Alain Helissen – ( my life on a horse back ) 10027810

Même le paysage s’interrompt dans ses éclats – ( RC )

peinture: R Magritte : le promenoir des amants.
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Et c’est illusion, si l’espace, que l’on pensait libre de contrainte,
se voit tout à coup enfermé dans une paroi.
Ainsi l’oiseau en plein vol se précipite dans le piège des vitres,
où même le paysage s’interrompt dans ses éclats .
C’est comme si l’élan était rompu (un baillon ).
On se voyait libre, de parler, de réfléchir, et de se dire ;
mais on se heurte aux faux semblants et aux étendards de l’arrogance .
Le souffle n’avait pas besoin de ponctuation ;
et voilà qu’on ne peut pas terminer ses phrases.
Le fil de la pensée est rompu ; on en arrive à ne plus oser se dire,
puisque vivre ne peut pas se faire, sans que des barrières soient imposées.
Certains aiment en jouer , parcourir les murailles d’un labyrinthe inextricable :
ils ont de l’ambition ; ce sont souvent des bavards et souhaitent avoir réponse à tout….
D’autres préfèrent leur parcours intérieur, visible d’eux seuls, et se réfugient dans le silence.
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RC – mai 2015
Citadelle de D – ( RC )
Toutes photos perso : citadelle désaffectée de Daugavpils, Lettonie oreintale
Point de cloche ici qu’un
aujourd’hui saccagé
Pourtant la lumière s’accroche
Aux lambeaux de sinistres blocs
Qu’ailleurs on dirait bâtiments
D’ oiseaux téméraires, oublieux d’un passé
empoisonné, pourtant s’approchent
Et les autres s’en vont.
Et viennent tisser des fils incertains
D’entre les arbres, qui lentement
Reconquièrent la place d’Armes
Etouffant soigneusement, des heures abrasives
Des symboles d’oppression
Aux réverbères géants
Jusqu’au kiosque moisi
Aux péremptoires sonneries militaires
J’écoute venir toutes les voix
Mais la musique du silence
L’extension insensible des branches
L’herbe folle d’entre fissures
Dessine, la fragilité des choses
Et l’arrogance géométrique
Du lourd, du laid, des pouvoirs ,
des voix claironnantes de l’arrogance .
Dans la Citadelle, l’ordre du cordeau
Se transforme, en « presque joyeux désordre »
Les rues défoncées, sont un chapelet
De sable et flaques réfléchissantes.
Poutrelles, et amoncellements divers
Gravats et encadrements pourris
Occupent indécemment les lieux
Marqués par la dictature du prolétariat .
Et triste est la rue , où , malgré tout
La vie s’insinue , confinée
Tout près de moi
Malgré le suint des lieux
Aux rumeurs vénéneuses d’un
Passé encore proche. Et le lierre s’accroche
Aux symboles de fer , des canons :
On en voit plus d’un , glisser avec l’ombre
En portant la nuit, sur ses épaules
Avant, encore, qu’on nettoie la mémoire
Comme on le ferait du sang répandu
Sur un carrelage – facile d’entretien.
En cours, une rénovation proprette, et des rues nettes
> Aux sordides carcasses, plus de traces…
Est-ce que le monde s’efface ?
Aux ensevelis, peut-être même plus de place
Faute d’avoir les leurs, ils ont – peut-être
Confié leur chant , aux oiseaux
Qui voient s’éloigner du trottoir
Les barbelés rouillés du désespoir.
la place d’armes et ses canons dressés.
La lumière à l’ arrière de mon âme – ( RC )
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document: keus.blogzoom.fr
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Elle a apporté la lumière à l’ arrière de mon âme.
Elle a pris ma main et m’a conduit hors de l’obscurité à laquelle m’étais habitué ,
où je fus ébloui par les rayons aveuglants.
Je restais à clignoter dans la lumière du soleil, et je tremblai de peur.
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Elle m’a porté vers sa lumière, si forte,
Que je ne pesais plus rien ; et le poids de l’ombre s’est évanouï,
Délaissé, comme l’arrogance des rêves acides, à l’éblouissement d’un présent,
Appréhendant de ne pouvoir y faire face.
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RC – août 2014
( la première partie est issue d’un court texte en anglais ( Andrea) traduit par mes soins :
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« She has brought The Light back to my soul.
She has taken my hand and led me out of the darkness
that I had grown accustomed to,
where I was dazzled by blinding rays.
I stood blinking in the sunlight, and I shivered with fear. »
Ticket pour un monde meilleur – ( RC )
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Il faut entrer à pas feutrés,
Ne pas faire craquer
Les marches d’escalier,
Nous n’avons pas de ticket …
L’entrée est surveillée
Par des hommes aux aguets.
Dans ce monde meilleur,
Pas de resquilleurs !
On les dit , de confiance,
Des sortes de cerbères,
Marqués d’arrogance.
On y voit Saint-Pierre,
C’est le gars musclé,
Une sorte de magicien,
Celui qui a les clefs,
( c’est lui le gardien),
Voyez comme qu’il se morfond !
Il prend racine comme l’arbre,
Les yeux au plafond,
Dans sa robe de marbre,
Dressé contre une colonne,
Pour y prendre appui,
Faut dire qu’il n’a vu personne,
Et cultive son ennui.
Et il y a Saint Paul,
Posé tout de guingois,
Dressé sur ses guiboles,
A lire le mode d’emploi,
Du parfait prieur,
Réglant les destinées,
( à apprendre par coeur),
Cà, vous l’aviez deviné…
N’étant pas très concentrés,
Sur leur mission,
On voit au fond, l’entrée,
– ce qu’on appelle une omission –
Et personne pour donner l’alerte,
…..Je vous assure
Que la porte est grande ouverte,
Les clefs ne rentrent pas dans la serrure,
Entre la foi et le doute,
Il y a si longtemps,
Que nous sommes en route,
Personne ne nous attend,
Après ce long voyage,
Qui nous aurait dit,
Qu’après ce carrelage,
S’ouvrait le paradis ?
C’est peut-être bizarre,
Mais, au terme de notre mission,
– c’est sans doute dû à notre retard –
J’ai une drôle d’impression…
Non mais sans déconner,
On ne voit pas de nonnes,
Cet endroit est-il abandonné ?
On ne voit personne …
Nous sommes les heureux élus,
…. Pas de remords…
On entre ici, et on ne sort plus,
Ce qui se passe dehors,
Maintenant, on s’en fiche !
Vois donc les statufiés,
Collés dans leur niche,
( Que leur nom soit sanctifié !).
Bon, ça manque de confort….
Je verrais bien un peu d’rénovation,
Le ménage n’est pas leur fort..
Les saints manquent d’ambition.
Faut dire que les prières,
Les ont un peu éloignés,
Des choses de la terre,
Ce qui plaît bien aux araignées.
Ou, je sais, c’est un détail,
Il faut pas trop s’en faire,
Les pieds en éventail…
Déjà nous avons évité l’enfer,
Et nos gardiens, même avec des habits mités,
Ou vieux comme ceux d’Hérode,
On voit qu’ils sont ici, pour l’éternité,
Avec leur tenue passée de mode.
Maintenant, dans ce lieu,
Qui ressemble à un couvent,
On dit …..que c’est la maison de Dieu,
On va le croiser – c’est pas si souvent …!
Nous en sommes déjà fiers,
Cela nous conviendrait
Même à se laisser couvrir de poussière,
Dans le file d’attente, s’il faut un ticket .
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RC- sept 2014