Renaissance sans attendre à demain – ( RC )

C’est maintenant …
je n’attendrai pas demain,
je compresse l’ombre
et parcours les veines de la terre.
Je convoque les complices du soleil
pour voler derrière les flammes :
– impatience de mes membres
qui s’extraient soudain des cendres – ,
pour renaître,
phénix au matin léger
du miracle de l’aube
dont j’emprunte les voies :
C’est aujourd’hui mon envol.
Je n’attendrai pas demain.
Pierre de Massot – Mirages

Ne quitte pas le bleu de l’aube
Avant que de mouiller tes doigts
Fragiles aux pieds du hasard
Et ta tunique invisible
« Le cœur trop lourd n’a plus ses cygnes
Pour étoiler vos rêves d’anges
Et nous buvons des fleurs si blanches
que la vertu sous neige signe ».
Le vaisseau noie ses ailes calmes
Dans le cristal où tu souris
Car les douleurs prennent de l’ombre
A la douceur des palmes moites.
(Paris-Journal, 1924)
Anthony Phelps – Quête

Je suis parti à ta recherche
parmi le feux follets des alpages
Sur la brune
j’ai guetté ton passage à l’u du chemin
Ma voix s’est amplifiée
et j’ai crié ton nom dans les couloirs du monde
Que tu chantes la planche ou magnifies la pierre
ou que ton bras fasse le geste qui emblave
le geste qui féconde les sillons de la terre
j’aurai nécessité de ta présence
pour engranger la moisson de nos rêves
Je t’ai cherché dans les cannaies
je t’ai cherché dans les rizières
sur les chantiers et dans les fleurs
pour que ton rire se mêle au mien
et que ton chant double mon chant
chant de semaille ou de moisson
chant de coumbite fraternel
chant du marteau et de la plume
rires aigus des dents de scies
et rires graves des machines
et notre rire et notre chant
mêlant leurs voix en l’aube neuve
Cerises noires – (Susanne Derève) –

Le morceau de ciel blanc d’une aube.
Sous les persiennes un reste de sommeil.
Dans le jardin des simples
de minuscules cerises noires,
dont le goût panse les tourments
plus sûrement que la nuit.
Il faut se réfugier très loin dans l’ombre :
à se laisser gagner par le sommeil,
on oublie que la nuit se doit d’être profonde,
tendue vers la douceur,
pour émonder le froid couperet du jour,
son trouble, sa fièvre, l’éclat des voix,
l’entame des aurores,
de cette pulpe noire des cerises aux branches
des vergers,
que les merles dévorent.
*
Interprété par Laurent Steed Chapelon :
Patrick Laupin – Un peuplier –

Nous courions. Nous avons couru sous la pluie vers ces ruines détachées du sommeil. Un peuplier. Lentement le village désert depuis les berges de l'aube. L'écriture des brumes et le matin nu sur ce peuplier. Que reste-t-il d'un peu plus lumineux dans ces premiers mots Quelle image alors déchirée et parlante semblable au vent semblable à la pluie semblable à la lumière morte comme ces yeux fermés
Patrick Laupin
LE JOUR L’AURORE
Poésie
Editions Comp’Act
Georges Jean- un soleil de fin du monde

Derrière ces nuages blancs
Naît un soleil de fin du monde
Les hommes sont tristes ce matin
Serrés dans les doigts de la brume
On voit aux portes des maisons
Croître des arbres de pierre
Des visages penchés sur l’ombre
Écoutent bruire le jour
Une pendule sourde partage
Le sommeil noir des survivants
Les chats de soie suivent la trace
Des oiseaux perdus de la nuit
Une voiture aveugle perce
Le voile calme du silence
Nous ne savons plus si c’est l’aube
Ou l’ombre du dernier rideau.
–
extrait de « parcours immobile »
Reconstitution du portrait – ( RC )

