Caméléon (RC)
Caméléon
Des colonies de fourmis se suivent
C’est à peine si on dirait qu’elles bougent
Même celles à tête rouge
Sagement alignées, – point de rétives.
Sous les vents désignés par la rose
Pucerons aux entrelacs des épines
Sous l’oeil de la grande assassine
Allongée, et qui prend la pose…
Voila , Messieurs, la reine des amantes
Celle assoiffée de globules
Vous copule , aux ciseaux des mandibules
C’est une verte, et lente, une mante
Religieuse, en sa prière
Immobile, en arrêt sur l’image
Compte de ses maris, le carnage
Derrière le rideau de lierre
L’épeire ma voisine, aux pattes, à poils
Fournit de fin tissage, son spectacle
D’une géométrie apparemment sans obstacle
A cueillir les mouches , en son étoile
Le tout bien considéré, … je m’habille en insecte
Je suis immobile, comme feuille verte
Et attend, la coulée des heures, la gueule ouverte
Punaises et moucherons, dont je m’ délecte
Je suis le caméléon, à langue agile
Peint de branches et feuillages
Nouveau costume et d’habillages
Sans grand besoin d’ustensiles
Je me promène, déguisé à ma guise
En lenteurs de promeneur
Et toujours en couleurs,
Des insectes, multipliant les prises.
RC- 6 juin 2012
–
retraits d’hier en hivers (RC)
Le manteau gelé de la falaise d’eau
mur de pâte bleutée, – un rideau
aux griffes du temps, la chape appesantie
immobilise la source, – déjà ralentie
La lave de froid, suspend les instants
de vie ruisselante, jusqu’aux printemps
la congèle, – directe assassine
en coulures blanches, jusqu’aux racines
Que même l’astre – de passage – épanoui
ne parvient pas à les rendre à la vie
se heurte et rebondit sur les cristaux
tranchants comme des couteaux
Il faudrait changer d’hémisphère
ou refaire un tour de la terre
d’un coup de baguette – magie
et libérer tout à coup – l’énergie
Laisser de côté le manteau de glace
Faire que semaines – se passent
que d’airs nouveaux, la vie se dope
qu’entre feuilles mortes,les herbes développent
Un timide tapis , duvet de bonheur
étoilé de fleurs – , mouvements,couleurs
et que reprenne les insectes, la course
des bourgeons et des sources
– C’est bientôt chose faite
l’hiver, en rétréci, détale sa défaite
accompagné d’accords musicaux
du refrain des chants des oiseaux
inspiré de « sous le manteau d’hiver » (JoBougon)