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Paul Eluard – Air vif


montage RC

J’ai regardé devant moi
Dans la foule je t’ai vue
Parmi les blés je t’ai vue
Sous un arbre je t’ai vue

Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l’eau et du feu

L’été l’hiver je t’ai vue
Dans ma maison je t’ai vue
Entre mes bras je t’ai vue
Dans mes rêves je t’ai vue

Je ne te quitterai plus.


Alain Leprest – J’ai peur


montage RC

J’ai peur des rues des quais du sang
Des croix de l’eau du feu des becs
D’un printemps fragile et cassant
Comme les pattes d’un insecte

J’ai peur de vous de moi j’ai peur
Des yeux terribles des enfants
Du ciel des fleurs du jour de l’heure
D’aimer de vieillir et du vent

J’ai peur de l’aile des oiseaux
Du noir des silences et des cris
J’ai peur des chiens j’ai peur des mots
Et de l’ongle qui les écrit

J’ai peur des notes qui se chantent
J’ai peur des sourires qui se pleurent
Du loup qui hurle dans mon ventre
Quand on parle de lui j’ai peur

J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur

J’ai peur du coeur des pleurs de tout
La trouille des fois la pétoche
Des dents qui claquent et des genoux
Qui tremblent dans le fond des poches

J’ai peur de deux et deux font quatre
De n’importe quand n’importe où
De la maladie délicate
Qui plante ses crocs sur tes joues

J’ai peur du souvenir des voix
Tremblant dans les magnétophones
J’ai peur de l’ombre qui convoie
Des poignées de feu vers l’automne

J’ai peur des généraux du froid
Qui foudroient l’épi sur les champs
Et de l’orchestre du Norrois
Sur la barque des pauvre gens

J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur

J’ai peur de tout seul et d’ensemble
Et de l’archet du violoncelle
J’ai peur de là-haut dans tes jambes
Et d’une étoile qui ruisselle

J’ai peur de l’âge qui dépèce
De la pointe de son canif
Le manteau bleu de la jeunesse
La chair et les baisers à vif

J’ai peur d’une pipe qui fume
J’ai peur de ta peur dans ma main
L’oiseau-lyre et le poisson-lune
Eclairent pierres du chemin

J’ai peur de l’acier qui hérisse
Le mur des lendemains qui chantent
Du ventre lisse où je me hisse
Et du drap glacé où je rentre

J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur

J’ai peur de pousser la barrière
De la maison des églantines
Où le souvenir de ma mère
Berce sans cesse un berceau vide

J’ai peur du silence des feuilles
Qui prophétise le terreau
La nuit ouverte comme un oeil
Retourné au fond du cerveau

J’ai peur de l’odeur des marais
Palpitante dans l’ombre douce
J’ai peur de l’aube qui paraît
Et de mille autres qui la poussent

J’ai peur de tout ce que je serre
Inutilement dans mes bras
Face à l’horloge nécessaire
Du temps qui me les reprendra

J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur
J’ai peur


Cécile Sauvage – Le vallon


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dessin perso  RC

 
Le cœur tremblant, la joue en feu, 
J’emporte dans mes cheveux 
Tes lèvres encore tièdes.
Tes baisers restent suspendus 
Sur mon front et mes bras nus 
Comme des papillons humides. 
Je garde aussi ton bras d’amant, 
Autoritaire enlacement, 
Comme une ceinture à ma taille.

Cécile Sauvage.


Joseph Brodsky – le torse


 

Lénine brisé  2565.JPG

photo perso: effigie de Lénine brisée,  environs de Vilnius  Europaparkos

 

Si tu parviens soudain à une herbe de pierre plus belle dans le marbre qu’en réalité,

ou si tu vois un faune qui s’ébat avec une nymphe,
et ils sont plus heureux en bronze qu’en rêve,
tu peux laisser glisser de tes mains lasses le bâton : tu es dans l’Empire, ami.
Air,     flamme,      eau,       faunes,        naïades et lions,
copies de la nature ou fruits de l’invention,
tout ce qu’a conçu Dieu, que le cerveau s’épuise à poursuivre,
est mué là en pierre ou en métal.
C’est le terme des choses, c’est, au bout du chemin,
le miroir où l’on peut entrer.

