Réfractaire aux laboratoires – ( RC )
J’ai dû crever l’atmosphère :
des spirales m’entourent,
cristallisant l’univers :
il y a des miroirs tout autour,
qui bavardent tous ensemble
dans un grand palais des glaces
dont le centre flambe :
on dirait qu’on parle à ma place .
Ici, jamais le feu de s’éteint
et au milieu, je m’égare
ces discours ne sont pas les miens :
les reflets captent les regards,
> la lumière se plie , se déforme :
trop de gens se confient aux machines,
et portent l’uniforme
( beaucoup plus que l’on imagine )
c’est sans doute plus confortable
d’écouter leurs histoires ,
mais je ne suis pas programmable :
réfractaire aux laboratoires
comme aux puits de science
nourris de méga-octets :
> je contemple le silence
et me mets en retrait…
–
RC – fev 2018
La pierre s’était prise à rêver tout haut, qu’elle était un oiseau – ( RC )
–
–
Sans effort apparent,
Le caillou ricoche sur l’onde
Et prolonge sa course, au monde
Aussi loin que la force du jet,
Le lui permet…
–
Et la tanche regarde perplexe,
De son oeil convexe,
La pierre, toujours bondissante,
Si légère, … Elle chante
Ayant quitté ma main…
–
Puis, attirée par sa propre masse,
Et finissant par percer la surface,
Elle se résoud enfin ,
Finissant de flirter avec l’eau ,
A quitter sa peau,
–
Et s’enfonce à regrets, dessous,
Après quelques remous,
– mouillée de ses pleurs amers-
Quittant brusquement l’atmosphère,
Pour se reposer au fond,
–
…Entourée de poissons.
– L’eau poursuit vers l’aval,
Sa course, ( et l’avale ),
Maintenant bondissant ,
De toute la puissance du courant.
–
La pierre s’était prise à rêver tout haut,
Qu’elle était un oiseau… .
–
RC – 6 décembre 2013
After the gold rush ( RC )

photo jrs de son site
Au survol du printemps
Finalement, l’aile ouverte,
S’appuyant sur l’atmosphère,
Endolorie,
Ira se fondre
Et saigner dans d’été,
Une halte et un autre virage
peut être conduit au repos
Une ville abandonnée
Aux insignes blanchis ,
Le bois torturé
Au soleil ardent,
Les voitures,aux modèles lourds,
Fantômes rouillés,
immobilisés,
Dans les herbes hautes,
Elles vont à la reconquête
des prairies vides.
Peut-être pour l’oiseau migrateur,
L’occasion de se poser,
Quand le vent agite
Et secoue de vieilles tôles,
De vieilles enseignes,
– grincements –
Et ce qu’il reste de rues,
Poussiéreuses,
Menant plus loin à l’Ouest.
Suivre ainsi ,très loin,
Les routes rectilignes,
sous la course des nuages.
L’or du Far-West,
A filé entre les doigts,
De migrants de tout ordre,
Repartis d’ici, comme ils sont venus,
Incongrus
Poursuivant une richesse improbable,
Toujours ailleurs.
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Flyover spring
Finally, the wing open
Relying on the atmosphere,
sore,
Will go blend
And bleed into summer
A stop and another turn
may be conducted for a relaxing break
An abandoned city
To the bleached insignias
The tortured wood
Under burning sun,
Cars, heavy models
Rusty ghosts
immobilized
In the tall grasses,
They go to the reconquest
Of empty grasslands.
Perhaps for migratory birds,
The opportunity to arise,
When the wind moves
And shakes oldmetal sheets ,
Old signs,
– Grinding –
And what remains of streets,
Dusty,
Leading further to the west.
Follow thus them far,
The straight roads
Under the course of the clouds.
The gold of the Far West
Passing between the fingers,
Of all kinds of migrants,
Left from here, as they came,
Incongruous
Continuing with an unlikely wealth
Elsewhere ,Always .
–
RC – 3 septembre 2013
–
Dans l’instant, porté par la musique ( RC )
–
C’était donc dans l’instant
Porté par la musique,
Et les sons qui se cognent
Saxo trompette et trombone.