Ainsi vient la nuit,
quand le jour s’effrite,
griffé par les arbres .
La collision avec les nuages
apporte la pluie,
qui s’infiltre dans ses fissures.
Maintenant des sillons
se dessinent sur les vitres,
petits ruisseaux éphémères,
qui s’affolent et changent de direction.
Personne ne sait
ce qui réveille
les larmes endormies,
quand le vent se lève,
et se heurte aux vitres,
furieux d’une trop longue attente.
Les branches se soulèvent,
s’agitent, lourdes de reproches,
et traversent la pièce obscurcie.
C’est ton visage qui apparaît,
strié par les éclairs,
avant de se briser
en petits éclats de verre,
répandus sur le parquet.
J’évite de marcher dessus,
contournant notre existence.
Demain l’étonnement de vivre
refera surface avec l’aube,
et je reconstituerai ton portrait
comme je le pourrai.
Ne m’en veux pas
s’il en manque des morceaux,
il se peut que j’égare
le souvenir des jours heureux.
Parme Ceriset – me fondre au temps

Et je me fondrai au vent des hauts plateaux,
à l’odeur de calcaire, empreinte métallique
des rêves d’insouciance évadés dans l’or bleu
du temps qui s’évapore.
Je me fondrai à l’eau des ruisseaux de jouvence
où les âmes galets des humains disparus
roulent sous les flots calmes des vies en partance,
je me fondrai à Tout ce qui bruisse dans l’ombre,
à tout ce qui renaît aux lueurs de l’Aube
et je serai rosée sur les feuilles de joie
et je serai l’eau vive en ton cœur de vivant.
Textes extraits du recueil « Femme d’eau et d’étoiles » de Parme Ceriset (éditions Bleu d’encre, préface Patrick Devaux) paru à l’automne 2021.
franchir le seuil de la porte de la nuit – ( RC )

Me verrai-je dans les bras d’une aube
ou le temps monotone
essuie mes larmes ?
Ocre saison des soupirs,
yeux noirs des souvenirs .
Je ne renierai pas
la défaite de mon cœur.
Je ne verrai blanchir le jour
qu’au lever du soleil,
et tes cheveux seront pareils
aux pays lointains
couverts de neige,
berceuse douce
des jours passés …
toi qui est partie,
a franchi le seuil
des limites de la nuit.
J’en porte aujourd’hui le deuil.
Un matin où j’avance mes mains trop près du ciel – ( RC )

Peine perdue
aux volutes des pensées désenchantées.
C’est un matin
où j’avance mes mains
trop près du ciel,
car le silence me répond, :
celui de la nuit pailletée,
que brouillent les voix de la veille :
- de grands morceaux fragmentés
ne composeront jamais un poème :
miettes de croissants de lune,
emportées par la rivière,
un jour où le vent accompagne
les gestes lents du balayeur.
Puis il y a eu ce visage
entr’aperçu derrière les rideaux pourpres
d’une fenêtre
qui recomposa ton image,
elle que je croyais perdue,
piétinée comme des fruits trop mûrs
se mêlant aux souvenirs diffus
d’une aube incertaine ;
tintement léger de la mémoire :
réminiscences en pièces détachées
dans le jour candide
qui se mettait à renaître,
comme si de rien n’était,
alors je t’écris cette lettre,
que tu liras peut-être
toi ,
si loin du ciel,
mais proche de moi, en pensée…
Alain Leprest – J’ai peur

J’ai peur des rues des quais du sang
Des croix de l’eau du feu des becs
D’un printemps fragile et cassant
Comme les pattes d’un insecte
J’ai peur de vous de moi j’ai peur
Des yeux terribles des enfants
Du ciel des fleurs du jour de l’heure
D’aimer de vieillir et du vent
J’ai peur de l’aile des oiseaux
Du noir des silences et des cris
J’ai peur des chiens j’ai peur des mots
Et de l’ongle qui les écrit
J’ai peur des notes qui se chantent
J’ai peur des sourires qui se pleurent
Du loup qui hurle dans mon ventre
Quand on parle de lui j’ai peur
J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur
J’ai peur du coeur des pleurs de tout
La trouille des fois la pétoche
Des dents qui claquent et des genoux
Qui tremblent dans le fond des poches
J’ai peur de deux et deux font quatre
De n’importe quand n’importe où
De la maladie délicate
Qui plante ses crocs sur tes joues
J’ai peur du souvenir des voix
Tremblant dans les magnétophones
J’ai peur de l’ombre qui convoie
Des poignées de feu vers l’automne
J’ai peur des généraux du froid
Qui foudroient l’épi sur les champs
Et de l’orchestre du Norrois
Sur la barque des pauvre gens
J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur
J’ai peur de tout seul et d’ensemble
Et de l’archet du violoncelle
J’ai peur de là-haut dans tes jambes
Et d’une étoile qui ruisselle
J’ai peur de l’âge qui dépèce
De la pointe de son canif
Le manteau bleu de la jeunesse
La chair et les baisers à vif
J’ai peur d’une pipe qui fume
J’ai peur de ta peur dans ma main
L’oiseau-lyre et le poisson-lune
Eclairent pierres du chemin
J’ai peur de l’acier qui hérisse
Le mur des lendemains qui chantent
Du ventre lisse où je me hisse
Et du drap glacé où je rentre
J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur
J’ai peur de pousser la barrière
De la maison des églantines
Où le souvenir de ma mère
Berce sans cesse un berceau vide
J’ai peur du silence des feuilles
Qui prophétise le terreau
La nuit ouverte comme un oeil
Retourné au fond du cerveau
J’ai peur de l’odeur des marais
Palpitante dans l’ombre douce
J’ai peur de l’aube qui paraît
Et de mille autres qui la poussent
J’ai peur de tout ce que je serre
Inutilement dans mes bras
Face à l’horloge nécessaire
Du temps qui me les reprendra
J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur
J’ai peur
Le premier train – (Susanne Derève ) –