Mets-toi dans une niche vide, laisse filer tes yeux,
et regarde les siècles passer et disparaître au coin,
et la mousse envahir la jointure de l’aine,
et la poussière qui se dépose sur l’épaule, hâle des âges.
Quelqu’un brise le bras et la tête en craquant depuis l’épaule roulera.
Et restera le torse, somme sans nom de muscles.
Mille ans plus tard une souris habitant dans la niche,
griffe abîmée de n’avoir su faire sien le granit,
sortira un beau soir, trottinant, piaillant, au travers du chemin,
pour ne pas retourner dans son trou à minuit. Ni le matin suivant.

1972

(Traduit par Véronique Schiltz.)


Un corps à l’épreuve – ( RC )


 

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Montage perso 2016

 

Il y a quelque chose du désert,
là où tout s’arrête,
et même la mer,
coupée en deux,
se dresse, immobilisée.

Passé par le chas des ténèbres,
le corps reste extérieur,
une paroi invisible se tend
entre les espaces ;
Je n’arrive pas à les franchir .

Est-ce un astre noir,
qui absorbe la nuit entière,
et la défait ?
Le monde s’est échoué
à portée de main .

Mais c’est encore trop loin :
mes bras ont beau s’étendre ,
ils ne touchent rien.
Comme la parole dite : elle
se fige sur place, même avec un porte-voix .


RC – juin  2017

 

incitation:  une  création d’ Anna Jouy


Isabelle Pinçon – Celui qui était dans le lit


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Un cube descend sur le lit,
le lit n’est pas un lit,
ce qu’elle a fait avant,
une multitude de lettres,
des papiers sur lesquels elle s’endort,
des lignes de fuite,
des formes géométriques,
une peinture abstraite,
des costumes, quelque chose qui occupe le regard –
tu regardes, tu regardes celui qui était dans le lit -.

Elle regarde fixement au-dessus de la porte,
elle prend une tapette sur l’étagère,
elle lève le bras, elle reste immobile quelques secondes,
le regard toujours fixé,
elle frappe d’un coup,
elle frappe fort,
la chute verticale de la mouche,
elle a envie de se donner quelques tapes sur les fesses,
elle le fait, elle s’amuse.

Isabelle Pinçon    Celui qui était dans le lit


Yves Heurté – Magdala – 11


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peinture:  El Greco – Marie-Madeleine  en pénitence

 

La sentinelle se moquait :
« Ton amant couche au Golgotha.
Ne le réveille pas ».

Joie de nos guerres parfumées
plaisir de l’âme en tous les sens
montez à son calvaire !
Que sa souffrance saigne
à l’ivresse des souvenirs.

Ne m’oublie pas.
Toute beauté du monde
intacte est dans mes bras.


Shqipe Malushi – Le retour


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montage  perso  –  dec 2016

 
Le retour
O ma Terre O Terre mienne,
baignée de sang
Mes entrailles pétries
Dans les profondeurs de ton sol
Respirent de ton pardon.
O ma Terre O Terre mienne,
Enfantée de mon ventre
Lieu des innocentes douleurs,
Que pleures-tu, que pleures-tu sur l’âme
Qui est en moi ?
Ô ma Terre O Terre mienne
Tandis que le bras de mon bien-aimé
Enserre mon ventre,
Repoussant de ses doigts
A même ma peau,
Les hautes limites du sang,
Te voilà qui tonnes.
O ma Terre O Terre mienne,
Matrice de mon être intime
Tu respires
De ta propre boue,
Mes membres gagnent
Dans ton ventre la force de la pierre.
Ô ma Terre O Terre mienne,
Regarde,
La condamnation ne m’enchaîne plus,
Et Toi Ô ma Terre,

Tu respires au diapason De mon ventre,
Dans les profonds réveils,
Au seuil d’un nouvel enfantement.
O ma Terre, O mon Ventre.

 

Shqipe Malushi    est une  auteure de langue  alabanaise – ( Kosovo )

 

 


Gisela Hemau – Représentation


image: Terry LongAfficher l'image d'origine

 
REPRESENTATION

L’acrobate monte dans un coffret
Tout d’abord il faut être si petit
Qu’on y trouve de la place dit-elle et nous offre sa fourrure
Puis entre les bestioles du corps de la mort et des adieux
elle montre l’ascension de son propre bras
Nous sommes là pour la vue
Mais nous n’atteignons pas la montagne

Comme nous rétrécissons constamment la fourrure
où nous nous égarons est à la fin
une forêt impénétrable .

