Rétrécissement – ( RC )
C’est une région qui s’éloigne, se rétrécit.
Le sol a commencé par se déssécher, se fendiller,
puis des failles plus profondes se sont ouvertes,
des arbres ont basculé, créant un moment
des ponts entre les lèvres de plus en plus écartées.
Des morceaux de terre se sont séparés,
comme lorsque la banquise se libère de la tenaille du froid.
Parfois la moitié d’un immeuble se poursuit
sur l’autre rive.
Il y a eu des effondrements,
suivant la calligraphie des fissures.
et le caprice des coutures – petit à ,petit, elles lâchent ,
Les rivières se sont vidées, se perdant entre les écailles
des collines, et leurs pierres usagées.
Des groupes humains en regardent d’autres,
massés sur les berges, qui s’éloignent inexorablement.
Personne n’essaie de les rejoindre,
comme si c’était dans l’ordre des choses.
Il se peut que ce soit un voyage
qui nous emporte de l’autre côté du monde,
non pas derrière l’horizon,
mais vers une destination où tout se recompose.
Déjà la lumière vibre à travers les têtes.
Nos voix ne sont plus les mêmes.
On oublie vite le langage,
et on s’accroche à ce qu’on peut.
–
RC – mai 2016
On ne peut se saisir de l’horizon ( RC )
–
Bien sûr, on ne peut se saisir de l ‘horizon,
Et si quelqu’un le peut,
ce n’est pas notre affaire.
Plutôt que convoquer Dieu,
Ce sont des mille feux de l’astre,ses rayons,
prodiguant leur lumière,
Ils se posent, si légers,
Que , même l’atmosphère les tolère
Et s’en émeut,
Jusqu’à les prolonger,
Comme en une serre
Et en devient bleue.
La planète poursuit sa route,
Se montre sous ses meilleurs atours :
Les îles et les continents,
Une terrestre croûte,
Parsemée, tout autour
De mers et d’ océans….
Il est vrai que la distance
enjolive les choses,
et que , sur place, demeurent,
beaucoup de différences…
Il y a des vallées moroses,
où des lacs se meurent.
Des forêts profondes,
perdues dans l’humidité
Des déserts de pierres
A l’autre bout du monde,
Dont l’aridité
Ignore le moelleux de la terre.
Eparpillés à la surface,
Les pays ne reçoivent pas le soleil
De la même façon,
Si les nuages s’amassent,
Dans leur zone de ciel,
Et leur procurent frissons.
C’est une sorte d’injustice,
diraient les grincheux
mais il s’en faut faire raison,
( Tout n’étant pas lisse,
On peut émigrer sous d’autres cieux,
Pour autre acclimatation….)
Pour ceux que ça agace,
Si le chaud s’éternise,
Et toujours, choque
On peut retrouver la glace,
Ou patiner sur la banquise,
Là où vivent les phoques.
Le soleil n’en a cure
Il distribue beaucoup,
Même par dessus les nuages
A travers l’azur,
( et même par-dessous),
il y a de l’éclairage .
Et en cas de pluie,
Ça va pas changer la face du monde…
Ni la chute brutale de cet orage,
On n’va pas s’enfoncer d’un coup dans la nuit,
Vu qu’avec la surface ronde,
On garde toujours un peu d’courage..
Il suffit que la planète,
Se tourne du bon côté,
Et présente son côté face,
Pour un demi-jour de fête,
C’est quand même générosité,
Avant qu’on ne passe
Au lendemain.
Une nouvelle révolution,
Qui encore s’invite,
Suivant le destin,
Du jour, l’éclosion,
En suivant son orbite .
Excusez du peu
De ce que capte la terre.
Le reste s’évanouit dans l’espace.
Notre étoile fait ce qu’elle peut,
De son explosion nucléaire,
Jamais elle ne se lasse.
Supposons, qu’un jour tenu en laisse,
Se perturbent les réactions
Le procédé s’inverse,
Et voilà le retour d’une couche épaisse,
Que l’on appelle glaciation
Les rayons rétrécissent et se dispersent
Comme l’ont vécu les dinosaures,
Trop habitués à se dorer la pilule,
A piller et à tuer .
