une épaisse nuit à l’intérieur de la terre ( RC )
mains négatives: grotte de Roucadour
Sous nos pieds,
à l’intérieur de la terre,
de l’épaisse nuit
ce sont peut-être des regrets teintés de noir,
où , dans les profondeurs souterraines
les cavernes se font,
creusant le silence d’une paix de ténèbres .
Et la roche suinte
d’un goutte à goutte lent, régulier,
marquant l’éternité du temps,
qui finit par la dissoudre,
en faire des cathédrales
aux statues pétrifiées,
ignorant celles des saints .
Personne n’y prie
et appelle de soupirs .
Pas d’âmes affligées
pleurant d’anciens amours,
et pourtant jaillissent
des larmes en cristaux
durcies par l’attente.
Il est loin aussi, le temps
où les hommes se rassemblaient
à l’abri des grottes,
autour de braises fumantes,
espérant survivre aux lendemains,
en peignant sur les parois
l’espoir des trophées de chasse .
Ils ont prolongé leur présence,
traversé des millénaires,
et toujours en silence,
leurs mains négatives
tâtonnent , inscrites sur la roche
à l’obscurité sans écho
qui se prolonge jusqu’à nous .
–
RC – juin 2018
Magnolias de Lady Day – ( RC )
montage – RC
—
Comment dire en mots,
cette voix presque fluette,
les magnolias de Lady Day,
le blues intemporel,
de miss Billie,
à l’infinie fêlure :
j’y entends toujours,
le feu couvant sous les braises,
la langueur de vivre,
les pages d’amour,
déchirées de mots naufragés.
Si elle donne corps
aux plus simples mélodies,
le swing et sa détresse,
parfument le jazz, de son ivresse :
> Comment dire cette émotion
en cristal fragile,
recueilli dans le désert,
mais toujours intacte ? .
> Il y a les magnolias de Billie
qui jamais ne fanent,
le souffle de Lester :
de la musique au firmament
> des étoiles, des diamants …
–
RC – fev 2018
Bernat Manciet – Braises ma peau
XVI
Braises ma peau —mais une âme de gel
forte ma foi —- je n’ai plus rien à croire
bon œil — ma vue se refroidit
l’hiver me brûle et le printemps m’est fade
coffre solide — mais ne soit plus de brise
de chêne cœur — je suis las du certain
aimer me tient — l’amour me reste tiède
prière suis — mais demander me déplaît
Partir je veux — mais je sais tous sentiers
j’ai soif de pluie —et toute pluie m’est cendres
faim de mouton —toute chair me répugne
le soir s’éteint —pouvoir n’être personne!
l’aube va naître —et je cherche l’obscur
la nuit rayonne et ta lumière est morte
Jean Vasca – les lointains
En nous sont les lointains nos îles nos ailleurs
Patrouilleurs dans l’opaque à chercher l’entrouvert
Nous sillonnons sans fin les ténèbres intérieures
Pour déchiffrer l’énigme aux portes des mystères
En nous sont les lointains de brume et d’inconnu
Lorsque les horizons entonnent leur complainte
Tenter l’appareillage à voile que veux-tu
Vers une rive d’or encore jamais atteinte
En nous sont les lointains nos traces nos sillages
Les naufrages du cœur les songes en carène
Cathédrales englouties et palais des mirages
Là-bas vers les abysses ou la nuit nous entraîne
En nous sont les lointains dessous les cicatrices
Les plaies qui se referment et qui suintent encore
Des souvenirs perdus dans tous les interstices
Des ombres d’amours mortes à l’envers du décor
En nous sont les lointains c’est là notre impatience
A vouloir l’au-delà de tous nos quotidiens
C’est l’écho d’un accord majeur qui nous fiance
A cette terre humaine ses troubles lendemains
Ces lointains qui rougeoient sous la cendre de l’âge
Braises encore des révoltes en nous comme un regain
Et sous le poids du temps lourd de tous ses outrages
La rage encore de vivre et son feu mal éteint
Jean Vasca
Ta silhouette habite l’invisible – ( RC )
–
Toi, encore présente,
Tout a été effacé, pourtant,
Comme le vent dispersant les cendres,
une fois éteintes les braises du foyer .
C’est sans doute que tu habites l’invisible,
Quelque part incrustée dans le cœur,
– Où que tu sois.
Au sein du silence et d’un sourire,
tu te révèles pourtant, avec le soleil,
permettant de voir la silhouette,
modèle mêlé aux ombres d’une vigne vierge,
mouvante, comme pourrait l’être
ta présence, sur ma page…
—
RC – octobre 2015
–
d’après un écrit de Philippe Jaccottet
Toi cependant,
ou tout à fait effacé
et nous laissant moins de cendres
que feu d’un soir au foyer,
ou invisible habitant l’invisible,
ou graine dans la loge de nos coeurs,
quoiqu’il en soit,
demeure en modèle de patience et de sourire,
tel le soleil dans notre dos encore
qui éclaire la table, et la page, et les raisins.