 

 

 

-Gisela Hemau traduction Rüdiger Fische

VORSTELLUNG

Die Akrobatin begibt sich
in ein schwarzes Kâstchen
Erst einmal muss man so klein sein
dass man hineinpasst
sagt sie und offeriert uns ihren Pelz
Dann zwischen Leib-
Tod- und Abschiedstierchen
zeigt sie
die Bergbesteigung
des eigenen Arms
Wir sind da weeen der Aussicht
Aber wir erreicnen den Berg nicht
Weil wir immerfort schrumpfen
ist der Pelz in dem wir verirrt sind
bis zum Ende
ein unpassierbarer Wald

 
Gisela Hemau Aufter Rufweite,
Kônigshausen & Neumann, Würzburg 2oo3


Au risque de l’aventure – ( RC )


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                                                     peinture:  G de Chirico:   deux masques  – 1926

 

 

Ici l’errance se paie,
lorsque tu te bandes les yeux.

Il n’y a pas d’obscurité douce…
Tu peux avancer tes doigts,

au coeur des buissons,
de la fourrure.

Gare aux blessures,
…à commencer par le coeur !

Je t’entendrai crier,
lorsque la créature
se détache du fond,

qu’elle signe la fin de la trève,
après la caresse,
et plante ses crocs dans la paume.

Des fouets de fer,
la coupure du verre,
le scalpel habile des mandibules,

ont raison de l’avancée
imprudente d’un bras,
d’une tête.

On ne sort pas entier
de cette jungle.
Elle pénètre dans la chair

avant même qu’on ne l’explore,
On y laisse quelque chose,
définitivement.

Et si ce n’est le sang,
déjà la raison s’égoutte ,

voracement aspirée,
par l’inconnu (e).

C’était le risque encouru
par l’aventure.

Avant d’être savourée,
il a fallu qu’elle goûte d’abord à toi.

RC – mars 2016


j’ai traduit tes paroles en formant des cercles concentriques – ( RC )


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Sans savoir que ton pied
marche sur l’eau sans s’y enfoncer,
c’était l’image du vent
agitant les saules
et les bras de la nuit
qui repoussent le jour.

Les pierres flottaient sur leur reflet
et c’était l’oeil de la lune,
soudain sorti du lac,
qui décrit ton contour,
sans pour autant
se répandre en mots.

Du récit du silence,
et des feuilles portées
par le mouvement :
un doux clapotis de vagues,
j’ai traduit tes paroles en
formant des cercles concentriques.

 » On m’a dit que les mots
se déposent en cercle
autour des pierres  » .

RC  – janv  2016

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Bras obscurs et songes flottants – ( RC )


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Le mystère a des bras obscurs,
qui confisquent les formes,
les mélangent ,sans qu’on sache bien comment,
dès que le soir grignote l’espace connu…

Alors l’humidité sourd des plantes,
qui se détendent du jour,
et laisse place aux créatures nocturnes.

Celles que l’on entend, et celles
que l’on imagine, abrités derrière
les paupières fermées des volets de bois,
la lune essayant de se faufiler par les fentes.

On essaie d’oublier ce qui se trame
de l’autre côté des murs,
en allumant l’électricité, dont la fixité rassure.

Mais il suffit d’une panne
pour que le quotidien bascule,
on ressort les chandelles, que l’on dispose ,
pointillés lumineux dans la pièce,

tremblotantes flammes, elles , éphémères,
sans doute effrayées, elles-aussi,
que le mystère de la nuit

envahisse l’intérieur, réagissant
au plus petit mouvement d’air,
– un pressentiment –
comme si celui-ci,

profitant de la plus petite brèche,
s’apprêtait à bondir
de l’autre côté des murs,

une protection si mince,
qu’on pourrait penser qu’ils puissent
se dissoudre aussi,tel un sucre
plongé dans un verre d’eau…

la porte ouverte à tous les possibles,
de ceux dont on n’a d’autre idée
que celle des songes flottants prenant soudain consistance .

RC- sept 2015


Gaspar Jaén i Urban – A l’amour actuel


Fontainebleau  chateau   escal  b                                                   photo perso … tirage argentique   1988

A l’amour actuel

De Del temps present /Du livre Du temps présent (Edicions Bromera, Alzira)

à J.V.P.

