Carènes – (Susanne Derève )

Sous les bâches tendues
la lumière prend des reflets d’aurore.
Voiles blancs que portent les flancs
des navires à quai
carènes sèches dont la peinture s’écaille.
Œuvres vives œuvres mortes
aux relents d’huile et de goudron.
Sans roue ni gouvernail, nulle route à tracer .
Pour tout sillage, celui qu’impriment à la boue
leurs étraves.
Ainsi s’achève le voyage.
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03/07/2021 | Catégories: Susanne Dereve | Tags: barques, bateaux, bâches, carènage, carènes, Etretat, Gustave Courbet, temps de neige | Poster un commentaire
les yeux démesurément ouverts sur la nuit – ( RC )

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03/09/2020 | Catégories: Art, fine arts, peinture, self creation | Tags: épouvante, étoiles, îlot, barques, chauve-souris, clairière, funèbres, lac, métal, mousses, noir, nuit, obscur, planète, statues, vases, violence, yeux | 1 commentaire
Bassam Hajjar – Après elle, il n’y avait que la mer
peinture: Josef Sima
Elle se tenait, distraite,
sur le bord du haut belvédère,
et après elle,
il n’y avait que la mer.
Un corps chétif, qu’elle tenait dans ses bras,
et après elle, il n’y avait que la mer,
et des passants qui continuaient des promenades solitaires
comme doivent l’être les promenades
avant le couchant
quand la mer est dans toutes les directions.
Elle se tenait, distraite,
et les mouettes répétaient leur vol
parmi les barques rouillées.
Sur le vieux port,
des vendeurs de poisson
des bateaux de pêche, des marins
buvant de l’ouzo glacé.
Vin rouge de Chypre.
Deux vieillards bavardaient en anglais
et prenaient avec joie
des photos de la mer
des rochers du rivage
et de l’air.
Elle se tenait, distraite,
et ne savait pas si elle était triste seulement
parce que la mer était là-bas
dans toutes les directions.
Tu penses, quand succède à ton sommeil
un matin lumineux,
que faire, seul, de ces matins lumineux ?
Heureux et chanceux
dorment afin de reprendre les journées ensoleillées
et leur sommeil se remplit de sable,
de vagues et de sel.
Tu penses, quand succède à ta journée
une lourde nuit,
que faire, seul, de cette quiétude
que vous vous partagez, toi,
la table et les murs ?
Ils sont heureux et chanceux
lorsqu’ils découvrent avec tranquillité
que le temps est emporté par le jardin
et le soleil
et les vendeurs de pistaches
dans les kiosques.
Tu penses, lorsque succède aux pensées
une tristesse légère
que faire, seul, d’un tel bonheur ?
(Limassol, 25 avril 1988) – extrait de « Tu me survivras »
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10/20/2019 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, auteurs étrangers, peinture | Tags: barques, Bassam Hajjar, bonheur, discrète, jardin, kiosques, mouettes, pistaches, poissons, sable, sel | Poster un commentaire
Le jour s’est échoué – ( RC )
peinture: G Braque – Barques sur la plage de l’Estaque
–
Le jour s’est échoué
sur la côte,
comme ces barques
ayant l’aspect de poissons morts,
couchés sur le côté .
Si je m’approche,
c’est comme si elles respiraient encore,
à peine,
et le bois gonflé,
et la peinture écaillée.
Leur corps est encore tiède
des rayons enfuis,
gonflé et tendu comme un regret,
et cela sent le goudron,
le sel accroché aux filets .
Le jour s’est échoué
sur la côte.
Il a abandonné aussi
ses couleurs criardes,
pour se parer de soupirs.
On y lirait presque
derrière les filaments blancs
des nuages
des noms
comme une énigme.
De ceux
dont on a perdu les clefs du langage,
des fragments de poèmes,
ainsi les lettres à demi effacées
des noms des bateaux.
–
RC – janv 2016
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06/19/2016 | Catégories: Art, fine arts, peinture, self creation | Tags: énigme, barques, bateaux, côte, chabriere, clefs, effacées, filets, goudron, jour, lettres, peinture, poèmes, poissons, soupirs | Poster un commentaire
Guillevic – A Carnac
–
A Carnac, l’odeur de la terre
A quelque chose de pas reconnaissable.
C’est une odeur de terre
Peut-être, mais passée
A l’échelon de la géométrie
Où le vent, le soleil, le sel,
L’iode, les ossements, l’eau douce des fontaines,
Les coquillages morts, les herbes, le purin,
La saxifrage, la pierre chauffée, les détritus,
Le linge encore mouillé, le goudron des barques,
Les étables, la chaux des murs, les figuiers,
Les vieux vêtements des gens, leurs paroles,
Et toujours le vent, le soleil, le sel,
L’humus un peu honteux, le goémon séché,
Tous ensemble et séparément luttent
Avec l’époque des menhirs
Pour être dimension.