Le premier train part à cinq heures.
La nuit tapine encore
que déjà monte la clameur des rails,
ébranlant de ses wagons sonores l’année nouvelle.
Voyageur solitaire, tu guettes la naissance
de l’aube et tu regardes défiler la mer ,
les derniers bateaux à l’ancre , le port désert ,
le ruban incertain de la plage ,
puis tu t’enfonces, bercé par l’amble monotone ,
dans le vaste cœur des futaies qu’ensevelit la bruine,
comme une vague fouillant le sein lourd des terres ,
avant de t’endormir serrant contre ton corps ta mince gabardine,
indifférent à la nuit qui se retire bredouille,
loin de la foule et des lumières.
Ibn Zaydùn – fidélité

photo Roland Michaud 1967 – l’homme à la rose- Afghanistan
Je t’ai évoqué à Az-Zahrâ avec ardeur,
Le ciel était bleu, et la terre
Toute de splendeur vêtue.
Au crépuscule le zéphyr était doux,
Et s’accordait à l’âme,
Comme si, par compassion,
Il s’apitoyait sur mon sort.
Le verger de rosée souriait
Comme s’il portait des perles
Un jour comme tant d’autres de nos jours de plaisirs écoulés,
Nous veillâmes comme des voleurs,
Quand le temps s’assoupit,
Nous jouissions de ce qui séduit l’œil dans les fleurs,
La rosée les inondait jusqu’à les faire frémir sur leurs tiges.
Si ses yeux savaient mon insomnie,
Ils pleureraient sur ce qui m’affecte,
Et les larmes auraient brillé et se seraient écoulées.
Fleurs qui étincelèrent au temps de l’éclosion,
Accordant au matin la radieuse clarté des yeux.
Dans la nuit s’exhalent les senteurs du nénuphar assoupi
Qui dessillent, de l’aube, les paupières.
Tout dans la nature éveille
Le souvenir de notre passion
Au point que le cœur en est oppressé.
Que Dieu fasse que votre souvenir ne s’absente
Ni ne s’envole sur les ailes palpitantes des passions.
Si la brise de l’aube voulait porter mon fardeau,
Quand elle répand son souffle
Elle aurait conduit à vous un jeune homme
Que les coups du malheur ont fait dépérir.
Si un jour exauçait le désir de nos retrouvailles,
Il serait de tous le plus généreux.
Ô femme précieuse, sublime,
Toute pétrie de lumière,
L’aimée de mon âme tu serais
Si je te cueillais comme les amants la rose.
La tendresse était l’aire d’intimité
Que, librement, nous avons longtemps parcourue.
Aujourd’hui je chante, de votre règne, le passé révolu.
Dans l’oubli vous avez enfoui mon souvenir,
Mais l’amour de vous ne m’a pas déserté.
extrait du recueil paru chez » Orphée » ed la Différence.
c’est un auteur qui a vécu au 10 è siècle
Insomnie – (Susanne Derève)