Je voudrais tant que tu sois tous ceux
Pour qui j’ai écrit une fois un poème,
Avoir vu avec toi des villes du Nord de l’Italie,
Des hivers, des automnes de l’Europe centrale,
Et lors des nuits rougies au feu, d’aube et de jasmin,
Avoir traversé avec toi d’anciennes routes
De palmes près de la mer,
D’oranges et de cyprès sur les lèvres.

Je voudrais tant que ce présent que tu es,
Plaisant et aimable aujourd’hui,
Vienne de très loin,
De ces années sans toi qui nous laissaient sur la peau
Des nuits d’écume et des étoiles,
Un perpétuel désir qui ne cessait jamais,
Une première jeunesse qui n’était pas consciente
D’être elle-même.

Mais je sais combien est inutile le désir qui m’habite
Dans cette nuit de pluie et de printemps
Qui fuira comme les autres.
D’autres amours étaient là, avant toi,
Et ont occupé la place que nous occupons maintenant,
Ainsi que nos pensées, nos bras,
Et notre bref présent.
Nous le savons sans le dire.
Nous n’avons besoin ni de faits ni de témoins.

Com voldria que fosses tots aquells
pels qui alguna vegada he escrit algun poema,
haver mirat amb tu ciutats del nord d’Itàlia,
hiverns, tardors a l’Europa central,
i, en nits de foc roent, d’albada i gessamí,
haver creuat amb tu antigues carreteres
amb palmes vora mar,
taronges i xiprers a frec de llavis.

Com voldria que el present que tu ets,
plaent i amable ara,
vingués de molt lluny,
d’uns altres anys sens tu que a la pell ens deixaven
nits d’escuma i estels,
un perpetu desig que no finia mai,
una joventut primera que no era conscient
de ser ella mateixa.

Mes sé com és d’inútil el desig que m’habita
en una nit de pluja i primavera
que haurà de passar com totes.
Altres amors t’han precedit
i han ocupat el lloc que ocupem ara nosaltres,
els nostres pensaments, els nostres braços,
el nostre breu present.
Ho sabem sense dir-ho.
No cal tenir dades ni testimonis.


Georges Vernat – Dämmerung ( crépuscule )


photographe non identifié

photographe non identifié

 

 

 

 

 

‘Il a senti son dos sa nuque se raidir
Ses bras se consteller de brunes moisissures
Il allait raide blanc dans les éclats de rire
Ses petits yeux mouillés plantés sur ses chaussures’

 

Georges Vernat  – Dämmerung    (de Juego y Libertad )

 

plus de renseignements  ?  :  voir  chez  Voxpoesi


Estelle Fenzy – Eldorado Lampedusa


 

 

 

 

 

Dans une

Poche cousue

Une photo des lettres

Délavées

Voix visages
Abrasés

De ce qui fut amour


Quelle est la faute

Si grande que

Les bras les cœurs
Les frontières

Se ferment


Andreas Altmann – visite


 

photographe  non identifié..

photographe non identifié..

La mémoire, quand elle renonce
à un souvenir l’un après l’autre,
devient aveugle à ses propres paroles.
Dans des pièces vides, en tâtonnant
le mur, qui te saisit les mains,
au-dessus des portes que tu n’ouvres pas,
tu avances vers la fenêtre.  Des regards,sombres
ou clairs, cèdent la place aux yeux.
A partir de bruits, la voix se façonne
qui ne franchira pas le seuil du
silence.  Encore une fois tu marches,
sans toucher le sol, à travers la maison.
la lumière a découpé des ombres
pour lesquelles, ici, il n’y a aucune explication.
Tu grattes profondément  les extrémités de tes doigts
quelqu’un te suit, les bras
croisés, avec ce regard en biais.  tu demandes
à rester plus longtemps.  devant le porche,
une auto attend. Son moteur démarre.

besuch

das gedächtnis, wenn es eine
nach der anderen erinnerung aufgibt,
erblindet an seinen worten.
in leeren räumen tastest du dich
an der wand, die deine hände ergreift,
über türen, die du nicht öffnest,
ans fenster. blicke, die dunkel
die hell sind, weichen den augen.
an geräuschen formt sich die stimme,
die nicht über das schweigen hinaus
kommt. noch einmal gehst du
mit bodenlosen schritten durchs haus.
licht hat schatten herausgeschnitten,
für die es hier keinen grund gibt.
du kratzt an den rändern die finger auf.
jemand folgt dir verschränkt
mit den armen, dem blick. du bittest,
noch länger zu bleiben. vor dem tor
wartet das auto. der motor springt an.