Femme, femme, au secours
Contre le souvenir
Enrôleur de la mer.
Mets près de moi
Ton corps qui donne.
Toujours nouvelle — et pas
Parce que tu changes.
Toujours nouvelle
Puisque je t’apprends
Et jamais ne sais ce que tu seras.
Donc tu donnes, quand même,
Tu ouvres.
Donne au moins ce qu’en loi
Nous avons investi.
Pour remplacer ce
Dieu
Où nous t’avons jetée,
Nous avons besoin
De trouver la fête.
—
Il ne semble pas
Que tu aies la tienne.
Pour se faufiler
Dans l’étroit canal
Qui menait au port avant les bassins,
Elles se pressaient, tes vagues,
Lors de la marée,
Elles se bousculaient.
Elles avaient besoin
Que l’interminable
Soit fini pour elles.
Je parle mal de toi.
Il me faudrait parler
Aussi vague et confus
Que rabâchent tes eaux.
Et des éclats
Pour ta colère,
Tes idées fixes
Sous le soleil.
Je n’ai jamais compris
Pourquoi, où qu’ils soient,
Toujours les gens causaient
Et rarement j’ai su de quoi.
Tu fais comme eux,
Tu veux causer,
Tu te racontes.
Ce qu’aussi tu veux
C’est t’allonger jusque dans les terres,
C’est les pénétrer, c’est être avec l’herbe.
Tu fais des rivières,
De vieux marais.
Mais là tu te perds
En perdant ta masse
Et ce néant
Qui te traverse.
Toute une arithmétique
Est morte dans tes vagues.
Il y a des moments
Où l’on te trouve entière,
Brutale d’être toi.
Là tu viens verticale et verte te dresser
A toucher notre face.
Là tu nais en toi-même
A chaque instant que nous faisons.
Parfois tu étais
Un moment de moi.
Je nous exposais
Au risque d’aller,
Car plus tard
Est toujours présent.
Quand je te regardais jusqu’au plus loin possible,
C’est vers le midi
Que je me tournais.
Je l’ai su depuis,
Lumière extasiée,
Horizon vaincu.
Il me semble parfois
Qu’entre nous il y a
Le souvenir confus
De crimes en commun.
Nous voici projetés face à face
Pour comprendre.
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10/09/2015 | Catégories: photography, poètes connus | Tags: barques, Carnac, colère, crimes, goémon, goudron, Guillevic, horizon, marée, menhirs, vagues, vent | Poster un commentaire
Lendemain sans heure ( RC )
Un soir, – celui d’avant – qui s’est prolongé,
bien au-delà du raisonnable,
Si j’en crois le cendrier renversé, et deux bouteilles de
whisky, qui ne sont plus que cadavres…
Je me suis levé en titubant dans un jour gris,
Il faisait gris aussi sur le port et la mer se confondait avec le ciel,
enfin ce qu’on supposait être le ciel.
Peut-être que l’horizon, n’est pas nécessaire le lendemain d’une cuite.
En prolongeant sur le môle, juste des flaques luisantes entre les pavés,
accrochant par leur relief, mes semelles lourdes…
quelques notes de couleur fade , des barques bringuebalantes , retenues par des cordes fatiguées…
L’odeur du varech, et des moules agglutinées aux poteaux.
Personne encore…………. je n’ai plus idée de l’heure.
Juste, en revenant , un type avec un ciré brun, et des lunettes,
qui est passé devant moi, sans me regarder.