Et je prends le carnet,
Pour des instants prolongés,
Ceux que je vais dessiner
Et laisser sur le papier.
C’est donc dans l’instant
Porté par la musique,
Une danse des lignes,
Qui se croisent et puis riment
Avec les notes
Et l’atmosphère rêveuse
Juste ce qu’il faut de pose.
Enlaçant l’instrument
Les doigts des musiciens
Sur la brillance des cuivres,
Qu’il me faut transmettre
Avec mon pinceau.
–
RC – 18 février 2013
Lamelles immobiles ( RC )
–
Immobile dans l’image,
Epinglé dans le ciel,
Au théâtre des objets,
L’oiseau n’est pas réel…
Dessin de son passage,
Une portion de trajet,
Le bout d’une ligne,
Un instant de grâce,
Et peut-être le signe,
Le reflet dans une flaque
D’un ange qui passe
Et qu’à peine on remarque…
———–
Voyageurs en émotion lente
Le passager du jour
Succède à celui
D’une lourde obscurité
Et s’étonne encore
Que les choses en sommeil
Se révèlent au lendemain,
Cousines, ou bien semblables
A la même place
Et jouent à la permanence,
Même si l’atmosphère, leur peint des habits
De brume et de lumière.
Il y a des instants fugitifs
Qui modifient les contours,
Ajoutent des touches de couleur
Et désignent autrement
– La cathédrale de Rouen – que l’on croyait connaître
Quand s’élancent, immobiles
Les dentelles gothiques
A travers les siècles .
Mais, même plus modestes
Les images les plus offertes,
Qu’on voit sur les présentoirs,
Se trouvent reproduites
Presque à l’identique
Sur les cartes postales.
Les vues générales,
Prises du promontoire
En couleurs ou en gris pâle,
Sont des moments d’histoire .
Le décompte des heures,
Les transformations ( et petites différences)
A identifier – au jeu des sept erreurs-
D’un village de Provence …
En prenant la photo
Le passager du jour
Prélève, une fraction de seconde
Une infime portion du temps,
Et un peu de lumière
Comme une prise de sang
Aspirant le visible du monde,
Une piqûre éphémère,
Où se précipite, hâtif
Le paysage, en périmètre limité
A l’intérieur de l’objectif,
… un instant d’éternité.
–
RC – 13 novembre 2012
– texte auquel j’ai trouvé un écho, dans le blog de « le vent qui souffle »
Interfaces
La photographie n’était que le reflet arbitraire d’un instant arraché à la fosse béante du temps, et ne livrerait pas d’autre secret que cette fixité étrange et ce témoignage troublant d’une vie abolie mais qui avait existé. Ce n’était qu’une trace, aussi bouleversante que les empreintes de mains retrouvées dans les grottes préhistoriques. Elle continuerait pourtant, avec déraison,
parce que cette vie retournée au néant continuait de l’émouvoir, à scruter la profondeur de ce regard, à suivre le mouvement de ces lèvres qui essaient avec peine d’esquisser un sourire, à interroger ce front trop grand sous les cheveux relevés, à examiner cette broche dorée qui rehausse le corsage sombre, à s’émerveiller devant le col de dentelle fine fabriqué par des mains délicates.
Sa mémoire avait conservé des milliers d’images plus récentes, en mouvement comme dans un film. Ces images-là, douloureuses, s’enfonçaient peu à peu dans les couches inférieures de la conscience, accompagnées d’une sorte de sentinelle chargée de les veiller, de les protéger contre l’oubli définitif, mais aussi et peut-être surtout d’empêcher la souffrance d’une remontée à l’air libre…
Une sorte de filtre magique ne laissait passer que les formes simplifiées ou mythiques du souvenir. Il n’était pas impossible de croire que ces formes pourraient revivre de la même façon que les vestiges d’une civilisation disparue, avec le recul et la passion des archéologues, la passion préservant l’émotion, le recul faisant barrage à la douleur. Il devenait possible également de croire que ces empreintes de vie laissées par une morte rétabliraient un passage avec elle, la « encore vivante ».