Andreas Altmann
© Rimbaud Verlag

 

 


Tu laisses courir l’eau vive – ( RC )


P0302807

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tu laisses courir l’eau vive

Et ne peux la retenir d’entre tes bras.

Il y a, au milieu, une barque qui n’attend pas.

Elle s’éloigne lentement des rives ,

 

Sans laisser rien à la surface.

Même le défilé des palais de la mémoire…

S’en rappelle comme les échos du soir –

Et sous les ponts, l’eau passe  ,

 

que l’embarcation, à peine,  ride  ;

Légère,  où la porte le courant…

Juste ce qu’il faut de la course du temps ;

….Et personne ne la guide .

 

Ainsi, de l’eau, les émois…

La rivière se nourrit de pluie .

Il a tant plu,  toi,  que l’oubli

Fait comme l’eau entre tes doigts .

 

Ils ont beau être agiles ;

Les rêves perdent leur consistance.

Il est une barque en partance;

Elle dérive au milieu de tes  îles…

 

RC  – oct 2014


Au 27 lumineux – ( RC )


Iris, photo personnelle, printemps 2011

Au matin, venu d’une nuit     à gestes longs
J’ai émergé de tes bras     au sourire blond.
Bercé de l’empreinte de ta souche
Venue verser la tendresse de ta louche.

Nous avons joint nos doigts d’écriture
Pour faire des duos fabuleux en lecture
De gestes enveloppants, nuées d’étincelles
Parsemés d’épices, de crème renversée, et de sel.

La nuit aurait pu t’absorber et diluer
Ton image, la chaleur de ton corps se muer
En mirage,   cendre d’imaginaire agacé
Fugace,  illusion       sitôt vue,  sitôt effacée…

Mais  le matin descendit du ciel, comme nacelle
Ton esprit me guide en pensée et au réel,
Toi,        statue sortie des fées électriques
Vœu de Pygmalion fleuri d’authentique.

Mais le temps    (au delà de la nuit)
Peut-il        – dans tout ce bruit
permanent ,         faire que se change
En ombre,           l’empreinte de l’ange ?

 

RC –  2011,      repris  en mai 2014

 

Pygmalionne à l’ancre de tes jets

Aux quatre vents des détroits de l’ouest
J’ai pris ton bras et retourné nos vestes
Il s’agissait avant tout que je peste
Contre les dits de couloirs de nos gestes
Tu m’as tournée contre toi d’un ton leste
Ne t’arrête pas de dessiner ta fresque
Car dans les vents il y a à Lambesc
Autant de joie que de vie ou de liesse.

Carnet privé

 —
  • A Pygmalionne, je fus ta sculpture
    Détaché d »anonymat, d’une belle aventure
    Je prends sens entre tes mains créatrices
    De la terre, de la glaise que tes mains pétrissent
    Contre dits, contre toi, bruits de couloir
    Moulé de tes mains chaudes en laminoir
    Fresque volume en liesse à tes vents
    D’autan en emportent tes gestes savants
    Que je prends vie, soudain, sous tes augures
    Et perds , en passant, mon armure.


Jean Joubert – temps immobile de cette pierre blanche


 

 

 

 

Temps immobile de cette pierre blanche,
si blanche,
où le regard s’enfonce
puis la main,
le bras,
tout le corps

jusqu’au cœur glacé du silence.

 

 


Aveuglé par les étés – ( RC )


éruption solaire – photo Nasa

 

Le soleil est si grand,
Qu’il tendra ses bras,
Et si à midi je meurs,
Ce sera bien au chaud,
Je lui rendrai ma vie,
J’oublierai la misère,
Ses jardins desséchés,
Et les côtés sombres,
Qui tentent d’échapper,
A la coulée de lumière,
Mais le soleil est    si grand,
Que ,    de la terre rebelle,
Il ne fera s’il le veut,
–   Qu’une bouchée,   mais
Je ne serai plus là,
Pour le voir,
>     Aveuglé par les étés.

