De l’ascension, à la mobilité des lunes – ( RC )
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Les efforts d’une ascension,
Où notre propre poids, nous tire en arrière,
Enfin couronnés de succès,
Lorsque le sentier s’aplanit,
Hésite entre des rochers,
S’enfonce dans les bois,
Alors que le ciel se raye,
Au dessus de ma tête,
De la trace blanche d’un avion,
En pointillé entre les nuages,
Et tirant des géométries,
Ignorant obstacles et reliefs.
…. A encore haleter,
De l’air coupant de la montée,
S’il faut encore savoir,
Où poser les pieds,
Entre les pierres,
Et quelquefois les flaques,
Je peux guetter,
A quelque distance,
L’abrupt d’une crête,
Couronnée d’une tour.
C’est sans aucun doute
Un point de vue remarquable .
> Un promontoire ,
Qui est comme promesse,
Une balise , posée là,
Accrochée à mi-chemin du ciel,
Probablement avant la descente,
Et le retour vers des zones,
Plus hospitalières.
…… Un panorama, où le regard
Planerait lentement au-dessus des vallées.
Mais arrivé à cet endroit, – Juste des falaises,
dépassant d’une masse cotonneuse,
D’un paysage nappé d’épaisses brumes.
Le silence alors, s’étendant, nu,
Et sans l’aimable courbe des vallées,
attendue,
Renvoyant à la mobilité des lunes.
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RC – février 2014
Eric Dubois – cendres sur l’ubac
De feu ma mémoire
Ne reste que cendre
Sur l’ubac
Sentiment qui ne se
Sublime pas
Que je veux fuir
Qui me saisit
Sur lequel ma conscience
Glisse et trépigne
Je rêve d’ascension
Et de lumière dans la futaie
Selon les anciens errements
Et qu’à la fenaison
Je cueille
Une violette pourpre
Pénétrante
Et secrète
de « Esclaves en larmes et larves » Eric Dubois « épaisseur du temps’
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Romain Verger- Ascension
Romain Verger, à l’écriture foisonnante, est l’auteur de « Grande Ourse », et plus récemment « Forêts noires », que je recommanderai pour la richesse de la langue et des images…
De ses parutions « feuilleton » de ses sept collines
C’est arrivé. D’un coup, sans douleur. Comme une dent morte extirpée d’une gencive blette. À chaque pas, la membrane gluante qui nous enveloppe se lézarde au coude et au genou, se déchire et tombe au sol en lambeaux.
Corps aimé j’étais, devenu étranger, rejeté et abandonné au jour cru, à pied d’œuvre : l’impressionnante ascension qui m’attend! Droit devant, mais jusqu’où ? C’est une cascade inversée de pâturages et de frisons ponctuée d’enrochements d’une blancheur d’os ou de meringue. Et ça monte vers la lumière, se répétant à l’infini. Un sol étagé, hérissé de séracs curieusement souples, qui appesantissent le pas. Et l’écorchée qui pèse, enroulée autour de mon cou, la tête engoncée dans ma peau pour fuir la lumière. Quand je détache le regard du sol, j’ai bien les yeux qui brûlent encore un peu — depuis quand n’ai-je plus vu le jour ? — mais elle… l’a-t-elle seulement connu ? Exposée au soleil, sa chair cramoisie ruisselle dans mon cou, d’un sang mêlé d’humeurs. Elle sue ou saigne, quelle différence ? Une caresse, une simple torsion de ma tête et la bête se liquéfie. Alors je sens ses griffes et crocs s’enfoncer dans ma peau, y fouiller pour retrouver le noir d’où nous venons.
Je monte. Je monte ébloui. La colline étincelle. Au loin, certains rochers ont des allures de villes suspendues. On y grouille et le lait de tigresse coule en abondance. Allez petite ! Accroche-toi !
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