Je me serrais tout contre toi
tout contre ton sommeil
et tes rêves me tenaient en éveil
longtemps …
Je me glissais furtivement hors du lit
pour leur faire place
et l’aube m’accueillait chargée de gris et d’ors
épousant les rives basses du fleuve ,
figée dans leur reflet,
n’était-ce l’aile noire d’un cormoran
se déployant sur l’eau et prenant son essor
pour prélever sa proie comme un orfèvre
avant de poursuivre sa route le cou tendu
vers les étraves des grands nimbus
au-delà des écluses et du havre silencieux
des grèves
Alors, en frissonnant je reprenais ma place familière
entre les draps
Je m’y serrais tout contre toi en refoulant tes rêves
avant de sombrer enfin dans le sommeil
mais je crois bien qu’ils m’attendaient
à mon réveil
et tu les poursuivais les yeux ouverts
Impromptu – Susanne Derève

Léon Spilliaert – La digue d’Ostende
Impromptu
Mot
rire sourire éclat
Dans le grand embarras du jour
le ciel hésite encore
entre brume et soleil
ombre close et lumière
pâle estampe que froisse la brise d’été
marine aux voiles blanches
un frêle esquif encalminé cherchant le vent
le vol impromptu du vent
l’éclat de rire des goélands
le mot à mot secret de l’aube
un sourire ténu aux lèvres du Levant
Philippe Jaccottet – Accepter