–
RC- 18 octobre 2012
–
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10/18/2012 | Catégories: Art, d'images, fine arts, peinture, self creation | Tags: barques, cadavres, chabriere, cire, cordes, pavés, type, whisky | 1 commentaire
Beatrice Douvre – Jusqu’à l’immense Où vivre prend mesure
–
Habiter la halte brève
La rive avant la traversée
La distance fascinée qui saigne
Et la pierre verte à l’anse des ponts
Dans la nuit sans fin du splendide amour
Porter sur l’ombre et la détruire
Nos voix de lave soudain belliqueuses
L’amont tremblé de nos tenailles
Il y a loin au ruisseau
Un seuil gelé qui brille
Un nid de pierre sur les tables
Et le pain rouge du marteau
La terre
Après la terre honora nos fureurs
Ô ses éclats de lampes brèves
Midis
Martelés de nos hâtes
Tant d’éphémères mains, tant de vent
Ce soir
Tarde la magique lueur
Et ton nom est incertain
Parmi de pauvres roses
Ton nom défait les fleuves où la lumière nage
J’ai patienté pour accueillir
Longue ta voix le long des longues herbes
Mais tu es seul parmi la pierre des étoiles
Ta voix prolonge la source des vivants
J’attends pour te reprendre de n’être qu’un langage
L’aube étincelle dans l’herbe des vigueurs
Souffle mûr mêlé du sang des hommes
Tu marchais réinventant le pas du sol comme une soif
Dans le vent neuf
Je te regarde tu courais
Geste habité du voeu de naître
Auprès des croix
Qui font parfois les pierres profondes
Le visage traversé
Dans des jardins à jambes de verre, et de roses
Quand recommence la mer tendue
Des lampes, et le froid
Et que l’on tient, dans les mains, le dernier monde
Rêve, et à l’avant du rêve un corps l’éclaire
J’ai peur de ces troupeaux dans le progrès des lampes
Peur de la terre des pas
Près de la porte où penche
La nuit lourde de l’aile
Il y a ce péril
Des lampes dans la maison
Ce désir
Comme un taureau dans l’or
Un feu de bois de rose
Coupé par l’hiver
La voix changée m’emmenait dans ses tours
Je dérivais au son des campagnes
Dont l’été meurt
Marcher maintenait une lampe
Des lacets d’oiseaux noirs de songes
Cherchant farouchement le ciel
D’un bord à l’autre
Comme une voix changée qui chante
Qui refuse
Marcher maintenant m’éclairait
Des mains brunes ce soir ont recueilli
Longuement l’eau patiente du soir
Du vent passait
Dans le vent des doigts
Amers des fileuses
Et au-devant
Les troupeaux sont la pierre même
Etrangement
Debout dans la paille limpide
Venue
Des mains fidèles des fileuses
Aux fronts de vent.
Regarde-moi courir, m’éloigner dans l’apparence
Vers les rires bleus de l’air
Immense
La soif divisée
J’ai l’appétit fermé par le malheur
Comme ces bêtes au front silencieux
Ont mille morts mille hontes légères
Un vent du sol entier
Parcourt mes membres, leur perfection
De sable froid
Soulève encore une piste de pas
Et d’autres pas se perdent sur la mer
D’autres mains, doucement infinies
J’ai l’âge travesti des forêts, mais je danse.
La part du jour froissée d’oiseaux
Jusqu’aux fatigues
Nos pas
Relancés en lueurs
Déjà
L’air élargi
Là sous le volet lourd
Ô d’heures encore chaudes
Jusqu’à l’ouvert où vaincre
L’inanité
De nos demeures
Femmes pleines de nuit, aux voiles vierges et noirs, vous saignez dans les ports et vos barques sont sèches.
Le silex de vos mains taille des regards de diamant aux enfants qui vous pendent.
Il vous faudra perdre le vent de vos cheveux et revenir aux Villes. Mendiantes au ventre
lourd, vous dressez des drapeaux avec vos âcres jupes odorantes.
L’acier de vos paupières ressemble aux grands radeaux qu’on voit sur les tableaux de mer.
Rires, et l’évidence de vos pas nus sur le marbre des pelouses ; indifférentes aux grandes croix
qui trouent le ciel bas et mauve.
Je bénis vos épaules que creuse un sein maudit, et vos bras matinaux, blancs de draps,
comme un lait de montagne.
BEATRICE DOUVRE
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09/22/2012 | Catégories: photography, poètes connus | Tags: amour, étincelle, étoiles, barques, béatrice Douvre, femmes, fileuses, froid, fureur, langage, marbre, montagne, nuit, oiseaux, paupières, pierre ombre, ponts, sang, soif, songes | Poster un commentaire
Franck Venaille – Les vagues de la lagune

painture: Ed Manet:: Venise bleue
Les vagues de la lagune
J’avance vers davantage de lumière
Les barques désormais
Sont vides
Elles ont accosté pleines de rires et chansons
Qui ne sont pas pour moi
Qui ne sont pas pour nous
Qui avons notre propre répertoire à crêpe noir ou satin rouge
Mais c’est la vie ordinaire qui exige, comment dire ? autre chose, de moins !
de plus !
J’avance
Ce que j’entends c’est le fracas de rames
Mêlé aux cloches catholiquement triomphantes
Ô comme nous sommes civilisés !
Nous qui avons pourtant tout à apprendre des vagues et de la régularité avec la quelle
elles viennent se
heurter au quai
Il me faut maintenant passer le pont
Atteindre la ruelle où sèche le linge
Ce lieu où le linge sèche
Frank Venaille
–

peinture: John Singer Sargent Venise par temps gris
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05/01/2012 | Catégories: Art, d'images, fine arts, les arts nous parlent, peinture, poètes connus | Tags: barques, chanson, Franck Venaille, lagune, pont linge, satin | Poster un commentaire