Socrate – ( RC )
peinture: J L David: la mort de Socrate
En suspens sa phrase commencée
il peut reprendre son haleine
au bord de la falaise, avancé
il n’est pas au bout de sa peine :
personne ne voit que s’interrompt la ligne :
le discours peut reprendre
les dieux lui font signe
le temps peut se suspendre
nul n’attend son départ
quand il porte à ses lèvres le verre :
il peut savourer le nectar,
et bientôt voir à travers :
Baisse le niveau du breuvage
comme la mer se vide
découvrant la plage
une étendue livide
Passant du verre au bronze ancien
pas de vin écarlate
ni le sirop du pharmacien,
mais le poison offert à Socrate
Tu peux le voir, inclinant son calice,
les compagnons détournant la tête,
et lui, boit – comme avec délice
( on l’imaginerait bientôt « pompette »)
tout cela sans qu’il confesse
l’idée même d’une vie interrompue
dans la curieuse ivresse
donnée par la cigüe
comme quoi on ne sait pas où mène
une simple boisson :
l’accompagnant comme pour la Cène
( ce dernier repas manquait de cuisson )
C’est à mesure que tu bois,
que tu t’éloignes des bords,
> c’est ainsi que l’on se noie,
et qu’on trinque avec la mort.
–
RC – oct 2016
Camille Loty Malebranche – Le café

photo: Tom Arndt
Il boit, frissonne au fantasme fumant, matinier,
Sable la source d’aube en sa tasse-rosée
Voyage sur la vague d’un nectar
Et se fout du foutre des ivresses de sang de la terre violée, soleil scalpé où hiberne le ciel,
Se moque des hommes-fauves et chapeaux de fer !
Il vide sa tasse ! Le café est son coin, sa boisson !
Et il en offre à tout venant ; si vous avez le cœur dans la lumière du chant,
La grande tasse de café torréfié, liquéfié, est offerte à vos lèvres !
Il boit et offre le pur café noir du percolateur,
Sirote l’amour, se désaltère d’amitié
Le café est son coin favori, sa boisson favorite !
Et avec ses amis, il se tonifie du café du matin qui réveille pour le jour et pour l’action,
Il vide, vide des tasses d’entrain, laissant aux sans cœur, le marc du superflu,
Mésalliances des vices et des vertus ! Car sur la chair vive, personne sans personnages,
De l’amitié rouge dans le vrai, belle à la vie, perçante dans la vigie, blanche en la pureté, emmétrope en ses diaprures d’Argos et d’âme
Il s’excite du philtre, au filtre du coeur en ses azurs, et par le pur café tonique qui garde éveillé le veilleur,
Puisqu’il aime le fort et le pur,
Il dédaigne les cafés crème !
Hareng ( RC )

peinture: James Ensor; deux squelettes se disputant un hareng
Rien ne prédestinait, je crois
A ce que ce poisson, quitte les fonds marins
Pour être présent, ( et sujet ) du festin
L’assiette posée sur la table en bois.
Je suis allé le chercher
En hésitant longtemps
— de la morue ou du hareng ?
Au supermarché …
En ce qui me concerne
Je l’ai choisi au hasard
Sans considérer son regard
– qui était plutôt terne
Il était disposé
Comme le veut l’usage
Dans un bel emballage
– article non pesé…

reprise en cravate des harengs de Van Gogh
Celui-ci était vert
Ca donnait une touche de couleur
A côté du beurre
Ca devait rappelait la mer
Un emballage de plastique
Avec un film dessus
Qui est bien conçu
En matières synthétiques
Je me suis dit qu’un vin
Blanc, comme boisson,
En pensant au poisson
Irait bien pour demain
Bien qu’au naturel , il préfère
– ce que je comprends
– Comme tous les harengs –
Son bain d’eau de mer…
Je l’ai mis à l’aise
Pour pas qu’il ne s’enrhume
Avec des légumes
Et de la mayonnaise
Comme les poissons essaiment
J’ai pensé à leur nombre,évoluant par bans
Au coeur de l’océan
Et je lui dédie ce poème….
J’évoque aussi Ensor
Qui, dans ses peintures
– ( » Ouh là !! que de culture !! » )
Pense avec bonheur, aux harengs saurs…
Mais avant, qu’il participe à la fête,
Il faut que je vois, s’il n’a pas trop de sel
Et aussi que j’enlève
Toutes ses arêtes…
–
RC- 18 novembre 2012