Naomi Tydeman – Grey and Silver Marsh.
Accepter ne se peut
comprendre ne se peut
on ne peut pas vouloir accepter ni comprendre
On avance peu à peu
comme un colporteur
d’une aube à l’autre
Poésie 1946-1967
nrf Poésie/ Gallimard
Adriana Mayrinck – Rideau de fumée
photo Dielucie
Dans la fente qui répand la lumière
Je ne trouve pas ton reflet
Dans le rideau de fumée
Qui nous sépare
Infranchissable
Je ne peux pas t’atteindre
À quel moment j’ai perdu le raccourci
Quel mot mal dit
T’a fait taire
Insomnie..
Je traverse le désert de l’aube
Dans la solitude accompagnée de ton souffle.
–
traduit du brésilien:
texte original:
–
Cortina de fumaça
Na fresta que espalha luz
Não encontro teu reflexo
Na cortina de fumaça
Que nos separa
Instransponível
Não consigo te alcançar
Em que momento perdi o atalho
Que palavra mal dita
Te fez calar
Insone
Atravesso o deserto da madrugada
Na solidão acompanhada pelo teu respirar.
Erri de Luca – la brebis brune
photo denvedarvro ( écomusée du musée de Rennes )
La brebis brune
Est la première agressée par l’éclair et le loup,
le tour de mauvaise chance qui gâte la couleur uniforme
du blanc troupeau.
Le jour la chasse, la nuit l’accueille
dans le noir térébenthine qui dissout couleurs et contours
et fait qu’elle ressemble aux autres.
La nuit est plus juste que le jour.
Face au danger le cri le plus limpide est le sien,
sur la glace de l’aube c’est elle qui marque la trace.
Où passent les confins, elle seule longe la haie de mures
Qui fait frontière à la vie frénétique, féroce, qui ne donne répit.
—
La pecora bruna
È la prima aggredita dal lampo e dal lupo,
lo scherzo di mala fortuna che guasta il colore uniforme
del bianco di gregge.
Il giorno la scaccia, la notte l’accoglie
nel buio d’acqua ragia che scioglie colore e contorno
e fa che assomigli alle altre.
La notte è più giusta del giorno.
In faccia al pericolo il grido più limpido è il suo,
sul ghiaccio dell’ alba la traccia è battuta da lei.
Dove corre il confine, lei sola rasenta la siepe di more,
e chi si è smarrito si tiene al di qua della pecora bruna,
che fa da frontiera alla vita veloce, feroce, che tregua non dà.
———-
traduction par Antonio Silvestrone : voir son site
Samira Negrouche – courir sans regarder derrière soi
peinture Michael Borremans
–
Avant que l’aube n’apparaisse, courir sans regarder derrière soi
les fleuves évaporés et les paroles effritées des sages de légendes.
Avant plus avant le soleil est d’une douceur clémente
m’apprend d’autres caresses et je deviens un poteau électrique
dans une plaine humide et je passe aussi vite qu’eux
sur le parcours d’un TGV pressé de rejoindre
ses rendez-vous parisiens à huit heures tapantes
Et je disparais.
Salah Al Hamdani – Lanceur de cailloux
À force d’espérer te revoir je vais reconquérir ton aube
Je vais ramasser les dattes gorgées de balles
et la main pleine
ne sacrifier à ta lumière
Aux nuits de l’exil
je vais jeter un pont de regrets sur le fleuve
et ensemencer les clos .
Jean-Michel Bongiraud – abeilles
animation Joel Remy – à partir du détail d’une peinture de G De Chirico
—
La transfusion des spirales est aléatoire
Et les mathématiques sont un chef-d’œuvre hypnotisant.
Tout jargon contredit l’univers et les sens.
Ce qui se cristallise sur mon palais
Ces miroirs qui ne parlent pas
La face contre l’écorce nul ne règle le compas !
Je dis une histoire une source mal écoulée
Un feu qui s’éteint au fond de nous.
L’abeille a-t-elle un buste semblable au mien ?
L’aube ne sera jamais nouvelle
Et les hommes ont rempli leur brouette de machines
.
Je lance un ultime pavé.
Un cerceau au loin tombe dans le ravin.
L’aube est pour demain – ( RC )
peinture: Paul Nash – We Are Making a New World, 1918
Dans un paysage lunaire,
il se trouve encore,
dans le jour qui s’éteint,
des troncs solitaires :
c’est ce qu’il reste d’arbres,
dont le tronc a été brisé,
les branches calcinées,
noires sur un fond gris,
au milieu
du désastre de la terre .
Ces troncs sont des témoins,
brisés mais restant debout,
à la façon de temples dévastés ,
aux colonnes solitaires ,
ne portant rien qu’elles-mêmes ,
absurdement dressées vers le ciel.
C’est une forêt après la tempête,
empêtrée dans l’hiver.
Mais celui-ci répond
au cycle des saisons,
et on peut distinguer,
si on s’en donne la peine ,
quelques silhouettes d’animaux ,
qui dénichent déjà
des jeunes pousses
qui prendront bientôt leur essor :
l’aube est pour demain .
–
RC – dec 2017
Jean-Pierre Schlunegger – Clairière des noces (extr)
photo Lydia Roberts
Je dis: lumière,
et je vois bouger de tremblantes verdures.
Je dis: lac,
et les vagues dansent à l’unisson.
Je dis: feuille,
et je sens tes lèvres sur ma bouche.
Je dis: flamme,
et tu viens, ardente comme un buisson.
Je dis: rose,
et je vois la nuit qui s’ouvre à l’aube.
Je dis: terre,
un sommeil aveugle, un chant profond.
Je dis: amour,
comme on dit tendre giroflée.
Je dis: femme,
et déjà c’est l’écho de ton nom.
Des étoiles miniatures – ( RC )
Et la nuit s’étend partout,
sur les collines, les rivières,
les forêts et les déserts.
Je m’étends sur le sol.
Les herbes devant moi
oscillent dans la fraîcheur du matin,
à peine visibles dans le ciel de velours noir.
Il y a toujours des astres qui scintillent
et dansent dans leur feu d’artifice.
Elles semblent soudain si proches,
qu’on pourrait les croire à portée de main.
D’ailleurs en voila qui zigzaguent,
dans une trajectoire imprévue
et clignotent en dansant .
Ce sont des lucioles,
comme des étoiles miniatures,
dont la lumière se dissout peu à peu
avec l’arrivée de l’aube.
–
RC – mai 2017
Bernat Manciet – Braises ma peau
XVI
Braises ma peau —mais une âme de gel
forte ma foi —- je n’ai plus rien à croire
bon œil — ma vue se refroidit
l’hiver me brûle et le printemps m’est fade
coffre solide — mais ne soit plus de brise
de chêne cœur — je suis las du certain
aimer me tient — l’amour me reste tiède
prière suis — mais demander me déplaît
Partir je veux — mais je sais tous sentiers
j’ai soif de pluie —et toute pluie m’est cendres
faim de mouton —toute chair me répugne
le soir s’éteint —pouvoir n’être personne!
l’aube va naître —et je cherche l’obscur
la nuit rayonne et ta lumière est morte