arc de terre

Qui tend la distance

Et nos différences,

 

J’ai perçu l’inversion du monde

Comme si la tête en bas

Mes pieds étaient collés

Sur le socle du ciel.

 

Et j’avais à mon appui

D’immémoriales légendes

Des arbres sacrés

 

Dont les racines buvaient

Le ciel, et supportaient

Le monde de leurs pattes épaisses

 

Que le poids des siècles

Avaient plissé de mémoire

Enfouissant en profondeur

 

Au cœur de la sève fibreuse

Le passé douloureux d’une

Afrique à l’avenir incertain.

R Ch 09-01-2012

sur les créations  artistiques   –  en tout cas  mon rapport  avec l’art africain, consulter  également  voir aussi http://ecritscris.wordpress.com/2012/01/09/lart-africain-au-burkina-faso/

http://ecritscris.wordpress.com/2011/11/05/r-lart-africain-01-lhumanite-commence-par-le-nombril/
http://ecritscris.wordpress.com/2011/11/05/r-et-lart-africain-02-eklablog/
http://ecritscris.wordpress.com/2011/11/05/r-et-lart-africain-03-la-terre-cuite-du-ghana/
http://ecritscris.wordpress.com/2011/11/05/r-et-lart-africain-04-le-cavalier-et-la-figure-assisedogon/
http://ecritscris.wordpress.com/2011/11/05/r-et-lart-africain-05/
http://ecritscris.wordpress.com/2011/11/05/71/
http://ecritscris.wordpress.com/2011/11/05/r-et-lart-africain-07-croquis-musee-des-arts-premiers/

photo perso-  vieille herbe, jeune humain.   –        Boungou