
photo perso – le Villaret septembre 2013
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Allons retrouver les jours,
Et entr’ouvrir les volets,
Pour laisser guider nos pas,
Loin des chapelles à l’oeil de tristesse,
Closes sur elle-mêmes,
Il y a plein de voies, –
Qui sait où elles nous mènent ?
Qui sillonnent l’étendue,
Où se multiplient les possibles,
Bien sûr gardés du secret des herbes,
–
….Peut-être qu’elles se perdent en brousse,
Ou se rétrécissent soudain,
Comme le végétal se referme lentement,
Sur les chemins oubliés,
De trajectoires mortes.
–
Mais la plupart persévèrent,
Et délaissent l’oubli, et l’ignorance,
Pour s’élancer, contourner blocs et falaises,
Ou, passent, en brèches de lumière,
Malgré clôtures et frontières de béton.
–
Alors, tu seras attentive,
Ne te limitant pas à la course des jours,
Mais aux lendemains offerts,
Qui éclosent même,
A l’intérieur.
-Si tu gardes tes paupières scellées.
—
et donc le texte original de Nathalie Bardou
———–La paupière attentive à la course lente des jours
A retrouver la langue vivante
Des herbes,
Se déceinturent les crépuscules.
Des brèches de lumière inaudible
Tracent les chemins abondants
De l’ignorance,
Soin porté à l’égarement.
Alors que des chapelles à l’oeil ovale
Reçoivent, Dépouilles de tristesse,
Et ouvrent leurs toits de braise
Aux chants des forêts ,
Une femme marche , la paupière attentive
A la course lente des jours.
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09/24/2013 | Catégories: d'images, photography, ping-pong ( = deux auteurs en dialogue), self creation | Tags: égarement, brousse, chabriere, chapelle, frontières, Nathalie Bardou, oeil, pas, tristesse | Poster un commentaire

Lettre à un prisonnier
Léopold Sédar SENGHOR Recueil : « Hosties noires »
Ngom ! champion de Tyâné !
C’est moi qui te salue, moi ton voisin de village et de cœur.
Je te lance mon salut blanc comme le cri blanc de l’aurore, par dessus les barbelés
De la haine et de la sottise, et je nomme par ton nom et ton honneur.
Mon salut au Tamsir Dargui Ndyâye qui se nourrit de parchemins
Qui lui font la langue subtile et les doigts plus fins et plus longs
A Samba Dyouma le poète, et sa voix est couleur de flamme, et son front porte les marques du destin
A Nyaoutt Mbodye, à Koli Ngom ton frère de nom
A tous ceux qui, à l’heure où les grands bras sont tristes comme des branches battues de soleil
Le soir, se groupent frissonnants autour du plat de l’amitié.
Je t’écris dans la solitude de ma résidence surveillée – et chère – de ma peau noire.
Heureux amis, qui ignorez les murs de glace et les appartements trop clairs qui stérilisent
Toute graine sur les masques d’ancêtres et les souvenirs mêmes de l’amour.
Vous ignorez le bon pain blanc et le lait et le sel, et les mets substantiels qui ne nourrissent, qui divisent les civils
Et la foule des boulevards, les somnambules qui ont renié leur identité d’homme
Caméléons sourds de la métamorphose, et leur honte vous fixe dans votre cage de solitude.
Vous ignorez les restaurants et les piscines, et la noblesse au sang noir interdite
Et la Science et l’Humanité, dressant leurs cordons de police aux frontières de la négritude.
Faut-il crier plus fort ? ou m’entendez-vous, dites ?
Je ne reconnais plus les hommes blancs, mes frères
Comme ce soir au cinéma, perdus qu’ils étaient au-delà du vide fait autour de ma peau.
Je t’écris parce que mes livres sont blancs comme l’ennui, comme la misère et comme la mort.
Faites-moi place autour du poêle, que je reprenne ma place encore tiède.
Que nos mains se touchent en puisant dans le riz fumant de l’amitié
Que les vieux mots sérères de bouches en bouche passent comme une pipe amicale.
Que Dargui nous partage ses fruits succulents – foin de toute sécheresse parfumée !
Toi, sers-nous tes bons mots, énormes comme le nombril de l’Afrique prodigieuse.
Quel chanteur ce soir convoquera tous les ancêtres autour de nous
Autour de nous le troupeau pacifique des bêtes de la brousse ?
Qui logera nos rêves sous les paupières des étoiles ?
Ngom ! réponds-moi par le courrier de la lune nouvelle.
Au détour du chemin, j’irai au devant de tes mots nus qui hésitent. C’est l’oiselet au sortir de sa cage
Tes mots si naïvement assemblés ; et les doctes en rient, et ils ne restituent le surréel
Et le lait m’en rejaillit au visage.
J’attends ta lettre à l’heure ou le matin terrasse la mort.
Je la recevrai pieusement comme l’ablution matinale, comme la rosée de l’aurore.
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A lire aussi de L S Senghor; son élégie à Martin Luther-King
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05/26/2012 | Catégories: Afrique, auteurs étrangers, d'images, les arts nous parlent, poètes connus | Tags: Afrique, amour, ancêtres, étoiles, barbelés, brousse, caméléon, destin, flamme, haine, identité, Leopold Sédar Senghor, masques, misère, mort, négritude, paupières, police, sottise | 1 commentaire

Photo perso..; Tiebele, chefferie de Guénon, Burkina-Faso
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( impressions d’un cheminement dans le temps décalé : en Afrique Noire )
Suivant l’âne et Charles avec sa carriole
Le chemin se serpente à travers la brousse
Et l’après-midi file à l’ombre épaisse des manguiers
Jusqu’aux portes des concessions
Eparses dans les champs craquelés de sec
Les histoires de la vie quotidienne
Les échos d’une fête lointaine
Dans la matière palpable de la nuit
Se sentir ailleurs – et sentir l’ici
D’autres usages d’un temps
Sans électricité et artifices
Sous les étoiles si pures
Qu’on pourrait relier en touchant du doigt
Par quelques années lumières
En rencontres possibles des mondes et galaxies
Sentir ailleurs – l’ existence dans le hasard.
Sentir l’ailleurs ici, à cheval sur un présent
Et des traditions millénaires
Ouvertes aux végétaux de majesté
Et l’occident – improbable
D’abstraction , à capturer la fatalité
Et la poussière d’espaces
En espoir de pluie nourricière.
Destin de saisons et d’inéluctable
Sous la voûte des tropiques
Et l’arbre à palabres.
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RC 20-mai 2012
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05/21/2012 | Catégories: photography, self creation | Tags: ailleurs, arbre, électricité, épaisseur, étoiles, brousse, chabriere, concession, espace, galaxie, manguiers, occident, palabre, palpable, végétaux | Poster un commentaire