P. Jaccottet
Claude Vigée – Les pas des oiseaux dans la neige
photo de cieletespacephotos.fr
–
Les pas des oiseaux dans la neige
Deux étoiles filantes
sur la montagne obscure :
déjà leur cœur de braise
agonise et s’éteint .
Que reste-t-il de nous
quand le temps se retire ?
à peine une buée, ce souffle qui s’efface
sur le miroir brisé .
L’œil ne suit que la trace
du vent dans les nuées;
Et pourtant nous y danserons,
chanteurs au bec léger,
crânes d’oiseaux en fête
aux frêles osselets
déjà remplis de rien :
un peu de cendre blanche
sur la langue muette .
–
D’autres textes de Claude Vigée sont visibles dans le site « recours au poème »
–
voir également l’article qui célèbre le fait que C Vigée remporte le prix national de poésie 2013.
Du corps j’ai perdu l’empreinte – ( RC )

photo: Ivar Ivrig
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Des brûlures noires,
Aux paroles tendues
Se consument encore
Dans un Styx immobile
Quand la pensée se fige,
Etranger à son propre corps,
Un pays natal, où s’oxyde
Une eau au goût,
Qu’on ne reconnaît plus .
Ou seulement le goût
De la cendre,
A regarder s’éloigner,
Toujours davantage,
La rive, les champs.
Ils ne sont plus que surfaces ocres,
Et les arbres une masse sombre,
Un crépuscule du désir,
Et les braises éteintes ;
( du corps j’ai perdu l’empreinte ) .
On y distingue même plus,
Les fleurs piétinées,
Le tout sera bientôt,
Recouvert par un rideau de fumée…
–
RC – 28 novembre 2013
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J’ai cherché le feu – (RC)
Je cherche le feu, le voici
J’ai fouillé dans les cendres
Et senti la poudre tiède de douceur
Accompagnée des morsures des braises.
–
J’ai cherché dans les cendres
De la mémoire du silence
Et je t’ai trouvée, douceur,
Avec la soif du corps en braises
–
J’ai cherché la douceur
Entre la demeure des instants
La patience d’un feu – soudain
De nouveau ravage mon âme.
–
RC – 28 mai 2012
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Avec la réponse de M, visible sur ecriscris
Et celle de Manouchka, notre poétesse québécoise…
Braise apaisante sur mes froidures passées,
Son feu coule dans mes veines sclérosées,
Je me réchauffe à sa mâle présence,
Qui dessine sur ma peau de faïence,
Un poème tatoué à l’encre rouge,
Où les couleurs du couchant, encore bougent….
—-
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Edith de Cornulier – Atone
Almasoror ( l’âme soeur) si j’ai bien lu... est un site que je qualifierai de « multi-disciplinaire », … il y a une foule de liens, et d’articles , et en patience il va me falloir, du temps pour en avoir une petite idée…
mais je me suis dirigé de suite vers la section « poésie », où des photographies sont « accompagnées », ici de textes de Edith de Cornulier-Lucinère, – voir son blog perso –
qu’elle abrège sous E CL…
j’ai navigué sur quelques uns et tout ce que j’ai lu a capté mon attention, voici d’un d’entre eux:
ATONE
–
Ma voix coule dans le soir
Mais mon cœur demeure aphone
Je respire dans ce bar
Des vapeurs d’alcool atone
Nous traversons les saisons
Main dans la main bien trop sages
Je n’observe à l’horizon
Aucun feu, aucun mirage
La vie et ses expériences,
Je les traverse en apnée
Puisque aucune délivrance
Ne nous est jamais donnée
Mais ce soir, dans la lumière
Du bar où flotte un suspense,
Ce soir je veux le salaire
Des années d’obéissance.
Que les lois et la morale
S’effacent de mon karma ;
De se courber sous leur pâle
Mensonge, mon crâne est las.
Dans ce corps où tout s’éteint
Pour jamais n’être fécond,
Que la passion prenne enfin,
S’il reste des braises au fond.
Que le désir se rallume,
Qu’il fasse briller mes yeux,
Pour qu’ils se désaccoutument
De leur rideau vertueux.
J’en appelle aux dieux païens
Ceux qui boivent et ceux qui chantent,
Qu’ils déchargent mon destin
De la ration, de l’attente.
J’en appelle même au stupre,
Si lui seul peut délivrer
Du convenable sans sucre
Un cadavre articulé.
Et toi, frère et faux-amour,
Co-victime et co-coupable,
Vas-tu taire pour toujours
L’hypocrisie impalpable ?
Nous traversons les saisons
Main dans la main bien trop sages
Et rien dans notre prison
Ne présage un grand orage.
Mais ma voix coule ce soir,
Et mon cœur te téléphone,
Je respire dans le bar
Des instances qui frissonnent.
Et si tu ne réponds pas,
Si rien en toi ne s’éveille,
Parce que mon cœur est las
Des jours aux autres pareils,
Tu prendras tout seul le train,
Et dans la nuit qui appelle,
Coupable de ton chagrin,
Je chercherai l’étincelle.
–