Faisant suite à ma publication: « à l’ombre »,
j’ai trouvé un nouveau texte du poète cubain Armando Valladares, qui va dans ce sens, et qu’on peut lire ici…
– j’ai fait une légère modification ( à la fin) sur la traduction proposée.. voir
Armando Valladares.Poeta cubano. « Cavernas del silencio »1983

Tu dis être libre
-je ne sais pas si tu y crois
mais au moins le dis-tu.-
La liberté n’est pas espace
où l’on peut marcher
pas même un lit
où coucher à deux.
Tu dis être libre
et tu n’as pas de mots
car tu ne fais que répéter
-bouche fermée-
ceux qui te sont donnés.
La liberté n’est pas un pain
-parfois sur la table-
ni un peu de bière
ou de quoi fumer un peu.
La liberté c’est faire ceci :
écrire ce que tu penses
hurler ce que tu détestes
même si tu dois le payer
par des années de torture
même si tu meurs de l’enfermement
dans cette solitude.
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03/08/2012 | Catégories: auteurs à découvrir, inspiré de bloggers | Tags: Armando Valladeres, enfermement, hurler, liberté, solitude, torture | 1 commentaire
–
Quelques pas dans le couloir,
L’écho lointain du parloir
Se déplace avec le son
Cliquetis , le trousseau du maton
La démarche lente,
Les chaussures traînantes…
Et l’ouverture du volet de la porte
Sa face grasse encadrée de la sorte
Et le parcours de son regard louche
Traverse l’espace comme une mouche.
Une lumière un peu terne
Qui s’efface quand il ferme.
Je parcours le décor hideux
Des murs d’un vieux vert huileux
Par endroits graffités
La couverture sur le lit, mitée,
La table bancale dont j’ai hérité
Le formica de ses coins, effrité
Et mes poèmes qui s’empilent
Peut-être bientôt, mille…
– Grand bien me fasse –
Le long du temps qui passe…
Ajoutons , la vieille chaise en fer
Trois livres sur l’ étagère
Pour décrire l’austère
De mon univers
–*
La fenêtre carrée du troisième étage
A pour avantage
D’avoir une vue panoramique
Sur les arbres rachitiques
Et l’herbe pelée
Derrière les barbelés
Puis les miradors
S’ajoutent au décor
Au coin j’ai la vue
Sur une avenue
Un peu à l’écart
Du quartier d’la gare
Un quartier hostile
Du nord de la ville —
Les barreaux s’enlacent
Y a des bras qui passent
A travers l’acier
Du pénitencier.
Exposées en rage
Des mains issues des cages
Demandent conseil
Aux rayons du soleil
S’accrochent à un ailleurs
Qu’on voudrait meilleur
De ceux qui appellent
De ces moignons d’ailes
—
Pauvres garde-mangers
Il y a des rangées
De sacs plastiques blancs
Ballotés par le vent
On dirait que, des cellules
S’échappent des bulles
De la monotonie, du morne
Et de l’uniforme
Et quelques gardiens
Promènent leurs chiens .
Quartier artificiel
Qui grillage le ciel
Quartier d’sécurité
» Tu l’as bien mérité ! »
Pendant que les heures agacent
Se retournent et prélassent
Je suis égaré
Dans quatre mètres- carrés.
Etant dans mes chaînes
A purger ma peine
– Le temps s’est entêté
Et semble s’arrêter
En étant à l’ombre
A broyer du sombre
Bientôt trois années
Assis à ruminer
Elucubrations, divagations
A chaque occasion
» En avant toute ! »
–
Pendant que les gouttes
De cette satanée fuite
Dessinent et délimitent
Comme une sorte d’Afrique
Géographie maléfique
Ou bien une Asie
Sentant le moisi
Un contour sordide
Tout autant humide
Mais, glissant sous la cloison
En rêves d’évasion…
—
RC 4- 03 -2012
—
Et je remercie Brigitte pour son commentaire poétique…
Du coup je mets aussi ce poème de Armando Valladeres ,( poète cubain ) qui passa 22 années en prison (1960-1982) pour ses convictions chrétiennes et politiques. Armando Valladeres a écrit des poèmes d’une haute portée contre la dépossession humaine. L’un de ses textes porte les couleurs de la résistance et mérite qu’on s’y arrête:
« Ils m’ont tout enlevé , les porte-plumes
les crayons, l’encre
car, eux,
ils n’aiment pas que j’écrive.
Et ils m’ont enfoui
dans cette cellule de châtiment
mais même ainsi
ils n’étoufferont pas ma révolte.
Ils m’ont tout enlevé
– enfin, presque tout –
car il me reste le sourire
l’orgueil de me sentir un homme libre (…)
Ils m’ont tout enlevé, les porte-plumes , les crayons.
Mais il me reste l’encre de la vie
– mon propre sang-
et avec lui,
j’écris encore des vers. »
extrait de quand les mots dénoncent les maux…
—
voir aussi ce nouveau post, avec un autre texte de l’auteur cubain...
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03/05/2012 | Catégories: photography, self creation | Tags: acier, Armando Valladeres, étagère, évasion, barreau, chabriere, chaise, fer, fuite, gare, grillage, heures, hostile, maléfique, mirador, moisi, mouche, pénitencier, plastiques, poème, prison, rachitique | 9 Commentaires