Francis Carco – Six heures
peinture: J S Sargent 1907 Villa Torliona
Six heures, c’est la paix des grands jardins fleuris
Que la pluie a mouillés de l’odeur des lavandes,
Tandis que je m’accoude à la fenêtre grande
Ouverte et que, distrait et rêveur, je souris.
Des prêles vaguement luisent dans l’herbe humide
Où rôde la senteur fraîche des foins coupés,
Les premiers. C’est le grand silence et c’est la paix
Qui rêve au cœur des fleurs et des bassins limpides,
Dans les branches se sont blottis les rossignols :
Le crépuscule bleu descend à fleur de sol
Dans tout ce bercement de choses apaisées
Cependant qu’avec des paresses, des douceurs,
Pour veiller ce jardin, comme de grandes sœurs,
Des lampes, gravement, s’allument aux croisées.
Francis CARCO « Poèmes retrouvés » in « La Revue de Paris », 1927