Mars guerrier – Susanne Derève –

Ne me dis rien des pierres froides ourlées de l'herbe neuve du printemps, de la coulée d’or des jonquilles, ni des violettes du matin tout juste écloses, de leur parfum à ta narine. Le jardin est une chambre close où n’ont droit de cité que la trille du merle et les amours bruyantes d’un couple de colombes. Un fallacieux parfum de paix. L’arbre qu’éreintait l’hiver déploie hardiment ses têtières, étire ses branches nues, pénètre, sève ardente, par la fenêtre ouverte, entame sa tendre mue, Mais n’en dis rien Mars guerrier martèle de ses tambours les greniers du monde Ne va pas nouer dans le poème les tresses d’un printemps barbare d’une sanglante ronde où les fleurs de ta bohème ne sont qu’un voile obscène jeté sur les décombres de la haine.
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03/14/2022 | Catégories: Susanne Derève | Tags: barbares, décombres, haine, jardin, jonquilles, Mars guerrier, oiseaux, printemps, Susanne Derève | Poster un commentaire
Alejandro Oliveros- Barbares –

C’est de la mer
que vinrent les barbares.
Leurs cadavres barbus
furent recouverts
par le sable.
C’était il y a longtemps,
mais je m’en souviens bien;
nous pensions qu’ils étaient
partis pour toujours.
La deuxième fois,
ils ne vinrent pas de la mer
ni de nulle part.
Ils dormaient avec nous,
dans le même lit,
sous le même toit,
détruisirent
tout ce que nous aimions.
Quand ils se retireront
– les barbares se retirent
toujours -,
nous ne bâtirons
plus de murailles,
nous jetterons des ponts
pour laisser l’eau
aux barbares.
.
A Herman Sifontes
Legaron por mar,
los barbaros.
Sus barbudos cadaveres
fueron cubiertos
por la arena.
Eso fue hace mucho tiempo
pero lo recuerdo bien,
creiamos que se habian
marchado para siempre.
La segunda vez
no llegaron por mar
ni por ninguna parte.
Dormian con nosotros
en el mismo lechos
bajo el mismo techo.
Destruyeron
todo lo que amabamos.
Cuando se retiren
– los barbaros siempre
se retiran -,
no construiremos mas murallas,
levantaremos puentes,
para dejar
a los barbaros en el agua.
Le Royaume perdu
Editions Conférence
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02/28/2022 | Catégories: auteurs étrangers | Tags: Alejandro Oliveros, barbares, La horde des Barbares, Le Royaume perdu, Max Ernst, ponts | Poster un commentaire
L’aile d’ombre du vautour – (Susanne Derève) –

Ce qu’ils disent, la poussière des mots qu’ils te lancent, n’est pas fait pour que tu l’entendes C’est la poudre à canon des marchands de sommeil, et tu dors plus sûrement qu’au premier soleil le lézard sur les pierres Ecoute, de ton oreille posée tout contre le sol gelé trembler le galop de leurs chevaux barbares le roulement des tanks dans les rues noircies de l’enfance d’où jaillissaient de si tendres soleils le cliquetis du fer l’éclat rouge des armes et déjà ,l’aile d’ombre du vautour
Publié dans Lichen Avril 2022
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02/26/2022 | Catégories: Susanne Derève | Tags: armes, barbares, canons, chevaux barbares, guerre, Susanne Derève, tanks | 4 Commentaires
Robert Vigneau – L’Olive
L’OLIVE
La petite olive noire
A fait gicler sous mes dents
Son huile amère en mémoire
De mes grands antécédents :
Hubert, Maurel, Cancedda,
Amilliastre, Délébroute,
Ardolade, etc. :
Cette olive pour absoute!
Ma bouche se peuple d’ancêtres
Par la saveur de ce fruit
Qu’ils plantaient pour me transmettre
L’amour du fond de leur nuit.
Oui, la nuit qu’ils ont trimée
Sur l’amer labour d’Histoire
Pour ton miracle gourmet,
Ma petite olive noire!
Tant trimé et tant usé
Qu’en deuil des siècles barbares
Dans mon Vence pavoisé
L’olive mûrit en noir.
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03/15/2020 | Catégories: auteurs à découvrir | Tags: barbares, fruits, nuit, olive, Robert Vigneau, Vence | Poster un commentaire
Forteresses rêches, debout pour l’éternité – ( RC )