 

RC

(texte inspiré par un poème  de Béa Tristan  « le soleil » )

 


Tu entends, sortilège ( RC )


dessin perso – Ko
——–

Tu entends  sortilège , oui c’est ce qui se passe en nous,
Ce qui traverse, et touche…
Et pourquoi la graine germe  dans la terre,
Et pourquoi la graine germe en nous?
et pourquoi notre regard est d’émotion.

Et pourquoi certains sont sensibles à certains  arts
ces arts,        ce que l’on pense tels…?   cette pâte  étalée sur la toile,
qui, -pour citer Denis:               » avant d’être un cheval de bataille,
une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane
recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées … »

Oui, mais l’ attouchement du hasard – d’un froissement une aile ou une feuille ,
venant à mon regard, et la lumière  d’un instant, qui rebondit jusqu’à moi…
que je fixe en photographie, l’instant fugitif,
Comme celui où le bras se lance, le pinceau affleure, et puis  se pose, virevolte…
—–>        Je le laisse faire, regardant ce qui arrive.         Ce geste est le mien…

RC  – 22 mai 2013

tu entends sortilège, ( cette expression ) est issue d’un article  récent de Lamber Sav, visible ici:http://aloredelam.com/2013/05/23/lingua-franca-ou-comment-sen-debarrasser/#respond


  • Lamber Sav j’aime bien tes dessins , c’est à la plume ?
  • Re Chab Non, au pinceau calligraphique
  • Re Chab  ( ils ne sont pas tous de qualité égale, mais il y en a des intéressants)… https://www.facebook.com/media/set/?set=a.605439832799455.1073741828.100000003307397&type=3  Et- comme le permet les sculptures, l’intérêt est de tourner autour… donc qq fois il y a plusieurs versions dessins de mêmes sculptures avec des angles différents

    Photo

    faites en gde majorité à partir des sculptures de Matisse fin 2009
    que je complète  avec  cet extrait de  « Oreiller  d’herbes  » de N Sôseki:visible  dans  « à fleur de mots… »
    Puisqu’il est difficile de vivre dans ce monde que l’on  ne peut quitter, il faut le rendre un tant soit peu confortable, afin que la vie éphémère y soit vivable, ne fût-ce qu’en ce laps de temps éphémère. C’est alors que se déclare la vocation du poète, c’est alors que se révèle la mission du peintre. Tout artiste est précieux car il apaise le monde humain et enrichit le cœur des hommes.Ce qui débarrasse de tout ennui ce monde, où il est difficile de vivre et projette sous vos yeux un monde de grâce, c’est la poésie, c’est la peinture. Ou encore, c’est la musique et la sculpture. Pour être exact, il ne s’agit pas de projeter le monde. Il suffit d’y poser son regard directement, c’est là que naît la poésie et c’est là que le chant s’élève. Même si l’idée n’est pas couchée par écrit, le son du cristal résonne dans le cœur. Même si la peinture n’est pas étalée sur la toile, l’éclat des couleurs se reflète dans le regard intérieur. Il suffit de contempler le monde où l’on vit, et de contenir, avec pureté et clarté, dans l’appareil photographique de l’esprit, le monde d’ici-bas, futile et chaotique. C’est pourquoi un poète anonyme qui n’a pas écrit un seul vers, un peintre obscur qui n’a pas peint une seule toile, sont plus heureux qu’un millionnaire, qu’un prince, que toutes les célébrités du monde trivial, car les premiers savent observer la vie, peuvent s’abstraire de toute préoccupation, sont en mesure d’entrer dans le monde de la pureté, de construire l’univers unique et de balayer les contraintes de l’égoïsme.

     

    Soseki Natsume, Oreiller d’herbes, 1906 (trad. R. de Ceccatty, Rivages, 1987)


Charles Dantzig – encyclopédie capricieuse du tout et du rien ( extrait)


Photo Marc Baptiste (détail)

 

 

Je lis à bord d’un avion d’Air France me transportant à Biarritz, et j’ai à mon côté, occupant le tiers de ma vision droite, un bras qui m’intéresse plus que mes remarques. Bras adolescent, nu depuis l’épaule ronde. La peau est brunie par le soleil, d’une teinte cuivrée. Fine, sans un grain de beauté, une verrue, une cicatrice. Il faut qu’un dieu se soit mêlé de la dérouler en la lissant sur la chair. Afin de l’humaniser, d’éviter qu’elle ne se fasse marbre, il l’a parsemée d’un duvet blond. Après la dépression de l’épaule, la truite du biceps frémit : tout mol qu’il semble, il a sa fierté. De temps à autre, la tête lui appartenant remue un rideau de cheveux à la façon d’un setter. Ils sont mi-longs, lourds comme s’ils avaient été mouillés, châtains. Le prodige de ce corps est le bras. Le dieu qui l’a moulé a pu avoir la cruauté d’atrophier l’autre, car les dieux sont si méchants qu’ils rendent impossible toute perfection dans l’homme.