Et tous ces signes, il fallait désormais les déchiffrer, les décrypter, les interpréter comme des indices sur son propre destin, contenu dans la forme ronde de ce petit miroir de poche, cruellement figé et glacé côté pile, insaisissable comme l’eau courante, imprévisible, inquiétant, effrayant comme un torrent dévastateur, côté face.
Inconstance, jongleuse de lune (RC)

peinture: Abraham Janssens:
Allégorie de l’inconstance vers 1617. — Madeleine renonçant aux richesses de ce monde, Palais des Beaux-Arts de Lille
–
L’art, dans l’imaginaire, nous transporte toujours
Et même crée devant nos yeux l’image de la pensée
C’est un paradis, un enfer, ou , des âmes , la pesée
Les dieux en combat, les allégories et amours
Au pays de muses, j’aime voyager, en bonne fortune
Dans les peintures, d’espaces translucides
A sortir de son mouchoir, lapin, ou bien lune
Jouer avec les symboles, homard et autres arachnides
D’un espace noir, et peut-être sans atmosphère
Mais agité de courants, fréquenté par les bêtes de la nuit
Et mouvements, tordant les voilages, , qui prolifèrent
Tandis qu’en bas, sous l’oeil des déesses, les hommes s’enfuient.
C’est le caprice de ces dames, la fantaisie des dieux
Qui fait le pluie et le beau temps, et notre destin
Notre sort , notre vie se joue, pour ici, en d’autres lieux
La conduite de ces affaires, n’est pas pour nous, à portée de main.
RC 12 mai 2012
–
Epopée orageuse des statistiques ( climatiques) – (RC)
Au vent de demain, supposé souffler fort et haut
C’est réponse à ta lune moribonde
Qui éteint dans son écharpe son petit monde
Aux filaments chevelure de vagabondages météo
Il faut aduler , perchés sur une échelle
Les images vagabondes, crinières en tresses
De la cavalcade fantaisiste des déesses
Zébrant l’atmosphère, passages en nacelles
L’étonnement des étoilées – bannières
Se penche jusqu’aux états Floride
Rêvant de retrouver bientôt le ciel limpide
Pour tracer leur destin d’astres – fières
De prétentieuses constructions élancées
Il faudra de cette vision, qu’on se console
Nous apparaissent géantes , que vues du sol
Mais le vent solaire pourrait bien tout balancer
En sortant de son chapeau quelque ouragan
Quelque tempête à démonter les murs solides
Des forteresses bordant les plaines arides
Assaisonné de montagnes vertes venues d’océans
Le temps se détend, d’un coup avec délice
Vomit sur les sols secs, une tempête de neige
Etend un manteau blanc sur les crètes beiges
Etonnées – comme nous – d’un soudain caprice
C’est l’occasion à faire parler les statistiques
De mentionner, ici et là, la terre qui bouge
Et graver sur les maisons du village un trait rouge
De l’inondation la mémoire du dit historique
La tempête aplatissant les arbres en pas de géant
Les fauves lâchés dans la nature, désorientés
Rescapés de l’arche de Noé – qui s’est échouée
Et remplir les colonnes -faits divers – mais c’était avant.
Avant, c’était hier – Le soleil est revenu, son petit four
Sèche les décombres , il faudra repartir
Après le grand coup de balai tout reconstruire
Repartir sur de bonnes bases ( dit-on avec humour)
Mais que sont donc ces résolutions
Sans voir plus loin que le bout du nez ?
En catastrophes futures, condamnés
A jouer toujours, en avenir, la répétition…
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— Inspiré des divers dérèglements climatiques, tsunamis, ouragans, etc… et en particulier du livre grandiose de Laurent Gaudé « Ouragan », ( Actes/Sud) qui, – plus que les éléments météo eux-même, –met en scène des hommes-fauves – désorientés – mais qui restent fauves malgré tout.
—— voir en celà mes deux parutions sur Ouragan:
Instigation: la parution toute récente de JoBougon
—
parution qui a sa « suite » avec « le côté lisse »