photo: Musée -château d’Annecy
–
Les forteresses rêches,,
Debout pour l’éternité,
– avait-on affirmé.
Ceux qui les ont édifiés,
et qui les gouvernent .
A l’abri des murailles :
Ces monstres qui tuent ,
Un peu comme le Minotaure,
Dans le labyrinthe .
Là, ce sont des princes et des évêques,
En habits cérémoniels ,
Ils décident des conquêtes,
Et assoient leur pouvoir.
Un temps .
Avant que l’ambition d’ autres
Ne s’exacerbe avec le sang, les complots,
Les breuvages empoisonnés,
Les messes noires du destin,
Le tirage funeste des tarots …
L’invasion des barbares…
> Et le temps encore,
Comme une vague,
S’étale :
Un mal insidieux
Transforme ces forteresses
en châteaux de sable .
Certaines sont encore debout ,
Mais n’ont plus de sens .
Ce sont des coques vides.
On en a oublié la raison ,
Souvent le nom des puissants .
Leur nom, autrefois gravé dans la pierre,
S’est dissolu comme le sel .
Les fossés sont comblés,
L’herbe grasse s’est nourrie du sang versé,
Des arbres ont repris le dessus,
Des tours se sont effondrées,
Servant de carrières de pierres,
Le reste , d’étables ou de casernes .
Maintenant ce sont des musées :
Les grandes salles vides,
Servent pour les expositions .
Le pouvoir a changé de mains ,
Avec les avenues,
et les cars de touristes :
Il faut bien s’inventer des alibis.
Les complots se font autrement ;
– L’époque apparaît plus pacifique – ,
En fait le miroir
De la puissance de l’argent …
En trompe-l’oeil
Sous le couvert de la culture .
–
RC – dec 2014
–
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02/10/2015 | Catégories: actualités, d'images | Tags: alibi, éternité, évêques, barbares, breuvages, casernes, chabriere, châteaux, complots, culture, empoisonné, expositions, forteresses, labyrithe, Minotaure, musées, pierres, puissants, sel, tarots, trompe-l'oeil, vague | 1 commentaire
Constantin Cavafis – Pourquoi nous être ainsi rassemblés…?
« Qu’attendons-nous, rassemblés sur l’agora?
On dit que les Barbares seront là aujourd’hui.
Pourquoi cette léthargie, au Sénat?
Pourquoi les sénateurs restent-ils sans légiférer?
Parce que les Barbares seront là aujourd’hui.
À quoi bon faire des lois à présent?
Ce sont les Barbares qui bientôt les feront.
Pourquoi notre empereur s’est-il levé si tôt?
Pourquoi se tient-il devant la plus grande porte de la ville,
solennel, assis sur son trône, coiffé de sa couronne?
Parce que les Barbares seront là aujourd’hui
et que notre empereur attend d’accueillir
leur chef. Il a même préparé un parchemin
à lui remettre, où sont conférés
nombreux titres et nombreuses dignités.
Pourquoi nos deux consuls et nos préteurs sont-ils
sortis aujourd’hui, vêtus de leurs toges rouges et brodées?
Pourquoi ces bracelets sertis d’améthystes,
ces bagues où étincellent des émeraudes polies?
Pourquoi aujourd’hui ces cannes précieuses
finement ciselées d’or et d’argent?
Parce que les Barbares seront là aujourd’hui
et que pareilles choses éblouissent les Barbares.
Pourquoi nos habiles rhéteurs ne viennent-ils pas à l’ordinaire prononcer leurs discours et dire leurs mots?
Parce que les Barbares seront là aujourd’hui
et que l’éloquence et les harangues les ennuient.
Pourquoi ce trouble, cette subite
inquiétude? – Comme les visages sont graves!
Pourquoi places et rues si vite désertées?
Pourquoi chacun repart-il chez lui le visage soucieux?
Parce que la nuit est tombée et que les Barbares ne sont pas venus
et certains qui arrivent des frontières
disent qu’il n’y a plus de Barbares.
Et maintenant qu’allons-nous devenir, sans barbares ?
Ces gens-là, en un sens, apportaient une solution.
–
traduit du grec par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras
–
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09/09/2013 | Catégories: auteurs à découvrir, auteurs étrangers | Tags: amét, améthyste, barbares, Constantin Cavafis, consuls, graves, parchemin, rhéteurs, sénateurs | 1 commentaire
Claude Saguet – Barbares
–
Nos routes sont pavées d’audace,
Nos armes éprises de foudre
et nos tambours voilés, rendus fous de ténèbres,
reflètent la terreur qui résulte des cris.
Le soir, saison perdue,
je reviens à mes loups affamés de distances.
Et de la tour aveugle sauvagement construite,
je salue leur adresse à fracasser les formes.
Ma face est d’étranger, ma voix brute de lumière
–
(XAMBO éditions Multiples 1980)
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07/17/2013 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, d'images | Tags: aveugle, étranger, barbares, Claude Saguet, cris, loups, lumière, tambours | 1 commentaire
Marina Tsvetaieva – âme et ailes (1918)

Peinture-dessin: Anselm Kiefer - Leonardo Pisano ( Gal Y Lambert)
Si l’âme est née avec des ailes,
Qu’a-t-elle à faire de palais, de masures,
De Khans tatares et de hordes barbares ?
J’ai au monde deux ennemis,
Deux jumeaux, à jamais unis
La faim des affamés, la satiété des repus.
Moscou 1918
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12/10/2011 | Catégories: Art, auteurs à découvrir | Tags: affamés, ailes, âme, barbares, Marina Tsvetaieva, masure, palais, repus | Poster un commentaire