Ce changement leur a causé du tort,
Car privés de canicule,
Ils n’ont pu s’habituer…
Nous voilà dans l’utopique,
Mais si cette période
pas si lointaine,
oubliait le réchauffement climatique,
Il faudrait, à cette nouvelle mode,
Se couvrir d’habits de laine.
De peaux de bêtes,
De la plus grande élégance,
de bonnets de fourrure :
– Les voyages en jets,
On s’en balance,
Car les temps sont durs…
Et puis ce serait partout pareil,
Une planète blanche et morne
Qui sommeille et patiente….
Rien de nouveau sous le soleil,
Dit-on— le sol uniforme
Décomptant des années lentes….
Ah ça — c’est l’égalité…
Plus de « quand-même », et se « si ».
pour tout le monde un bol d’air pur
( et de la même qualité) :
Ça c’est la démocratie…
Plus de privilégiés sur la côte d’Azur
Si ça peut vous rassurer,
On a l’temps de voir venir,
Nous n’en sommes pas encore là…
Vous avez encore quelques étés,
Et un peu d’avenir,
Pour repenser à tout ça…
–
RC – oct 2015
Richard Brautigan – C’est toi qui a voulu coucher avec elle
Transformé en flocon de neige comme par
un ours polaire invisible
– pauvre con,
tu te retrouves assis
sur le pare-chocs de ses baisers
alors qu’elle conduit la voiture
jusqu’au coeur de la banquise.
Chercher la source blanche – ( RC )
–
Tu cherches la source;
La source blanche,
En creusant plus avant,
Toujours plus profond,
Comme au sein de ta propre vie.
Mais peux-tu atteindre
l’Origine,
Et remonter à celle du monde ?
Cette quête pourrait bien
se prolonger sans fin,
Si, quelque part la terre,
était une gigantesque boule de glace ;
Une banquise unique,
Contenant en son centre,
A supposer qu’il existe – au sommeil de ta vie
le soleil glacé des inuits .
–
RC- fev 2015
Rabah Belamri – Cette nuit
1
cette nuit
la mer manque de tendresse
horizon de roches
afflux de rouille dans les membres
le pêcheur s’épuise à capter son visage
si près de l’abîme
2
les terrasses du sommeil basculent
l’écume se fait banquise
je reviens néanmoins contre ta hanche
dénudé par la rumeur de l’aube
3
même le ciel des prophètes prend feu
à ta crinière
ô Boraq de désir
tes ailes bleuies d’audace
inversent l’oeil de la mort
4
ce matin
l’île penche sous son poids de lumière
une fillette court sur la dalle des prières
je reçois les embruns de son rire
Rabah BELAMRI
Contre -temps, contre froid, d’exquis mots (RC)
Si l’art s’égare
Les cils vacillent
Se perdent hagards
Langue aboie
Poèmes de gare
Garçons de course
Course des regards
Contre-danses
Contre -temps
Accordéons rances
Club des fans
Elé – faons
Barris – sons
Morceau d’Banquise
Exquis -mots
L’hôte a ri
Sirop – thé
Frigide – Air
Un ptit froid s’est jeté
Le ballon a tourné
Sur son nez
L’échec (été mat)
Et le jus ( de tomate)
Les plus hauts des détours
Faire le tour de l’amour
Et la diagonale des fous
C’est reprendre du dessert
Et combien J’vous en sers ?
Et toujours au service
Fond du court de tennis
Le grand jeu, c’est tant mieux
Fait toujours des envieux
Et le phoque est parti
Sfaire la malle, danser l’ska
Kek part en Alaska
Vous dites, c’est une fuite?
D’aller voir les inuits ?
Et si c’était sa nature
De plonger en eau pure ?
Et l’eau pure, je la bois
Et la reine mate le roi
çui qui perd il se couche
Et d’eau pure elle fait douche
Sous une toile d’araignée
Nous irons nous baigner
Il faudra se changer
L’échiquier est rangé
Toutes les tours sont prises
C’est le temps des cerises
Et les fleurs sont écloses
Laissons faire les choses
Le supplice est si doux
On en rprend un ptit coup
Art: Caspar David Friedrich
Voir cet article dans son contexte d’échanges ? , c’est avec JoBougon, dans les commentaires de http://jobougon.wordpress.com/2011/09/25/richesse-du-sort/#comment-2095