Ils envient sa grandeur, qui est dans son imperfection

 

In « Encyclopédie capricieuse du tout et du rien »

 

ce lien  conduit à une page  d’Arte TV, dans lequel un fil mène à une  interview  de Ch Dantzig

 

d’autre part on trouve cet extrait dans le  blog  d’Oceania55, comportant des écrits bien sympathiques.

 

 

 


Tendre le bras vers les étoiles ( RC )


 

 

 

S’il y a du souffle et de la poussière
Pour tendre le bras vers les étoiles
Modifiant tout à coup l’équilibre planétaire
La trajectoire des corps, mettant les voiles

La tête au milieu des nébuleuses
Le ciel s’est enflé de lumière violette
Echo d’Orion vers Betelgeuse
Du fracas d’une comète

A la verticale de l’été
Au fond de tout ce noir
Pour perdre ses droites allées
Et la lumière de l’espoir

Le matin confisque son charme
Dans de lointains obscurs
Habités par les larmes
– pour une autre aventure –

Je ne sais pas si tendre les bras suffit
A jouer avec les astres
Aveuglé, je ne vois que la nuit
Et du matin qui s’en va,… le désastre…

RC  – 2 février 2013

 


François Corvol – Parfois il entre dans la maison


photo Beatrice Helg,      rencontres  photographiques  d’ Arles   2006

 

 

Parfois il entre dans la maison

Parfois il entre dans la maison, je l’entends
dans les combles gratter le bois déplacer les grains
est-ce un mulot un loir une pensée je vois
les araignées tisser les toiles pour le retenir
le chat lever un œil, la chambre se tiédir je l’entends
parfois cet air habité ce vent venu de loin
des calottes polaires des bouches inconnues
il veut faire partie de la demeure, il veut le couvert
la chaise le versant, il investit les lieux
puis repus retourne d’où il est venu, nous laissant
démunis les bras nus

 

 

 

 

29 février 2012


Amandine Marembert – doigts d’un peigne


photo: Van der Keuken             Johann Jake avec Elise 1961

Un petit garçon un peu silencieux  d’Amandine Marembert,   est  publié aux éditions Al Manar.


il prend ma main penche la tête vers le sol pour que je lui caresse les cheveux
mes doigts sont les dents d’un peigne démêlant l’écheveau des phrases tues

Est-ce que des mouvements de bras de mains d’épaules suffisent à remplacer certaines paroles ?
les peaux savent-elles vraiment parler un tissu ponctué par les seuls grains de beauté


Patricia Ahdjoudj – La nuit a d’étranges frissons


 

 

peinture perso. Partie de dyptique

 

 

 

La nuit a d’étranges frissons

Qui vous laissent les larmes aux yeux

 

L’amour a d’étranges secondes

Qui vous laissent la glace au cœur

 

Ses mains ont d’étranges audaces

Qui me laissent le cri aux lèvres

 

Sa voix a d’étranges caresses

Qui me laissent la fièvre au corps

 

Le ciel a d’étranges tendresses

Qui vous laissent les bras tendus.


Ismail Kadaré – Monologue du Solitaire


Ismail Kadaré   est plus  connu pour ses romans ( le Grand Hiver, Avril Brisé….)… que pour son oeuvre poétique…

voila une se ses créations…

 

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Je m’élève et m’éloigne mais n’en éprouve aucune

jouissance.

Me voici seul et j’ai encore plus froid.

Je m’en doutais, mais ma fatale impatience

Me pressait vers ce ciel ingrat

Comme ramassés à la morgue, des bras de femmes sans vie

Me dispensent une joie tout aussi glacée.

Je me sens en hiver, même si nous sommes déjà en avril.

J’ai froid,

Oh, j’ai froid

 

 

photo : -- Sheila Metzner