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Un sphinx contre une intrusion – ( RC )


Viendras-tu risquer quelques pas sur le fond sableux,
sous un lourd scaphandre, chercher les traces d’une épave endormie ,
jouir des reflets changeants des poissons aux milles couleurs,
des dentelles de coraux , et du mouvement lointain des vagues,
qui filtrent la lumière venue de haut ?

Mais c’est un monde qui nous est étranger, même s’il est proche.
Des animaux aux formes curieuses se dissimulent sous les rochers,
ils gardent un domaine, dont on ne sait s’il y a une entrée,
et où elle peut nous conduire .


Avant d’aller plus avant, il faudrait cependant répondre à plusieurs questions,
un peu comme les candidats à un emploi, qui doivent, en outre afficher leurs motivations.

J’imagine un jour être face à face avec un poulpe,
agitant de multiples bras, peut-être en guise de bienvenue.

Mais personne, à ma connaissance, n’est un nouvel Oedipe et le poulpe, – en Sphinx des eaux- , barre le passage .
S’exprimer dans un langage qu’il puisse comprendre, présente déjà une certaine difficulté ,
bien que sa tête volumineuse semble contenir ce qui doit être un cerveau, vraisemblablement doté de capacités dont on n’a pas idée.

Deux yeux sévères nous fixent, et dans chacune des tentacules,
les ventouses rieuses montrent des signes d’impatience .
Il semble s’étonner de notre intrusion, contemple notre rigide apparence,
inversement proportionnelle à sa souplesse .


Il nous parle peut-être, mais nous n’entendons pas .
S’offusquant de notre esprit obtus, il nous fait comprendre que le royaume des mers est sa demeure.
Il nous entoure de ses bras élastiques , sans agressivité, et nous ramène à la surface, dans le monde du dessus, que nous n’aurions jamais dû quitter.


Emma Lazarus – Le nouveau colosse


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Le Nouveau Colosse

Pas comme ce géant d’airain de la renommée grecque
Dont le talon conquérant enjambait les mers
Ici, aux portes du soleil couchant, battues par les flots se tiendra
Une femme puissante avec une torche, dont la flamme
Est l’éclair emprisonné, et son nom est
Mère des Exilés. Son flambeau
Rougeoie la bienvenue au monde entier ; son doux regard couvre
Le port relié par des ponts suspendus qui encadre les cités jumelles.

« Garde, Vieux Monde, tes fastes d’un autre âge ! » proclame-t-elle
De ses lèvres closes. « Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
Tes masses innombrables aspirant à vivre libres,
Le rebut de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête me les rapporte
Je dresse ma lumière au-dessus de la porte d’or !« 

( ces dernières lignes  rappelleront une  actualité des déshérités de la migration subie  )

le texte original:

Not like the brazen giant of Greek fame
With conquering limbs astride from land to land;
Here at our sea-washed, sunset gates shall stand
A mighty woman with a torch, whose flame
Is the imprisoned lightning, and her name
Mother of Exiles. From her beacon-hand
Glows world-wide welcome; her mild eyes command
The air-bridged harbor that twin cities frame,
« Keep, ancient lands, your storied pomp! » cries she
With silent lips. « Give me your tired, your poor,
Your huddled masses yearning to breathe free,
The wretched refuse of your teeming shore,
Send these, the homeless, tempest-tost to me,
I lift my lamp beside the golden door!« 

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C’est  ce poème  qui est gravé sur une plaque  fixée  dans le socle  de la Statue de la Liberté.


Michaël Glück – goutte d’encre sous la langue


peinture: Nicolas de Staël . " les Indes galantes"

 

tu donnes
le la aux nuages
la clef de sol au ciel
tu dis les simples
la bienvenue
aux morts
tu parles
à vif

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objet sculpture: age du bronze, sistre d’Anatolie ( Turquie)

—–

et au sujet de Nicolas de Staël,  René Char qui l’a connu et rencontré  écrivait:

Les amants sont inventifs dans l’inégalité ailée qui les recueille sur le matin.

Il faut cesser de parler aux décombres.

Une écriture d’échouage. Celle à laquelle on m’oppose aujourd’hui.

Paysage répété au sommet de la nuit sur qui se lève une lueur.

La brûlure du bruit. Louée soit la neige qui parvient à en éteindre la cuisson.

Les femmes sont amoureuses et les hommes sont solitaires. Ils se volent mutuellement la solitude et l’amour.

Toi qui nais appartiens à l’éclair. Tu seras pierre d’éclair aussi longtemps que l’orage empruntera ton lit pour s’enfuir.

Y a-t-il vraiment une plus grande distance entre nous et notre poussière finale qu’entre l’étoile intraitable et le regard vivant qui l’a tenue un instant sans s’y blesser ?

…Nicolas de Staël, nous laissant entrevoir son bateau imprécis et bleu, repartit pour les mers froides, celles dont il s’était approché, enfant de l’étoile polaire.


Attilio Bertolucci – Ancora l’insonnia


L’insonnia allunga la giornata, dunque

sia benvenuta –

Essa ti aiuta

a gabellare il sargente Morfeo

nella garitta

già d’ombra fitta,

a aggirare il borgo murato

nel coprifuoco,

a farsi gioco

d’ongi ordinanza al fine di carpirer

sui picchi assorti

raggi qui morti,

beata luce in porti ancora diurni.

—-

L’insomnie rallonge la journée, qu’elle soit

donc la bienvenue –

Elle t’aide

a tromper le sergent Morphée

dans guérite

que l’ombre assiste,

a contourner le bourg muré

par le couvre-feu,

q te jouer

du règlement pour arracher

aux pics absorbés

des rayons ici morts,

bienheureuse lumière en ports encore diurnes.